Méthodes vidéos

« Dry needling » : pour soulager la douleur et faciliter la récupération

Le « dry-needling », ou puncture physiothérapique avec aiguilles sèches (PPAS), fait son chemin dans l’hexagone au sein des cabinets de kinésithérapie. Bien que ressemblant à l’acupuncture, le dry-needling repose non sur les méridiens de la médecine traditionnelle chinoise mais sur le système des « points-gâchettes » ou trigger-points, pour soulager principalement les douleurs articulaires et musculaires, ou encore les céphalées.

Jean-Pierre Giess

Bien implanté en Suisse et au Canada notamment, le dry needling se définit comme un prolongement de la thérapie manuelle des trigger points, ou points gâchettes. Au lieu d’exercer une simple pression manuellement, les pionniers de la discipline qu’ont été notamment Janet G. Travel et Yun-Tao Ma dans les années 1980, ont préféré piquer le point opportun à l’aide d’une fine aiguille (souvent les mêmes utilisées en acupuncture), à une profondeur qui dépend du mal à traiter — de quelques millimètres sous la surface de la peau jusqu’à l’intérieur d’un muscle. Contrairement à l’acupuncture, qui cible plutôt des « systèmes » organiques entiers via les méridiens, le dry-needling est aujourd’hui plus proche de la compréhension anatomique de la médecine occidentale , et se focalise donc davantage sur l’endroit même de la douleur. Même si le traitement de celle-ci peut aussi, quelques fois, être effectué via un site corporel différent.

[lireaussi:8039]

Dry-needling : comment ça marche ?

L’objectif de la piqure est ici de stimuler la zone douloureuse, afin de désactiver les points de tensions et de calmer l’inflammation . L’aiguille n’engendre généralement pas de douleur, mais provoque une réaction musculaire qui peut s’apparenter à un spasme, instantané ou qui dure quelques poignées de secondes, à la manière d’une crampe. Il s’agit, en fait, de la contraction brève et vive du faisceau musculaire en souffrance . On laisse l’aiguille en place selon la réaction observée, pendant quelques secondes seulement ou jusqu’à quelques minutes si le muscle tarde à se relâcher. La thérapie par aiguille sèche semble particulièrement pertinente dans les situations de douleurs chroniques, liées notamment à des contractures persistantes (lombaires et cervicales entre autres) ou des tendinopathies dont les médicaments ou les manipulations habituelles ne viennent pas à bout.

Le syndrome myofascial, à l’origine de bien des errements thérapeutiques, est l’une des formes les plus « enkystées » de ce type de douleurs musculo-squelettiques profondes et constantes. La puncture par aiguilles sèches semble particulièrement adaptée (1) au traitement de ce syndrome (y compris lorsqu’il touche l’articulation temporo-mandibulaire) ; l’aiguille produit dans le muscle douloureux des microlésions et une vasodilatation propres à induire une réaction inflammatoire contrôlée, cette dernière favorisant la réparation des tissus et la désactivation du trigger-point associé. Dès lors, le patient retrouve généralement souplesse et amplitude après une ou plusieurs séances, ce qui lui permet aussi d’inscrire l’amélioration dans la durée, grâce à des exercices d’étirement ou de renforcement auxquels il ne pouvait s’adonner auparavant. Les effets indésirables les plus courants sont des hématomes locaux autour des points de piqure.

Des études plutôt favorables

D’assez nombreuses études (2) ont déjà été conduites sur le sujet du dry-needling. Les plus rigoureuses vont, pour les douleurs musculo-squeletiques en général, dans le sens d’une efficacité plutôt légèrement supérieure à l’absence de traitement, à un traitement par aiguilles sèches simulé (placebo) ou à d’autres thérapies de réduction de la douleur habituelles. En revanche, pour certaines douleurs plus spécifiques telles que certaines cervicalgies ou le syndrome myofascial, la technique semble bien tirer son épingle du jeu. Un professionnel sera à même de vous dire si cette technique est indiquée pour les douleurs que vous rencontrez. Sur le terrain, les patients ayant bénéficié de la technique du dry-needling sont en général plutôt convaincus et la préfèrent à la thérapie manuelle.

Une pratique qui se développe

En France, la formation au dry-needling est dispensée aux masseurs kinésithérapeutes qui le souhaitent par la Société Française de Dry Needling ( SFDN) ; elle donne lieu à une certification à l’issue d’un cursus d’une cinquantaine d’heures. Si ce schéma est à peu près semblable dans les autres pays, certains restent réticents à autoriser cette technique ; aux États-Unis par exemple, 5 états l’interdisent encore au motif qu’il existe un risque d’endommagement accidentel d’un nerf, mais aussi à cause d’un manque de « standardisation » dans la formation, potentiellement préjudiciable aux patients. C’est pourquoi une très bonne connaissance anatomique est nécessaire et que, dans l’hexagone, la SFDN a publié en 2019 des directives pour une pratique sécurisée du Dry Needling.

En tout cas, que ceux qui n’aiment pas les aiguilles, en particulier lorsqu’elles sont enfoncées profondément, se rassurent ; on peut très bien profiter du dry-needling « de surface », dit superficiel, le praticien se contentant alors de travailler au niveau des terminaisons nerveuses cutanées et des fascias, à seulement 3 ou 4 millimètres de profondeur.

Aller plus loin :

Site de la SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE DRY-NEEDLING (SFDN)

En savoir plus