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Cinq plantes ayurvédiques efficaces en cas de diabète

La prévalence du diabète, qualifié d’« épidémie mondiale » par l’OMS, est en constante augmentation, avec les complications qui l’accompagnent. Les plantes ayurvédiques, d’utilisation millénaire, figurent en bonne position dans la recherche de pistes naturelles pour endiguer l’expansion de cette pathologie. Une récente étude montre que plusieurs d’entre elles présentent des mécanismes d’action nouvellement identifiés qui contribuent à expliquer leur efficacité.

Carole Minker

En 2020, 5,3 % de la population française – plus de 3,5 millions de personnes – était traitée pour un diabète. Ce chiffre ne tient pas compte des personnes en prédiabète ni des diabétiques qui s’ignorent ! Pourtant, de nombreux signes annonciateurs permettraient de prendre à temps les mesures nécessaires afin de ralentir, voire stopper, l’aggravation de la situation.

Parmi les solutions efficaces, les plantes médicinales sont largement plébiscitées pour leurs puissants effets (1, 2), comme les plantes ayurvédiques (3, 4). En effet, ces dernières font partie des « meilleures plantes pour la prise en charge du diabète », de type 1 et de type 2, d’après une revue d’études cliniques (5).

La médecine ayurvédique, une tradition médicinale millénaire

L’ayurvéda, qui signifie « science de la vie » en sanskrit, est une compilation de textes issus de la plus ancienne tradition médicale holistique du monde, datant de cinq millénaires au moins. Plusieurs piliers caractérisent cette médecine ancestrale : la diététique, l’hygiène de vie, le jeûne, le yoga, etc., et la phytothérapie.

Le large panel d’effets cliniques des plantes ayurvédiques a été maintes fois démontré, notamment dans le cadre du diabète : l’Inde est une terre de plantes médicinales puissamment actives contre cette pathologie et ses complications. Selections non exhaustive des plantes utiles pour la régulation du diabète.

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La margose, ou concombre amer, (Momordica charantia) : utile aussi contre les infections et pour l’immunité

Ce fruit de la famille des Cucurbitacées est utilisé dans la cuisine indienne. Parmi ses nombreuses propriétés, la margose a des actions antibactérienne, antivirale, immunomodulatrice, anti-inflammatoire et hépatoprotectrice (6). On ne pourrait énumérer tous ses effets, tant ils sont nombreux. La plante entière (fruit, feuilles, racines, graines) est employée comme plante médicinale pour traiter le diabète depuis l’Antiquité et joue toujours un rôle important dans la prévention et le traitement du diabète dans de nombreux pays d’Asie, d’Afrique ou des Antilles.

La margose est capable, selon des études cliniques, de réduire l’excès de sucre dans le sang et les taux d’hémoglobine glyquée, un reflet de la concentration sanguine de sucre sur les deux à trois derniers mois (6, 7). Mieux encore, elle stimule la sécrétion d’insuline par le pancréas et l’utilisation du sucre sanguin par les organes (réduisant ainsi la glycémie).

Ces effets sont aussi liés à la présence d’un peptide (morceau de protéine) spécifique qui est capable de se lier au récepteur de l’insuline et ainsi de mimer son action (8). Des chercheurs ont associé la prise de margose et celle de fenugrec (voir plus bas) chez des diabétiques de type 2 sous traitement allopathique (9), ce qui a permis de réduire, en plus de leur glycémie, leur cholestérol total, leur LDL (le « mauvais » cholestérol) et leur quantité de triglycérides dans le sang.

Plus étonnant et prometteur : les extraits de margose semblent capables de changer la morphologie des îlots pancréatiques responsables de la sécrétion d’insuline (voir encadré).

Pour profiter de ses bienfaits, utilisez-la en cuisine : commencez par en intégrer de petites quantités dans vos sautés de légumes, car la margose est très amère ! Les plus téméraires pourront tester la margose farcie ou en salade.

Divers conseils d’utilisation sont proposés dans les cultures utilisant la margose, notamment pour réduire son amertume : ôter la peau et la chair en surface, retirer les graines, la faire dégorger dans du sel, la faire tremper dans de l’eau sucrée avec des glaçons, faire cuire rapidement à la vapeur (5 à 10 minutes), ou encore rajouter du jus de citron. Il est également possible de faire un jus frais à l’extracteur de jus et d’en boire un petit verre tous les jours (10).NB : la margose est contre-indiquée durant la grossesse.

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Le guduchi (Tinospora cordifolia) : également contre les rhumatismes et les allergies

Cet arbuste grimpant est originaire d’Inde et du Sri Lanka. Ses tiges et ses racines (11) sont utilisées en médecine ayurvédique dans des situations tout aussi variées que la jaunisse, la fièvre, l’anémie, les allergies, les rhumatismes et… le diabète (12), qui est l’une de ses indications majeures.

Une étude indienne a révélé que cette plante médicinale est capable, chez des diabétiques de type 2, de réduire la glycémie à jeun, mais également d’améliorer le profil lipidique, souvent perturbé chez ces patients : le guduchi réduit en effet le cholestérol total, le LDL ainsi que les triglycérides (13). En 2019, une autre équipe indienne l’a associé à un remède traditionnel ayurvédique nommé « Gokshuradi Guggulu » contenant plusieurs plantes (tribule terrestre, guggulu, gingembre…) dans une étude clinique conduite sur 50 patients diabétiques de type 2 (14).

Les résultats ont montré une amélioration significative des symptômes et de la qualité de vie pour tous les participants. Tout comme la margose, le guduchi a la capacité de régénérer les cellules β des îlots de Langerhans dans le pancréas (voir encadré), ce qui participe à son puissant effet antidiabétique global. Le guduchi existe sous forme de poudre à intégrer à l’alimentation.

Le gymnéma (Gymnema sylvestris ) : aussi un adaptogène « anti-sucre »

On ne trouve le gymnéma sauvage que dans les forêts tropicales au nord et à l’ouest de l’Inde. Outre ses effets anticancéreux, antibiotiques et protecteurs de l’estomac (15), il est aussi considéré comme un adaptogène (16) : il aide l’organisme à lutter contre les effets d’un excès de stress de façon globale.

Si le gymnéma, dont le nom sanskrit signifie « qui détruit le sucre », n’est connu en Occident que depuis le XIX e siècle, la médecine ayurvédique l’emploie, elle, depuis plusieurs millénaires. Il possède l’étonnante – et rare – faculté de supprimer la perception des goûts sucrés : ses composés actifs, comme l’acide gymnémique, entrent en effet en compétition avec les récepteurs du sucre dans la bouche.

Mais ses effets ne s’arrêtent pas là : une méta-analyse (17) montre que le gymnéma réduit l’excès de sucre et de lipides dans le sang de patients diabétiques de type 2. Cerise sur le gâteau : il permet, lui aussi, de régénérer les cellules β pancréatiques (voir encadré). On trouve le gymnéma sous forme de comprimés ou de gélules.

Des plantes capables de restaurer les cellules β pancréatiques

L’insuline est une hormone fondamentale pour le métabolisme du glucose fabriquée par les cellules β du pancréas regroupées en îlots dits « de Langerhans ». Le diabète de type 1 (insulinodépendant) et celui de type 2 (non insulinodépendant, du moins au début) résultent d’un dysfonctionnement de ces cellules ou d’une réduction de leur nombre. Cela entraîne une moindre sécrétion d’insuline, donc une moindre utilisation du glucose sanguin par les organes, et des complications à long terme. Les principes actifs contenus dans la margose, le guduchi, le gymnéma, le ginseng (ginsénosides), l’aloe vera (polysaccharides du gel) et l’épine-vinette (berbérine) semblent pouvoir restaurer la masse initiale de cellules β pancréatiques et leurs fonctions dans les deux types de diabète (18). Ces plantes sont capables non seulement de stimuler l’activité des cellules β éventuellement encore présentes dans le pancréas, mais surtout de réparer ou d’empêcher la mort des cellules partiellement endommagées ainsi que de renouveler ce groupe de cellules β. De plus amples recherches sont attendues sur les mécanismes d’action qui sous-tendent la régénération et la stimulation des cellules β observées pour mieux appréhender leur intérêt dans la prise en charge globale du diabète.

L’ashwagandha (Withania somnifera) : également pour prévenir le burn-out et soutenir la thyroïde

Grande plante ayurvédique adaptogène, la racine d’ashwagandha est également antidiabétique, principalement grâce à ses withanolides (19). Chez des patients diabétiques de type 2, elle est capable, en 30 jours, de faire baisser le glucose sanguin, d’augmenter le cholestérol HDL (le « bon » cholestérol) et de réduire les taux d’hémoglobine glyquée. Elle permet une prise en charge plus globale du diabète grâce à la réduction, chez ces patients, des niveaux de stress, de l’inflammation et de l’oxydation globales dans l’organisme, et par l’amélioration de la fonction des cellules endothéliales qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins (20).

Chez l’être humain, son efficacité thérapeutique et sa sécurité d’emploi ont été prouvées (21) ; les études cliniques commencent à s’intéresser à sa capacité à réduire la résistance à l’insuline (caractérisée par l’indice de HOMA dans les analyses sanguines), c’est-à-dire à augmenter l’entrée du glucose dans les cellules (22, 23).

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Le fenugrec (Trigonella foenum-graecum) : aussi contre l’obésité et les symptômes de la ménopause

Les graines de fenugrec, au-delà de leur emploi comme épice dans la cuisine indienne, sont utilisées en médecine ayurvédique pour réduire l’excès de sucre et de lipides dans le sang (24). Plus particulièrement, leurs saponines permettent de réduire significativement les taux de sucre à jeun et après un repas chez les patients diabétiques de type 2 (25) avec augmentation de l’insuline à jeun et réduction de la résistance à l’insuline. La prise de fenugrec peut permettre, sous supervision médicale, de réduire les dosages des médicaments antidiabétiques allopathiques (26). Cette plante sûre et efficace (27) améliore aussi la glycémie des patients prédiabétiques. Elle est particulièrement intéressante chez les patients diabétiques en surpoids, obèses, ou présentant une hyperlipidémie.

Des chapatis (galettes de blé indiennes) enrichis en nigelle et en fenugrec ont notamment permis d’améliorer, en douze semaines, l’hémoglobine glyquée chez des patients diabétiques (28). La dose efficace conseillée est de 25 g de graines par jour (7), ce qui équivaut à environ six cuillères à café. Notons tout de même que la consommation de fenugrec peut affecter l’odeur corporelle (peau, transpiration) et la rendre désagréable (29).

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Penser à la prise en charge globale

Même si ces plantes ayurvédiques montrent un potentiel élevé pour la prise en charge du diabète de type 1, du diabète de type 2 et du prédiabète, suivre les recommandations habituelles d’hygiène de vie reste indispensable pour maitriser son diabète. Surveillez votre poids , votre statut en vitamine D , mais également l’ordre des aliments que vous ingérez . Ne vous autosupplémentez pas sans un suivi médical, surtout si votre diabète est mal équilibré et/ou que vous prenez de l’insuline.

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