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L’approche microbiotique : une nouvelle manière de soigner

  • Les probiotiques y sont préconisés pour traiter des maladies comme le syndrome de l’intestin irritable.Les probiotiques y sont préconisés pour traiter des maladies comme le syndrome de l’intestin irritable.
Article paru dans le journal nº 99

Dans son nouveau livre, Médecine microbiotique, le gastro-entérologue William Berrebi développe une approche pratique de la question du microbiote. Alors que les compléments alimentaires fleurissent dans les pharmacies, le médecin remet en question leur prise aléatoire. Sa " révolution médicale " privilégie le choix de souches spécifiques de bactéries en fonction de la pathologie.

Vers une révolution médicale, ou du bon usage de la bactérie…

Le microbiote, ou flore intestinale selon les dénominations, nous est longtemps resté inconnu. Une certaine sagesse populaire laissait cependant entrevoir l’importance de cette faune microscopique pour la santé humaine. En 2008, des avancées technologiques permettent d’en apprendre plus sur le microbiote et de séquencer les bactéries qui le composent. " Cela a permis de mettre au jour 1 000 espèces différentes de bactéries dans l’intestin, en tout 39 000 milliards de bactéries ", précise le Dr Berrebi. Un ensemble dont on ne connaissait jusque-là qu’environ 20 %.

Les effets positifs de certaines bactéries sur des pathologies précises ont peu à peu été déterminés. Pour le Dr Berrebi, cette approche novatrice est enthousiasmante : " Au départ, les travaux ont beaucoup porté sur le syndrome de l’intestin irritable, c’était réellement un sujet de chercheur. " Selon le gastro-entérologue, de nombreuses pathologies résultent d’un déséquilibre du microbiote : la dysbiose. Il faut alors avoir recours aux probiotiques, des souches de bactéries identifiées, pour rétablir la stabilité. L’expérience l’a conduit à élaborer des protocoles spécifiques à plusieurs pathologies qu’il livre dans son ouvrage.

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Les probiotiques y sont préconisés pour traiter des maladies comme le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou encore la maladie de Crohn. " Pour l’obésité, il existe Hafnia Alvei qui stimule l’hormone de satiété, détaille le Dr Berrebi. Je l’ai donnée à des personnes qui se présentaient avec la maladie du foie gras et j’ai constaté que les gens maigrissaient. " Selon le praticien, ce type de traitement pourrait s’étendre à des pathologies de plus en plus diverses dans le futur : " On peut avoir de nombreux types de dysbioses, par exemple également pulmonaire. Pour le moment, il n’existe pas de traitement à base de probiotiques mais on peut imaginer dans les années à venir des sprays buccaux pour ensemencer les poumons. " La médecine microbiotique se double d’une forte attention portée à une alimentation équilibrée, source de prébiotiques. " Pour employer une métaphore, si l’on veut une pelouse uniforme, il faut des graines : les probiotiques, illustre le docteur. Si l’on veut de beaux légumes dans son potager, il faut de l’engrais : les prébiotiques. "

Selon le Dr Berrebi qui voit la médecine microbiotique comme une révolution, l’apparent désintérêt de la médecine classique pour cette question est lié à une méconnaissance : " Le sujet du microbiote ne fait pas partie de notre cursus d’études. En plus de cela, les probiotiques sont des compléments alimentaires et sortent du cadre du médicament. "

Un protocole ciblé en fonction des pathologies

Les achats de probiotiques sont le fait d’une démarche personnelle des patients, à hauteur de 80 %, selon le Dr Berrebi. Ils représentent pourtant un marché qui, d’après les projections, pourrait atteindre 75 milliards de dollars en 2030.

Une tendance qui laisse entrevoir une complexité grandissante face à une offre déjà très étendue. " Dans le cas du SII, il n’existe que 5 à 6 souches validées alors que l’on trouve une centaine de produits en vente, explique le Dr Berrebi. Il n’y a toutefois pas de risques avec la prise de probiotiques. " En effet, le seul aléa pouvant intervenir, c’est que… rien ne se passe. Il existe toutefois certaines exceptions : " Dans le cas du Sibo, qui se caractérise par une pullulation des bactéries dans l’intestin, rajouter des bactéries, c’est risquer l’aggravation du problème. "

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C’est la raison pour laquelle le traitement d’un certain nombre de pathologies doit être assorti d’un avis médical. " L’approche microbiotique, ce n’est pas écarter le médecin mais éclairer une nouvelle manière de soigner ", insiste le médecin. Inconcevable selon lui de laisser des patients se débrouiller seuls avec un SII ou une maladie du foie gras. Il n’en reste pas moins que, dans certains cas, le patient peut améliorer lui-même son microbiote. Le Dr Berrebi propose à cet effet des souches de bactéries issues de ses propres protocoles et assorties de leurs noms commerciaux.

Il est donc possible de se rendre en pharmacie pour demander des probiotiques qui vont bénéficier au système immunitaire ou encore de faire une cure avant un voyage à l’étranger pour éviter la turista, par exemple. Leur emploi permet aussi de traiter certaines pathologies facilement identifiables : " Pour une mycose, on peut éviter des passages trop fréquents chez le gynécologue ", assure le Dr Berrebi, car il existe en effet des probiotiques sous forme d’ovules. Demander à son médecin de prescrire de l’ultra-levure à chaque prise d’antibiotique permet également de limiter les désagréments digestifs associés.

Il y a en fait des situations où le médecin est indispensable et d’autres où les patients pourront intervenir seuls ", résume le gastro-entérologue, qui espère que cette pratique de la médecine microbiotique pourra gagner la médecine " par la bande ". L’un des leviers les plus accessibles pour un microbiote en bonne santé reste toutefois l’alimentation.

Dis-moi quel microbiote tu veux, je te dirai quoi manger

Son intérêt pour le microbiote a conduit le Dr Berrebi à modifier sa propre alimentation et notamment à augmenter ses apports en fibre. " Je mange deux pommes rouges par jour pour les fibres et les antioxydants, du pain au levain, et j’ai réduit ma consommation de viande. " Selon des études récentes, certaines molécules de la viande rouge seraient dégradées en un composé toxique par le microbiote. Le docteur consomme aussi les graines de chia en guise de complément de fibres dans ses yaourts. " Certains produits laitiers sont très bons : ils participent à la prévention de pathologies comme le cancer du côlon ou la dégénérescence liée à l’âge. "

Truffée de produits inflammatoires (additifs, émulsifiants…), l’alimentation transformée devrait être bannie au profit de plus de fibres : 30 g par jour étant le volume recommandé. William Berrebi a d’ailleurs choisi de faire apparaître 15 recettes à la fin de son livre, histoire d’aider le lecteur à visualiser ce que cette quantité de fibres représente. Sa préparation préférée ? " La pizza végétarienne. J’ai développé cette recette lors du premier confinement. Je la fais désormais chaque fois que des amis viennent à la maison. "

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Recette : Pizza spéciale microbiote

  • Ingrédients : Pour la pâte (une pâte du commerce fera aussi l’affaire si vous manquez de temps) : 300 ml d’eau à température ambiante, 500 g de farine (spéciale pizza ou blé T45), 15 g de sel, 6 g de levure fraîche.
  • Pour la garniture : 900 g d’aubergines, 400 g de courgettes, 3 oignons rouges, 2 c. à s. d’huile d’olive, 80 ml de vin blanc, 20 ml de jus de citron, coulis de tomate, roquette, origan, parmesan, sel et poivre.
  • Préparation de la pâte : Dans un cul-de-poule, verser l’eau et ajouter le sel. Mélanger à la main pour dissoudre le sel, et ajouter 100 g de farine. Mélanger de nouveau pour obtenir une pâte fluide. Émietter la levure dans la préparation, touiller. Verser progressivement le reste de farine sans cesser de mélanger. Pétrir 10 minutes. Laisser reposer la pâte au moins deux heures sur une planche sous un linge humide. Diviser la pâte en deux portions égales et former des boules. Les déposer dans un saladier recouvert d’un linge humide et de film alimentaire et laisser reposer au moins 12 heures dans une pièce entre 16 et 18 °C.
  • Préparation de la garniture : Faire revenir les aubergines et les courgettes dans une poêle avec de l’huile d’olive. Ajouter le vin blanc et le jus de citron, saler, poivrer. Détailler les oignons en fines rondelles. Préchauffer le four à 240 °C (th. 8).
  • Préparation de la pizza : Abaisser les boules avec un rouleau à pâtisserie, y étaler le coulis de tomates et garnir des courgettes et aubergines. Ajouter les rondelles d’oignons. Régler le four à 200 °C et faire cuire 10 à 15, en une ou deux fournées en fonction de la taille du four. Garnir de roquette, de parmesan et d’origan.

Biographie

Le Dr William Berrebi est diplômé en gastro-entérologie et hépatologie. Ancien interne des Hôpitaux de Paris, il est l’auteur du livre Diagnostics et thérapeutique. Guide pratique du symptôme à la prescription. William Berrebi exerce aujourd’hui en libéral à Paris. En plus de cette activité, il travaille à rendre accessible la compréhension des pathologies digestives. Il a ainsi créé en 2020 sa chaîne YouTube « Docteur William Berrebi ». Depuis 2019, il est également auteur du podcast « Merci docteur ! », dédié lui aussi à la compréhension des maladies digestives, telles la maladie de Crohn ou le Sibo, avec pour objectif d’informer au mieux les patients. Le Dr Berrebi est régulièrement invité dans des émissions de télévision. Il est intervenu notamment sur CNews pour apporter une expertise médicale sur la question du Covid-19. En 2022, il publie ce nouvel ouvrage : Médecine microbiotique.

Médecine microbiotique : votre nouvelle ordonnance pour être en bonne santé, Dr William Berrebi, éd. Marabout, 128 p., 2022, 19,90 €

 

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