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Nodules, Hashimoto, Basedow et autres maladies thyroïdiennes auto-immunes : la brunelle au secours de votre thyroïde ?

Dans l’accompagnement des troubles thyroïdiens, il n’est pas toujours facile de trouver une solution satisfaisante. La brunelle, une plante commune sous nos latitudes, est largement utilisée en médecine chinoise pour divers dysfonctionnements de cette glande. Les études récentes tendent de plus en plus à confirmer ses bienfaits dans ce domaine, qu’elle soit utilisée seule ou combinée à des traitements conventionnels.

Carole Minker

La brunelle (Prunella vulgaris) est une plante médicinale et comestible qui appartient à la famille des Lamiacées, comme la menthe ou la sauge (1). Elle pousse spontanément et abondamment dans nos prairies.

Elle est traditionnellement utilisée sous forme d’infusion ou de gélules dans le traitement de nombreuses affections, notamment en médecine traditionnelle chinoise (MTC) – où on l’appelle Xia ku cao. Dans les 998 recettes phytothérapeutiques de MTC répertoriées pour traiter les maladies thyroïdiennes, 65% d’entre elles contenaient de la brunelle (2) !

Dans les pays européens, l'usage médicinal de la plante est repertorié dans des herbiers du 16 ème siècle et recommandé par Sainte Hildegarde Bingen dès le 12ème siècle comme l'expliquent dans cet article nos confrères de Plantes & Santé.

Les différents troubles de la thyroïde :

  • Une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie : il s’agit d’un sous- ou sur-fonctionnement de cette glande, avec des taux d’hormones thyroïdiennes considérés comme anormaux ;
  • Un gonflement (goître) pouvant être diffus ou lié à la présence de nodules, généralement bénin, et pas forcément associé à une hypo- ou hyperthyroïdie (son fonctionnement peut être normal). Le goitre thyroïdien est l’affection thyroïdienne la plus courante ;
  • Une thyroïdite (inflammation de la thyroïde) pouvant être due à une infection virale ou bactérienne. La thyroïdite virale subaiguë (appelée aussi thyroïdite de Quervain) entraine une hypothyroïdie chronique dans 5 à 15% des cas. Toutefois, la majorité des thyroïdites est causée par une maladie auto-immune (voir ci-dessous) ;
  • Une maladie auto-immune : le corps produit des anticorps qui s’attaquent à la thyroïde. On peut citer la thyroïdite d’Hashimoto qui peut aboutir à la longue à une hypothyroïdie chronique , ainsi que la maladie de Graves-Basedow, une hyperthyroïdie.

Les dysfonctionnements thyroïdiens sont rarement mortels, mais ils causent des troubles endocriniens, métaboliques et immunologiques, pouvant engendrer de grands inconforts. Or diverses études ont démontré le sérieux potentiel de la brunelle pour améliorer l’immunité et protéger les organes (3).

Goitre, nodules et thyroïdite virale

La brunelle est un traitement traditionnel du goitre thyroïdien et de la thyroïdite virale subaiguë dont elle réduit les manifestations douloureuses (4). Elle agirait notamment via des actions anti-inflammatoires et modulatrices de l’immunité.

Dans une méta-analyse de 9 études cumulant 499 patients atteints de goître nodulaire ou de thyroïdite, on a comparé les effets de la brunelle à ceux du traitement classique. Les résultats ont montré que le traitement à base de brunelle avait une efficacité clinique significativement supérieure au traitement classique, et avec des résultats fiables (5). Elle a même permis de réduire la consommation de prednisolone (médicament antiinflammatoire à base de corticoïdes) chez des patients présentant une thyroïdite subaiguë , permettant un traitement efficace et sûr de cette affection (6).

Une autre méta-analyse de 13 études cliniques incluant 1468 patients a montré que l’association de la brunelle avec de la lévothyroxine est plus efficace sur les nodules thyroïdiens que la lévothyroxine seule. Elle améliore la symptomatologie, réduit le diamètre des nodules et diminue la fréquence des effets indésirables (7).

Maladie auto-immunes

Il n’est pas toujours facile de savoir quoi faire lorsque les analyses sanguines révèlent des auto-anticorps antithyroïdiens, situation qui ne donne pas toujours lieu à traitement par la médecine. Là encore, la brunelle exerce ses bienfaits dans le cas de plusieurs maladies auto-immunes thyroïdiennes.

  • Thyroïdite d’Hashimoto

La brunelle dispose de nombreuses preuves documentées de son efficacité pour la prise en charge de la thyroïdite d’Hashimoto (8). Les méta-analyses d’études cliniquesmontrent que, dans ce cas de figure, combiner la brunelle avec la lévothyroxine permettait d’améliorer l’efficacité du traitement, avec notamment une normalisation de la fonction thyroïdienne et du niveau d’anticorps, une diminution du volume thyroïdien et des nodules et une amélioration des symptômes clinique comme la fatigue ou l’intolérance au froid (9).

Les principaux composés responsables de son action bénéfique sur les thyroïdites d’origine auto-immune ou virale seraient des flavonoïdes et des phytostérols aux vertus anti-inflammatoires et anti-apoptotiques (empêchant le suicide des cellules thyroïdiennes saines sous l’attaque des anticorps antithyroïdiens) (4, 10, 11).

  • Maladie de Graves-Basedow

La brunelle participe également à la prise en charge traditionnelle de la maladie de Basedow en MTC. Un modèle animal de cette affection a mis en évidence que la plante pourrait restaurer un bon équilibre dans les différentes sous-populations de lymphocytes T (une sous-catégorie de globules blancs) dans la thyroïde (12). Elle y réduit aussi le stress oxydatif et l’inflammation (13). Ceci explique probablement au moins en partie les résultats d’une méta-analyse conduite sur 2828 patients atteints de la maladie de Basedow : parmi tous les traitements de MTC testés, la brunelle s’est révélée la plus efficace pour réduire les hormones T3 et T4 (14) ainsi que les auto-anticorps antithyroïdiens (TPO et Tg) (15).

Une plante à haut potentiel… à confirmer dans le futur

Bien qu’elle ait un effet bénéfique certain sur différentes affections de la thyroïde, les mécanismes d’action de la brunelle ne sont pas tous élucidés. Outre ses effets antioxydants, immunitaires et anti-inflammatoires, la plante possède d’autres propriétés (antivirales, neuroprotectrices, antitumorales, hypoglycémiantes, anti-oestrogènes) qu’il reste à mieux cerner. Même si elle semble sûre d’emploi sur le long terme (16), il sera donc nécessaire de pouvoir disposer d’études cliniques au long cours fiables dans le futur, utilisant la brunelle seule, et non pas associée à d’autres plantes.

En attendant, il est indispensable de se faire accompagner par un endocrinologue pour envisager une prise en charge avec la brunelle et adapter les posologies du traitement prescrit le cas échéant.

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