La rédaction
Cette série de cas sera publiée dans la revue Frontiers in Nutrition, dans un prochain numéro spécial consacré à l'alimentation comme médicament et édité par l'American College of Lifestyle Medicine, une organisation professionnelle médicale qui forme et informe sur la façon d’« éradiquer la cause profonde des maladies chroniques ». Cette publication présente trois cas de patientes atteintes d'une maladie auto-immune chronique qui ont montré une amélioration remarquable de leurs symptômes après avoir adopté un régime alimentaire principalement cru, riche en légumes, en crucifères et en acides gras oméga-3.
Atteintes de lupus érythémateux systémique et du syndrome de Gougerot-Sjögren, ces patientes ont suivi un protocole nutritionnel appelé « protocole de récupération rapide » (lire plus bas) et ont déclaré que presque tous leurs symptômes avaient disparu après seulement quatre semaines d’application de ces changements alimentaires. Parmi ces trois personnes, deux d’entre elles ne ressentent plus aucun symptôme depuis plus de six ans, et ce sans prise récente de médicaments.
La docteure Brooke Goldner, auteure principale de l’étude (et elle-même exempte de symptômes de son lupus depuis plus de dix-huit ans, ce qu'elle attribue à son protocole nutritionnel qu’elle détaille dans ses best-sellers Goodbye Lupus et Goodbye Autoimmune Disease), trouvait qu’il y avait trop peu d’études sur le potentiel thérapeutique de ce type de régime alimentaire dans le cadre des maladies auto-immunes. Or « les améliorations spectaculaires des symptômes et de la qualité de vie signalées par les trois patientes de cette série de cas démontrent », selon elle, ce qu’elle constate chaque jour dans sa pratique, à savoir « que les maladies auto-immunes peuvent s'améliorer rapidement avec une nutrition optimale ».
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Les patientes présentées dans la série de cas ont suivi un protocole nutritionnel strict et personnalisé principalement végétarien appelé « protocole de récupération rapide » (ou Rapid Recovery Protocol, RRP an anglais), développé par la Dr Goldner et éliminant tous les aliments transformés. Ce protocole nutritionnel partage des similitudes avec un régime végétarien à base d’aliments complets mais se concentre sur des aliments « principalement crus », avec une consommation importante de légumes-feuilles, de crucifères et d'acides gras polyinsaturés de type oméga-3 (comme ceux que l’on trouve dans les graines de lin ou de chia entières et moulues ainsi que dans l’huile de lin pressée à froid), et sur le fait de bien s’hydrater. Ce régime compte également des points communs avec d’autres régimes d’exclusion conseillés en cas de maladie auto-immune, comme le régime Seignalet (qui toutefois déconseille, par prudence, les légumineuses en cas de lupus) ou ses dérivés contemporains : le régime Wahls ou le protocole auto-immun (AIP).
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Une fois la rémission obtenue, les patientes ont entamé une « phase d’entretien » et ont pu incorporer des aliments végétaux cuits, ainsi que davantage de fruits, de noix, de graines et de grains entiers.
En publiant ces trois cas cliniques, la spécialiste espère que patients comme médecins auront une « plus grande reconnaissance » du rôle fondamental de l’alimentation « en tant que médicament et comme option de traitement du lupus érythémateux disséminé et du syndrome de Gougerot-Sjögren ». Elle invite d’ailleurs d’autres chercheurs à joindre leurs efforts aux siens afin de publier plus d’études à ce sujet.
En effet, si cette série de cas de patients est très encourageante, elle n’en reste pas moins le degré de preuve le plus bas en recherche médicale et devra donc être confirmée par des études plus élaborées avant de pouvoir être systématiquement recommandé aux patients atteints de ces pathologies. En attendant, il est plutôt réjouissant de lire les témoignages enthousiastes de ces trois patientes (lire l’encadré ci-dessous).
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La publication de l'étude s’accompagne de celle des récits personnels des trois patientes qui ont décrit, avec leurs propres mots, leur expérience de rémission.
La première patiente, âgée de 40 ans, à qui on a diagnostiqué un lupus alors qu'elle était enceinte de neuf mois, ressentait, depuis 2010, des symptômes comme de la fatigue, une sensibilité extrême à la lumière du soleil et des douleurs aux jambes qui l'obligeaient à passer une grande partie de la journée allongée. Après avoir entamé le protocole en 2017, ses douleurs articulaires se seraient dissipées en quelques semaines et elle pouvait à nouveau profiter du soleil. « La chose la plus excitante pour moi, c'est quand j'ai réalisé que le fait d'être exposée à la lumière directe du soleil ne faisait pas mal à ma peau », déclare-t-elle. « Je n'oublierai jamais la sensation d'aller à la plage deux mois après l'accouchement et de profiter de la chaleur du soleil sur mon visage et mon corps. »
La seconde patiente, une éducatrice de 54 ans, présentait une photosensibilité, des éruptions cutanées, une fatigue constante et des inflammations articulaires. On lui diagnostique d’abord un lupus, puis un syndrome de Gougerot-Sjögren. Avant de commencer le protocole, elle était fréquemment hospitalisée pour une pleurésie (une inflammation du tissu séparant les poumons et la paroi thoracique) et souffrait d'une sécheresse buccale sévère qui rendait difficile l'alimentation. Elle souffrait de brouillard cérébral et craignait de souffrir d'une maladie d'Alzheimer précoce. Après avoir terminé le protocole, elle a déclaré : « Je peux marcher partout. Je peux jouer avec mes enfants, je peux me souvenir de choses et je n'ai pas besoin de tout écrire. Je peux écrire, envoyer des SMS et je ne prends plus d'analgésiques. »
La troisième patiente, une enseignante de 45 ans mère de quatre enfants, souffrait d'un grave brouillard cérébral, d'une fatigue débilitante, de douleurs nerveuses, de grains de sable dans les yeux et de plaques de peau douloureuses, comme si elles avaient été brûlées par le soleil, entre autres symptômes. Ses troubles apparaissent en 2003. Après une très longue errance médicale et une variété de traitements peu efficaces, le diagnostic de lupus érythémateux tombe officiellement quatorze ans plus tard, en 2017. Après avoir entamé le protocole en 2021, elle déclare avoir vu bon nombre de ses symptômes disparaître en quelques semaines. « Je pouvais veiller tard », détaille-t-elle avec enthousiasme. « Je ne suis plus fatiguée. Mes douleurs cutanées et articulaires ont disparu. Je n'avais plus la nausée. »
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