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Cancer : mimer le jeûne pour booster l'immunité
Si le jeûne s’est popularisé en tant qu’outil de perte de poids ou de vitalité, avec quelques fois une connotation de développement personnel, ses vertus médicales peinent à convaincre une partie de la communauté scientifique.
L’intérêt du jeûne contre le cancer, en particulier, se heurte toujours au scepticisme (quand ce n’est pas un rejet véhément) du corps médical, qui reste focalisé sur les risques de dénutrition et de moindre tolérance aux traitements oncologiques.
Il est vrai qu’une partie des malades du cancer ont déjà tendance à se trouver en situation d’amaigrissement significatif. Il est donc compréhensible que les mettre à la diète ne soit pas la première idée qui vienne à leur médecin, qui sera probablement plus enclin à les encourager à « reprendre des forces ».
D’ailleurs, la position du Réseau NACRe (Réseau national alimentation cancer recherche) est claire : un rapport d’expertise présenté en 2017 rappelait encore que, malgré des résultats précliniques encourageants, nous ne disposions pas à ce jour de preuves suffisantes pour établir les bénéfices du jeûne ou de la restriction calorique dans la prévention ou le traitement du cancer chez l’humain, et donc pour établir des recommandations en ce sens.
Un régime sans danger pour renforcer l’immunité
De nombreux travaux de recherche (comme ceux du Dr Valter Longo) et résultats concrets (par exemple à la clinique Buchinger en Allemagne) auraient pourtant dû susciter des investigations plus poussées dans cette direction. D’autant qu’il y a bien des façons de jeûner et que, selon les modalités, on ne peut effectivement exclure des risques sérieux pour la santé.
C’est peut-être sur ce point, justement, qu’un récent essai clinique italien apporte une réponse rassurante, en plus de résultats prometteurs. En effet, les résultats de l’étude d’une équipe milanaise auprès d’une centaine de patients cancéreux semblent confirmer que le programme de restriction calorique imitant le jeûne qu’ils ont proposé à leurs patients est sans danger et permet de moduler le métabolisme de manière à renforcer l’immunité antitumorale.
Le programme alimentaire des patients, parallèlement aux soins classiquement dispensés dans leur situation, consistait à se conformer à cinq jours de restriction calorique (600 Kcal autorisées le premier jour et 300 Kcal les quatre jours suivants) toutes les trois ou quatre semaines, jusqu’à un maximum de huit cycles. En dehors des jours de restriction, les participants ont été invités à observer une alimentation et un mode de vie sains.
Ce programme a notamment entraîné :
- Une réduction du glucose sanguin de presque 20 % (le cancer adore le glucose).
- Une baisse de l’insuline sérique de 50 %.
- Une réduction de 30 % des concentrations sériques d’IGF-1 (insulin-like growth factor 1, une hormone connue pour favoriser le cancer par inhibition de l’apoptose et stimulation de la prolifération cellulaire).
- Une augmentation significative des cellules T CD8+ circulantes (une classe de lymphocytes spécialisés contre les tumeurs) accompagnée d’un taux d’infiltration dans la tumeur lui aussi supérieur.
Le programme a été très bien suivi (92 % d’observance pendant la durée de l’essai) et n’a eu que très peu d’effets indésirables, principalement des épisodes de fatigue passagère. Les pertes de poids consécutives aux cinq jours de restriction calorique étaient corrigées chez la plupart des participants au cours des périodes d’alimentation normale suivantes.
Une solution « efficace et peu coûteuse » en complément des thérapies
Les auteurs de cet essai concluent qu’un tel programme de restriction calorique s’avère sûr, efficace et peu coûteux, qu’il peut véritablement stimuler les réponses immunitaires antitumorales et être avantageusement combiné avec les thérapies standard, dont il potentialise de surcroît les effets anticancéreux.
Ces résultats devraient encourager des recherches plus poussées dans cette direction et, peut-être, l'intégration future à des protocoles standards.
Lire aussi Le jeûne pour retrouver une bonne tension artérielle ?
Source :
« Fasting-mimicking diet is safe and reshapes metabolism and antitumor immunity in cancer patients », Cancer Discovery, novembre 2021.
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