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Hausse alarmante de six cancers chez les 15-39 ans

Les cancers précoces progressent dans le monde, et la France n’est pas en reste. Après une récente étude sur la progression impressionnante des cancers chez les moins de 50 ans, une autre vient de révéler que les cancers du rein, du sein, du côlon ou du cerveau augmentent de manière continue depuis vingt ans chez les ados et les jeunes adultes français.

Véronique Molénat

Selon une étude dont les résultats viennent d’être dévoilés par Santé publique France (¹), six cancers étaient en progression continue sur la période 2000-2020 chez les adolescents et jeunes adultes (15-39 ans).

Les maladies concernées :

  • le cancer colorectal, qui a augmenté en moyenne de 1,43 % par an sur cette période
  • le cancer du rein (+ 4,50 % par an)
  • le cancer du sein (+ 1,60 % par an)
  • le lymphome de Hodgkin, qui est un cancer des ganglions (+ 1,86 % par an)
  • le glioblastome, un cancer du cerveau (+ 6,11 % par an)
  • le liposarcome, un cancer des tissus mous (+ 3,68 % par an).

Une tendance mondiale

Cette étude n’ayant été menée que dans 19 départements métropolitains, il est pour le moment difficile d’extrapoler ses résultats à l’ensemble de la France. Mais elle confirme une tendance notée dans de nombreux pays, notamment occidentaux (États-Unis et pays d’Europe).

Une étude sur 204 pays, publiée en 2023 dans le BMJ Oncology (2), a en effet mis en évidence que le nombre de nouveaux cas de cancers chez les moins de 50 ans avait augmenté de 80 % entre 1990 et 2019, soit un passage de 1,82 à 3,26 millions de personnes concernées en moins de trente ans. Une autre étude (3) indiquait en 2024 que les Américains nés en 1990 avaient un risque de tumeurs du pancréas et du rein trois fois plus important que ceux nés en 1955.

Comment expliquer cette flambée, alors que ces cancers se déclenchent généralement à un âge avancé ? Difficile de l'établir avec certitude. Les facteurs traditionnels – alcool et tabac – ne permettent pas d’expliquer cette progression ; il existe donc probablement une conjonction de paramètres, et probablement des facteurs environnementaux auxquels les plus anciens n’ont pas été aussi exposés.

Glioblastomes : quel rôle pour les ondes ?

L'augmentation de ce cancer grave du cerveau de 6,11 % par an entre 2000 et 2020 chez les 15-39 ans revient à une hausse de 233 % en 20 ans ! Une tendance très préoccupante qui amène l'association Alerte Phonegate à s'interroger sur le rôle possible de l’usage croissant et massif des smartphones. Elle demande une recherche indépendante, l’application du principe de précaution, et une meilleure information du public. Des gestes simples peuvent réduire l’exposition aux ondes.

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Obésité, alimentation, pollution...

On sait par exemple que le cancer colorectal et celui du rein – mais probablement d’autres aussi – sont favorisés par l’obésité. Or, celle-ci progresse de façon continue depuis trente ans. Aujourd’hui en France, 9,2 % des 18-24 ans, 13,8 % des 25-34 ans et 16,7 % des 35-44 ans sont obèses.

Autre facteur probable : l’alimentation. Depuis les années 1980, elle s’est considérablement appauvrie en produits frais, notamment en fruits et légumes sources d’antioxydants et de fibres, et enrichie en produits ultra-transformés et en additifs (4kilos par personne et par an en moyenne!). Or de plus en plus d’études indiquent des liens significatifs entre l’alimentation occidentale et la survenue de cancers.

Enfin, la pollution environnementale (particules fines, pesticides, métaux lourds, PFAS, microplastiques…), tout comme les perturbateurs endocriniens (parabènes, bisphénol A, phtalates…), joue probablement un rôle néfaste, même si les études scientifiques peinent encore à en mesurer l’impact précis.

Cancer du sein : en cause, les contraceptifs hormonaux ?

En France, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein chez les moins de 50 ans a crû de 50 % entre 1990 et 2023. Pour certains scientifiques, les causes ne seraient pas à chercher du côté de la génétique, du dépistage ou de l’obésité, mais des contraceptifs hormonaux. Cette génération est en effet la première à avoir eu recours aux implants, à la pilule ou au stérilet pendant un temps aussi long, une habitude favorable au cancer du sein.

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