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Jeûne intermittent, restriction calorique et immunité : le rôle du thymus dévoilé

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Le jeûne intermittent et la restriction caloriques sont très à la mode ces dernières décennies mais leurs bénéfices chez l’être humain, constatés empiriquement par de nombreux jeûneurs et praticiens de santé, continuent d’être mis en doute par une partie de la communauté scientifique. Le 10 février dernier, la revue Science a publié la première étude à haut degré de preuve qui a observé les effets « remarquables » de cette pratique sur des êtres humains. Au cœur de ces effets : la production par notre thymus d’une protéine clef « à l'intersection du métabolisme et de l'immunité ».

De nombreux patients, médecins et même certains peuples n’ont pas attendu cette étude pour remarquer, dans leur pratique, l’impact généralement positif d’une restriction calorique légère sur la santé. Mais, jusqu’alors, les seules preuves scientifiques fiables en la matière concernaient les animaux, chez qui un effet positif positif est observé sur la santé générale et la longévité. Chez l’être humain, les études sont moins concluantes et les résultats parfois contradictoires. C’est tout l’intérêt de cet essai clinique paru le 10 février, qui est la première étude de haut degré de preuve sur la restriction calorique chez l'homme en bonne santé.

Des scientifiques de l’Université de Yale ont analysé et comparé l’effet « avant/après » de deux années de restriction calorique sur une centaine de patients. Ils ont non seulement découvert des effets positifs sur la santé et l’immunité mais ont surtout mis le doigt sur le phénomène physiologique qui pourrait expliquer nombre de ces bienfaits.

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Un thymus comme « rajeuni »

Le groupe de patients à qui il a été demandé de pratiquer une restriction de 14 % de leurs apports caloriques quotidien a vu son thymus (une glande qui participe au système endocrinien et lymphatique et qui se situe entre les poumons, sous le sternum) comme « rajeuni », ce qui est absolument « stupéfiant » selon Vishwa Deep Dixit, directeur du Centre de recherche sur le vieillissement de l’université de Yale et co-auteur de l’étude ; car il y avait jusqu’alors « très peu de preuves que cela puisse se produire chez l'homme ». Le thymus des participants ayant réduit durant deux années leurs apports caloriques produisait en effet plus de lymphocytes T, un type de globule blanc essentiel au système immunitaire, qu'au début de l'étude.

Les thymus de ces participants étaient également moins entourés de graisse or, comme cette glande fait partie des organes qui vieillissent plus rapidement que les autres dans notre organisme, la plupart d’entre nous parviennent à l’âge de quarante ans avec un thymus « gras » et faisant moins bien son travail. Comme l’explique le professeur Dixit : « En vieillissant, nous commençons à ressentir l'absence de nouvelles cellules T parce que celles qui nous restent ne sont pas très efficaces pour combattre les nouveaux agents pathogènes. C'est l'une des raisons pour lesquelles les personnes âgées sont plus à risque de maladie. » Ce phénomène participe du mouvement général d’immunosenescence constaté avec l’avancée en âge.

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En procédant à des investigations complémentaires pour savoir si cet effet spectaculaire sur les cellules immunitaires produites par le thymus s’appliquait à tout le corps, les chercheurs ont en revanche remarqué que cet effet restait très localisé dans le micro-environnement tissulaire du thymus et ne s’étendait pas à l’ensemble des cellules T sanguines. Toutefois, comme l’explique le professeur Dixit, le simple fait que cet organe puisse être rajeuni par une méthode aussi simple que la restriction calorique est une perspective extrêmement « excitante » et réjouissante.

Alors que de nombreux spécialistes s’écharpent encore sur la meilleure façon de perdre du poids et d’améliorer sa santé, cette nouvelle étude apporte sa pierre à l’édifice et nous montre qu’il pourrait être bien plus bénéfique pour notre santé de simplement réduire un peu les quantités ingérées plutôt que de s’astreindre à bouleverser ou compter sans cesse le contenu de nos assiettes.

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Références bibliographiques

« Caloric restriction has a new player », Science, 10 février 2022.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé