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Manque de motivation pour le sport ? Et si ça venait du microbiote intestinal ?

  • "y’a plus qu’à..."
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Pourquoi tout le monde n’a-t-il pas la « niaque » quand il s’agit de se mettre au sport ? Si l’état d’esprit joue, notre biologie a aussi son mot à dire. Le microbiote intestinal, via l’alimentation, influe sur les performances sportives. Le plaisir ressenti pendant l’exercice dépend de circuits nerveux reliés aux intestins. Réciproquement, une activité physique régulière favorise un bon microbiote. Un bel exemple d’interaction corps-esprit-environnement, qui pourrait expliquer nos inégalités face au sport. Et peut-être nous donner l’occasion de reprendre la main.

Dopamine et motivation

La dopamine est le principal neurotransmetteur de la motivation. Sur le plan biologique, la procrastination ou le manque d’enthousiasme à entreprendre une tâche sont liés à une baisse du niveau de dopamine. Dans certaines formes de dépression, les dysfonctionnements de la dopamine entraînent une perte d’intérêt pour tout et la personne s’isole. La dopamine intervient à chaque étape de l’action. Au départ, elle nous donne envie de nous lancer dans une activité. Ensuite, elle nous donne le plaisir qui nous pousse à continuer. Et à la fin, elle nous récompense par la satisfaction de la tâche accomplie. Chez l’humain, plus de la moitié de la dopamine est produite dans l’intestin.

Des souris et des athlètes

Une connexion intestin-cerveau, impliquée dans l’augmentation de la dopamine pendant l’activité physique, a été mise en lumière chez la souris. (1) La production d’endocannabinoïdes (molécules qui activent les mêmes récepteurs que le cannabis et agissent comme régulateurs du système nerveux) par l’écosystème intestinal stimule l’activité des neurones sensoriels et élève les niveaux de dopamine dans le striatum (aire du cerveau impliquée entre autres dans la motivation) pendant l’exercice.

La stimulation du circuit intéroceptif (capacité à ressentir les états internes) intestinal pourrait améliorer la motivation à l’exercice physique. Pourquoi pas, demain, de nouveaux probiotiques pour nous donner envie d’aller transpirer ? Dans l’évolution du vivant, ce circuit pourrait s’être développé pour mobiliser les individus à aller chercher leur nourriture. Mais si on l’empêche de fonctionner, les souris perdent leur motivation à l’exercice, même s’il y a de la nourriture au bout. Il suffit de donner aux souris des antibiotiques à large spectre pour que leur performance à courir soit réduite de moitié...

Ce que vous mettez dans votre ventre…

Gardons à l’esprit que nous entretenons les bactéries que nous nourrissons. La recherche récente confirme et précise l’importance du rôle joué par le microbiote intestinal dans le maintien de concentrations adéquates de dopamine (2), grâce à une activité enzymatique qui facilite aussi bien sa synthèse que sa dégradation. Un déséquilibre (manque ou excès) touchant les grandes familles bactériennes (Prevotella, Bacteroides, Lactobacillus, Bifidobacterium, Clostridium, Enterococcus et Ruminococcus) est susceptible de perturber notre chaîne d’approvisionnement en dopamine.

Chez des athlètes, un apport suffisant en fibres alimentaires, en protéines de sources diversifiées et en acides gras oméga-3, en plus d’une supplémentation en probiotiques et prébiotiques, a montré des résultats prometteurs (3) dans l’optimisation de la performance. Inversement, un excès de sucres rapides, de protéines et un apport insuffisant en fibres ont un impact négatif sur le microbiote intestinal et sur les performances sportives.

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…et dans votre tête !

Les niveaux de dopamine indiquent en temps réel (4) où nous en sommes dans notre quête de récompense émotionnelle en lien avec une activité donnée. Les fluctuations rapides de la dopamine (seconde par seconde) sont liées à l’apprentissage, c’est-à-dire aux adaptations que nous devons faire pour atteindre notre objectif, tandis que les changements plus lents (minute par minute) sont associés à l’intensité de notre effort, autrement dire le cœur que nous mettons à l’ouvrage. Les mécanismes sont similaires à ceux de l’apprentissage (scolaire ou professionnel) et les mêmes étapes devraient être respectées dans la pratique du sport.

Vous augmentez votre niveau de dopamine en apprenant quelque chose de nouveau, en corrigeant vos erreurs ou en surpassant une difficulté. Comme dans un jeu vidéo, le plaisir reste le fil conducteur. Vouloir aller trop fort dès le départ vous expose au découragement et au renoncement. Fixez-vous des objectifs simples et faciles à réaliser au départ (ce qu’on appelle des microsuccès) qui vous donneront envie de continuer et petit à petit d’aller plus loin. À mesure que vous échauffez votre corps, vous échauffez aussi votre esprit. Plus vous progresserez, plus vous ressentirez les effets de la dopamine. Quand c'est possible, partagez vos résultats, quels qu’ils soient, avec les autres : la reconnaissance de votre travail augmentera votre dopamine. Enfin, représentez-vous mentalement votre réussite finale. Cela augmente la production de dopamine et vous motive à aller au bout de vos efforts. Ce n’est pas pour rien si les sportifs professionnels ont un coach en préparation mentale.

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Références bibliographiques

(1) "A microbiome-dependent gut–brain pathway regulates motivation for exercise". Nature 612, 739–747 (2022). https://doi.org/10.1038/s41586-022-05525-z

(2) "Role of Microbiota-Gut-Brain Axis in Regulating Dopaminergic Signaling", Biomedicines 2022 - https://doi.org/10.3390/biomedicines10020436

(3) "Fueling Gut Microbes: A Review of the Interaction between Diet, Exercise, and the Gut Microbiota in Athletes", Advances in Nutrition, 2021, https://doi.org/10.1093/advances/nmab077

(4) “Mesolimbic dopamine signals the value of work”, Nature Neuroscience, 2015 doi:10.1038/nn.4173

 

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