Carole Minker
En Asie, la racine de ginseng est traditionnellement utilisée pour la prévention des maladies métaboliques, cardiovasculaires ou du système nerveux (anxiété, dépression) (1).
Un article publié en juin 2024 fait la synthèse des actions antioxydantes du ginseng révélées dans les études animales et chez l’humain. Lesdites actions sont principalement attribuées aux ginsénosides, au nombre de deux cents (2) dans le ginseng, soit plus que dans les autres espèces de Panax étudiées. Actuellement, la recherche fait des progrès sur les effets neuroprotecteurs de ces molécules.
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Les ginsénosides sont puissamment antioxydants : cela signifie qu’ils luttent notamment contre les dommages que font subir les radicaux libres aux protéines et à l’ADN des cellules nerveuses du cerveau, mais aussi aux composés lipidiques qui constituent 70 % du cerveau. Ces effets antioxydants – mais aussi des effets anti-inflammatoires, antitumoraux et antiapoptotiques (c’est-à-dire luttant contre le suicide des cellules nerveuses saines) – participent à la protection des neurones. C’est ainsi que les ginsénosides contribuent à protéger l’organisme contre les maladies neurologiques aiguës (AVC) et chroniques (Alzheimer, Parkinson).
Que deviennent les ginsénosides une fois ingérés ? Le microbiote intestinal joue certainement un rôle crucial dans leur transformation, leur absorption et leur action (3). Les ginsénosides principaux sont décomposés par le microbiote intestinal, par un processus de fermentation.
Perdant un sucre, ils sont transformés en une molécule appelée « composé K », qui est bien mieux absorbée à travers la membrane intestinale que les composés d’origine. Atteignant plus facilement la circulation sanguine générale, le composé K est donc plus à même d’exercer ses fonctions dans le corps. Neuroprotecteur, il améliore la cognition et diminue les biomarqueurs inflammatoires dans les modèles animaux de la maladie d’Alzheimer et de l’ischémie cérébrale (privation d’oxygène dans le cerveau). Ce composé semble donc permettre de prévenir les maladies neurodégénératives (4).
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Deux solutions pour profiter au mieux des bénéfices du ginseng : avoir un microbiote intestinal en bonne santé et/ou privilégier des extraits de ginseng déjà fermentés, comme il en existe dans le commerce et dont il a été prouvé qu’ils sont sûrs et bien tolérés (5, 6).
Certains laboratoires proposent du ginseng fermenté sous forme de compléments alimentaires, et les études scientifiques en confirment l’intérêt : la fermentation du ginseng par Lactobacillus brevis (7), Lactobacillus paracasei et même Saccharomyces cerevisiae (la levure de bière) (8) permet de produire suffisamment de composé K pour que celui-ci augmente significativement dans le sang (9). À défaut de ginseng déjà fermenté, vous pouvez donc vous complémenter avec ces probiotiques pour accroître l’efficacité du ginseng.
Ces résultats confirment une nouvelle fois l’intérêt du ginseng dans la prévention et l’accompagnement des maladies neurodégénératives, avec l’information supplémentaire que son efficacité est conditionnée par la fermentation des ginsénosides.
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