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Dysbiose, quand l’équilibre est rompu

  • La dysbiose, l’hyperperméabilité et l’inflammation sont souvent amalgamées.La dysbiose, l’hyperperméabilité et l’inflammation sont souvent amalgamées.
Article paru dans le journal nº 116

Le microbiote, c’est tout un monde. Mais parmi les différentes colonies de bactéries qui le peuplent, lesquelles sont nos ennemies, nos amies ? Pourquoi faut-il les équilibrer, et comment s’y retrouver dans l’offre de prébiotiques, cobiotiques, probiotiques, etc.? Voyage au cœur d’un écosystème qui n’en finit pas de nous étonner.

Notre santé dépend de l’équilibre entre les populations bactériennes, de leur diversité et de leur bonne répartition dans les niches. Lorsque ces conditions cessent d’être réunies, on parle de dysbiose. L’alimentation, l’hygiène de vie, l’exposition aux pollutions et le stress psychologique jouent un rôle crucial. Et de " bonnes " bactéries peuvent devenir " mauvaises " à cause de bouleversements biologiques. Il y a trois types de dysbioses courantes, qui peuvent hélas se cumuler.

  • La dysbiose de putréfaction est la plus fréquente, marquée par des gaz malodorants et une haleine chargée. Elle est la conséquence d’un excès de protéines, soit qu’on en consomme trop, soit qu’on ne parvient pas à les dégrader correctement. Ce peut être à cause d’une mauvaise mastication, d’un pH gastrique trop bas ou d’une insuffisance pancréatique. Le manque de bactéries de fermentation, avec lesquelles les bactéries de putréfaction doivent s’équilibrer, est aussi une cause courante. La faute à un mucus intestinal de mauvaise qualité ou à la prise de trop d’antibiotiques.
  • La dysbiose de fermentation, qui est un excès de bactéries digérant les sucres et les fibres, fait beaucoup ballonner et provoque des maux de ventre. Sa version la plus problématique pour la santé s’appelle le Sibo (Small intestinal bacterial overgrowth ; en français, prolifération bactérienne de l’intestin grêle). Les bactéries de fermentation, initialement bénéfiques dans le côlon, commencent leur travail trop haut dans le tube digestif et ont investi l’intestin grêle. Plusieurs dispositifs censés empêcher cette prolifération peuvent faire défaut. Les conséquences sont lourdes : diarrhée, malabsorption des trois classes de macronutriments et de plusieurs vitamines, perte de poids, ballonnements majeurs et douleurs spasmodiques.
  • La candidose digestive est la prolifération de levures de type Candida, habituellement tolérée mais qui peut devenir envahissante. Elle est capable de coloniser tout le tube digestif, de la bouche à l’anus. Elle est à l’origine d’une importante hyperperméabilité de la muqueuse intestinale, qui ouvre un boulevard aux allergies et hypersensibilités alimentaires. Parmi les symptômes courants, troubles du transit, maux d’estomac, fatigue chronique, perturbation des neurotransmetteurs favorisant les troubles de l’humeur et du sommeil, troubles ORL à répétition, infections gynécologiques et urinaires, problèmes dermatologiques.

La métagénomique des selles

Dernière technologie en date pour évaluer la composition du microbiote, la métagénomique ne permet toutefois pas d’affirmer une dysbiose. Elle n’étudie qu’une partie du microbiote, beaucoup d’espèces ne sont pas prises en compte.

De plus, la banque de données génétique (ARN-16s) sur laquelle elle se base varie selon les laboratoires. En revanche, cette technologie reste utile et pleine d’avenir dans les pathologies qui sont associées à des bactéries précises. À noter qu’elle ne permet pas non plus de repérer une candidose.

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Dysbiose, inflammation ou hyperperméabilité ? Pas si simple !

La dysbiose, l’hyperperméabilité et l’inflammation sont souvent amalgamées, ce qui agace le Dr Maurice Bessoudo, spécialiste en médecine fonctionnelle. Il rappelle que la dysbiose, c’est dans le côlon, là où se trouvent la plupart des bactéries, tandis que l’hyperperméabilité se joue dans l’intestin grêle, là où se fait l’essentiel de l’absorption des nutriments. Quant à l’inflammation, elle peut être la conséquence d’une dysbiose, à la faveur d’une prolifération de bactéries pro-inflammatoires.

Le praticien interroge la notion même de dysbiose : comment affirmer que le microbiote de chacun est unique et en même temps qu’il est déséquilibré par rapport à une norme ? Pour le Pr Joël Doré, directeur de recherche à l’Inrae et spécialiste des écosystèmes microbiens, s’il existe bien une part du microbiote qui signe son caractère personnel, environ la moitié de sa masse est constituée d’une vingtaine d’espèces bactériennes dont la présence est constante chez les gens en bonne santé. Ces espèces assurent des fonctions majeures mesurables, comme la production d’acides gras à chaîne courte, des neurotransmetteurs ou de leurs précurseurs, et des acides biliaires.

Autre constante : la diversité du microbiote. La plupart des maladies de civilisation sont associées à un manque de diversité des familles microbiennes. D’où l’importance d’une alimentation équilibrée : nous entretenons les bactéries que nous nourrissons.

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Hypersensibilités alimentaires et microbiote

Hypersensibilité alimentaires et microbiote

Le microbiote intervient dans presque toutes les étapes de la transformation des aliments. Ce sont des bactéries symbiotiques qui permettent l’expression des gènes de tolérance aux aliments. Le fait qu’un aliment soit accepté ou combattu dépend donc étroitement de la composition du microbiote.

Des bouleversements dans les populations bactériennes peuvent favoriser les allergies ou les hypersensibilités alimentaires. C’est le cas dans l’hypersensibilité au gluten. Si vous êtes en dysbiose, la digestion du gluten devient plus difficile et il en reste davantage dans l’intestin. Réciproquement, la surconsommation de gluten au long cours peut modifier en profondeur la composition du microbiote.

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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé