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Maladies auto-immunes : le protocole auto-immunité (AIP)

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Article paru dans le journal nº 123

Et s’il était possible de soulager de façon naturelle les maladies auto-immunes et les inflammations chroniques ? C’est le pari que veut relever le protocole auto-immunité ou AIP. Protocole, car outre être un régime alimentaire d’exclusion-réintroduction, il se voit aussi comme un véritable style de vie. Un zoom s’impose.

Dans les régimes d’exclusion déjà nombreux (Seignalet, Fodmap, Wahls, Paléo, Gaps…), il faut ajouter le « protocole auto-immunité », ou AIP pour Auto Immun Protocol, en anglais. Comme son nom l’indique, il est spécialement pensé et conçu pour les personnes atteintes d’une ou plusieurs maladies auto-immunes. Pour comprendre le contexte de l’émergence de ce protocole spécifique, mais aussi des autres déjà nommés, il faut rappeler que les maladies chroniques, inflammatoires et auto-immunes, dont la prévalence est spectaculaire dans le monde occidental, États-Unis en tête, ont incité les chercheurs et les médecins à se mettre au boulot. Pas seulement pour la gloire. Mais surtout parce que certains d’entre eux étaient atteints par ces maladies.

Dès lors, la pauvreté des réponses thérapeutiques proposées par la médecine allopathique les a poussés à chercher des alternatives. Pour les trouver, il leur aura fallu remettre en cause et questionner profondément leur formation médicale, si l’on en juge par ce qu’affirment la Dre Ludy de Menten et Sonia Sidle*, ajoutant qu’« en revenant aux valeurs énoncées […] par Hippocrate […] ainsi qu’aux connaissances millénaires de la médecine chinoise », elles ont pris conscience « que notre société moderne ne respecte plus les besoins biologiques essentiels de l’espèce humaine ».

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Comment l'alimentation influe sur le processus inflammatoire

Outre les polluants et autres toxines environnementales, c’est bien l’alimentation qui, en premier lieu, ne respecte plus ces besoins biologiques essentiels, puisqu’elle est devenue inflammatoire et source de carences. Une alimentation folle qui aboutit à cet absurde paradoxe : bien que nous mangions trop, nous sommes sous-alimentés. Trop de calories pour trop peu de nutriments essentiels au bon fonctionnement biochimique du corps humain. La faute aux aliments ultra-transformés riches en acides gras trans, sucres raffinés et substances synthétiques (conservateurs, édulcorants, colorants, arômes…). Peu étonnant que le corps ne reconnaisse pas pour nutriments ces aliments et qu’en conséquence il crée de l’inflammation.

Autre processus inflammatoire imputable à l’alimentation : la qualité de la viande et des produits laitiers. Provenant d’animaux élevés industriellement, ils sont également inflammatoires car mal tolérés.

L’inflammation que provoque la consommation de ces aliments est l’un des principaux facteurs favorisants des maladies auto-immunes et chroniques, ainsi que des maladies cardio-vasculaires.

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Protocole AIP : réduire l'inflammation

Tout l’objet du protocole AIP réside dans la réduction de l’inflammation. Mais pour véritablement se destiner à aider les personnes souffrant de maladies auto-immunes, ce régime alimentaire vise également à combler les carences nutritionnelles, identifier les sensibilités à certains aliments, réguler les hormones et la digestion, rééquilibrer le microbiote intestinal, restaurer la barrière intestinale, tout cela pour guérir, en complément de la médecine allopathique, comme le rappelle la Dre de Menten.

Si l’on parle de protocole AIP et pas simplement de régime AIP, c’est que les préconisations débordent du simple champ de la nutrition pour s’articuler autour de deux axes, l’un alimentaire, l’autre visant le mode de vie (lire encadré ci-dessous). Pour le volet alimentaire, il s’agira :

  1. d’éliminer les aliments suspectés de provoquer une réaction inflammatoire, puis les réintroduire un à un, afin de pouvoir identifier clairement ceux qui posent problème ;
  2. de privilégier les aliments nutritifs afin de soutenir les réactions biochimiques qui éteignent le feu de l’inflammation.

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Transition, élimination, réintégration : les trois phases du régime anti-inflammatoire AIP

L’axe alimentaire de l’AIP s’appuie sur trois phases :

  1. transition (sur six semaines)
  2. élimination (de un à trois mois, voire six mois pour certains cas)
  3. et, une fois les symptômes disparus, une phase de réintroduction.

Dans la phase de transition, il s’agira de dédier la première semaine à se préparer, à créer des « routines » (liste d’ingrédients adaptés, conceptions de recettes, plan de repas). La deuxième semaine incorporera un dîner AIP, la troisième un déjeuner AIP, et ainsi de suite jusqu’à la sixième qui introduira le dessert AIP.

Cette phase est particulièrement importante, car comme tous régimes d’élimination et réintroduction, l’AIP peut être difficile à adopter. Il est directement inspiré du fameux régime paléo – pour paléolithique – qui vise à éliminer tous produits transformés par l’industrie et revenir à une alimentation pré-agriculture.

Mais le régime AIP va plus loin puisqu’il exclut les œufs, les noix, les graines et tous légumes et fruits de la famille des solanacées (pomme de terre, aubergine, tomate, poivron, piment, paprika, physalis, baies de Gogi…). On entre de plain-pied dans la phase d’élimination.

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Un régime à coupler avec un mode de vie anti-stress

Régime maladie auto immunes

Plus qu’un régime alimentaire, l’AIP est véritable style de vie. Aux phases de transition et élimination, il est indispensable d’adapter son mode de vie en vue de réduire les facteurs déclenchant d’inflammation, en premier lieu desquels le stress.

La composante « mode de vie » proposée par l’AIP met l’accent comme très souvent sur la gestion du stress (respiration, yoga, activités sociales, sportives…), la gestion du sommeil (notamment en passant du temps à l’extérieur dès le matin), sur la connexion à la nature, à soi-même et aux autres, sur la pratique d’une activité physique et la réduction des toxines environnementales. Ces axes sont à conserver toute sa vie.

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La phase d’élimination

L’AIP étant destiné aux personnes souffrant de maladie auto-immune en vue de faire disparaître tous symptômes, il se montre plus restrictif que le régime paléo. Pourquoi élimine-t-il les œufs ? Parce qu’ils sont suspectés d’être allergisants. Le lysozyme, enzyme que l’on trouve dans le blanc d’œuf, peut traverser la barrière intestinale en transportant des protéines que le corps peut avoir tendance à combattre.

Les solanacées contiennent certains composés qui peuvent être délétères pour les personnes souffrant de maladies auto-immunes tels que les lectines (pouvant causer inflammation et perméabilité intestinale), les saponines (perméabilité intestinale et production d’anticorps), la capsaïcine du piment (irritations intestinales, aggravation d’une maladie auto-immune).

Les graines et les noix sont, elles, des allergènes alimentaires courants. En outre, l’acide phytique qu’elles contiennent est susceptible d’aggraver la perméabilité intestinale.

Régime AIP : les aliments à inclure :

A contrario, l’AIP s’appuie sur une liste d’aliments à inclure, dont certains sont même de super aliments, comme :

  • les crucifères, qui sont riches en sulforaphanes (anti-inflammatoires) ;
  • les champignons, qui contiennent un fort taux de vitamine D et dont certains composants sont capables de moduler le système immunitaire et la santé de la barrière intestinale ;
  • les légumes feuilles (roquette, mesclun, cresson, chicorée, laitue…), riches en minéraux (calcium), vitamines et fibres ;
  • les abats, qui ont une excellente densité nutritionnelle et de remarquables propriétés anti-inflammatoires ;
  • les produits de la mer (crustacés, poissons, algues…) pour leurs acides gras essentiels (oméga-3 et leurs formes actives – EPA et DHA) ;
  • les produits fermentés (choucroute, kombucha, kéfir…) pour leur excellente source de probiotiques qui restaurent aussi bien la paroi intestinale qu’ils favorisent la diversité du microbiote intestinal ;
  • le bouillon d’os pour sa richesse en minéraux, acides aminés, glucosamine, chondroïtine, acide hyaluronique, gélatine naturelle, collagène. Toutes ces substances contribuent à la bonne santé des tissus, des articulations, des os et de la paroi intestinale ;
  • les herbes et épices pour leur action anti-inflammatoire.

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La liste des aliments proscrits peut décourager les plus motivés. Mais la lecture du livre de Ludy de Menten et Sonia Sidle (Soigner l’auto-immunité avec le protocole AIP, éd. Thierry Souccar), sur lequel nous nous sommes largement appuyé pour rédiger cet article, et plus particulièrement de ses 60 recettes, a de quoi rassurer. Oui, il est possible de se nourrir plusieurs mois avec la liste des aliments AIP. Avant réintégration.

La phase de réintégration

La phase de réintégration vise à réincorporer dans son alimentation les aliments proscrits, en quatre étapes et très progressivement (ce sera en fonction de chacun, mais on peut estimer à un aliment tous les sept jours un rythme de réintroduction médian) pour identifier lesquels sont délétères ou non pour sa santé.

Il s’agit ici de suivre une progression croissante, allant des aliments les moins inflammatoires et les plus riches en nutriments (légumineuses type haricots verts, petits pois, œufs – d’abord sans le blanc –, huiles de noix, chocolat) vers les aliments réputés les plus inflammatoires et dont la valeur nutritive est moindre.

Sachant qu’après avoir suivi le protocole AIP, sont définitivement bannis de son tube digestif le gluten, le soja, les sucres raffinés, les huiles industrielles, les additifs chimiques et autres joyeusetés. Mais ça, on s’en doutait.

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Les coups d’États du système immunitaire

Les maladies auto-immunes résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire. Alors qu’il est censé nous protéger des agressions extérieures, il se retourne contre le métabolisme et attaque les constituants normaux du corps. Il faut distinguer les maladies auto-immunes spécifiques d’organes, touchant par exemple le système nerveux (sclérose en plaques, myasthénie…), la peau (vitiligo, pelade…), les glandes endocrines (diabète type 1, thyroïdites…), le système digestif (maladie cœliaque, hépatites auto-immunes…) des non-spécifiques d’organes (polyarthrite rhumatoïde, lupus systémique…).

Mais le dysfonctionnement immunitaire est également responsable des allergies, de l’endométriose, de la fibromyalgie, de l’eczéma, de la maladie de Lyme, de la rectocolite hémorragique ou encore du Covid long.

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