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L’intestin, bouclier de votre santé
La bonne santé de notre intestin est vitale. C’est en effet grâce à lui que les nutriments nécessaires au fonctionnement de notre organisme sont absorbés et redistribués là où notre organisme le demande. Malgré sa finesse remarquable, la muqueuse intestinale – et la flore qui l’accompagne – est aussi capable de faire barrage aux bactéries et autres virus. L’intestin est en fait un véritable biotope. Il est donc essentiel de respecter son écologie pour éviter que n’apparaissent de graves pathologies.
La muqueuse intestinale est la partie la plus étendue de l’interface entre notre organisme et le milieu extérieur. Elle remplit conjointement deux fonctions opposées : laisser passer les nutriments et s’opposer à la pénétration dans l’organisme des substances potentiellement toxiques. Elle est aidée dans cette tâche par un système de défense immunitaire (qui représente 50 % du système immunitaire total), d’une part, et de l’autre par la flore microbienne.
La muqueuse intestinale est composée d’une seule couche de cellules reposant sur un milieu interstitiel (ou tissu de soutien). La couche de cellules comprend quatre types de cellules, en majorité des entérocytes (cellules spécifiques de l’intestin grêle), puis des colocytes (cellules spécifiques du côlon), des cellules à mucus et des lymphocytes (cellules immunitaires).
Le milieu interstitiel est quant à lui, parsemé de vaisseaux et de cellules immunitaires. Il est séparé de la sous-muqueuse par une couche musculaire lisse qui assure le plissement de la muqueuse.
La muqueuse intestinale réalise à elle seule de multiples fonctions :
L’absorption intestinale
L’intestin absorbe ce qui est nécessaire à l’organisme (fragments de glucides, lipides, vitamines, acides aminés, etc.). Il exerce donc une fonction de filtre, ne laissant passer que les nutriments. Le parcours suivi par une substance pour traverser la muqueuse intestinale n’est pas obligatoirement le plus court, mais toujours celui qui lui offre le moins de résistance.
La voie empruntée peut passer entre les cellules. Normalement, elles ne laissent filtrer que de très petites molécules. Ainsi, les fragments protéiques issus de la décomposition des bactéries mortes dans le tube de l’intestin (lumière intestinale) ne peuvent-ils pas pénétrer et gagner le réseau sanguin où ils provoqueraient inévitablement une réaction de nos défenses naturelles telle que celle qui est à l’origine de certaines maladies auto-immunes. Les substances peuvent également passer au travers des cellules.
Par ailleurs, la muqueuse possède un système d’alerte vis-à-vis des germes microbiens pathogènes.
Le système immunitaire intestinal
L’intestin est le premier organe immunitaire de l’organisme. En effet, environ 50 % des cellules immunes sont présentes dans la muqueuse intestinale. Ce système immunitaire est en contact permanent avec les protéines des aliments et des bactéries. Et ce sans déclencher de réponse immunitaire contre elles. Il exerce donc envers elles une certaine tolérance qui permet d’éviter des réactions d’hypersensibilité alimentaire.
Par ailleurs, il a aussi pour tâche de protéger l’organisme de la pénétration des bactéries, parasites et virus. Ces différentes tâches sont effectuées selon deux grands processus, l’un dit spécifique, l’autre dit non spécifique.
Le système spécifique
Ce système, appelé GALT, repose sur des amas de lymphocytes (cellules immunitaires) localisés dans la muqueuse intestinale. À leur niveau, la muqueuse est amincie. Certaines substances pénètrent mieux ainsi, en particulier les plus volumineuses, ce qui permet aux organes immunitaires de les contrôler plus rapidement.
Par ailleurs, les lymphocytes B sécrètent une immunoglobuline spécifique, l’IgA sécrétoire qui a un rôle clé aussi bien dans la tolérance immunitaire vis-à-vis de la flore dominante que dans le contrôle des populations microbiennes et fungiques invasives.
Si ces mécanismes de tolérance fonctionnent de façon insuffisante, des réponses immunitaires se mettent en place, dirigées contre des antigènes habituellement inoffensifs avec production de réactions d’hypersensibilité et/ou auto-immunes.
Le système non-spécifique
Le système non-spécifique repose sur plusieurs entités :
- Le flux intestinal : l’intestin grêle est parcouru en 30 minutes environ par le bol alimentaire.
- Le mucus de surface qui protège la muqueuse et participe par sa richesse enzymatique à environ 300 opérations chimiques.
- Le fait que la muqueuse se renouvelle entièrement en 4 à 6 jours.
Des perturbations du système immunitaire ouvrent la porte à un grand nombre de pathologies selon un principe de réactions immunitaires en cascades, lesquelles deviennent de moins en moins efficaces. Quand le premier bouclier ou la première voie (dite TH1 et spécialisée dans la prévention des tumeurs et des infections virales) vient à être moins efficace, le deuxième bouclier peut intervenir (voie TH2) mais allergies et intolérances digestives deviennent possibles. Si à son tour, la voie TH2 vient à s’effondrer, c’est la voie TH3 qui prend le relais, mais une maladie auto-immune risque d’apparaître.
La flore intestinale
La flore a un rôle à la fois anti-infectieux et antitoxique. Elle participe à la maturation du système immunitaire.
Dès la naissance, l’organisme doit apprendre à vivre au milieu de mondes microbiens, viraux et parasitaires. Il va ainsi tisser des liens de coopération avec certaines souches microbiennes (flore saprophyte) tandis qu’il doit se garder de bien d’autres (flore pathogène). La flore intestinale dérive donc directement de l’alimentation et de nombreux gestes quotidiens (comme porter ses doigts à la bouche).
Chaque jour, des milliers de bactéries appartenant à des familles très diverses pénètrent dans le tube digestif. Dès leur arrivée dans l’estomac, une grande partie d’entre elles et de sa production de toxines est détruite par la sécrétion acide. Celles qui survivent sont ensuite contrôlées par la sécrétion de bile et certaines enzymes du pancréas.
La flore intestinale normale est constituée de la flore endogène dont une partie va devenir saprophyte et de la flore de passage. La flore endogène semble se répartir en deux grandes familles, les Firmicutes et les Bacteroidetes dans un rapport 10/1 chez le sujet adulte en bonne santé. Ce rapport n’est seulement que de 5/1 chez le nourrisson et chez le sujet âgé de plus de 70 ans. Au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), il est effondré : 3/1 voire 1/1. La flore pathogène est composée en partie de bactéries potentiellement toxiques (Citrobacter, Klebsiella, Proteus, Pseudomones, Q-Staphylocoques). La flore dominante utilise plusieurs procédés pour les annihiler.
Enfin, la flore intestinale normale contient également un champignon, le Candida albicans. Tant qu’un certain équilibre persiste, la cohabitation ne pose pas de problème.
On constate une interaction entre la flore et le système immunitaire intestinal. Du fait de son énorme complexité, le système de régulation est extrêmement sensible. Qu’une partie de ce système soit altérée et des dysfonctionnements peuvent apparaître et entraîner des pathologies.
Plus complet qu’un organe
La muqueuse intestinale se compose d’environ 300 millions de cellules et 100 millions de neurones. Elle sécrète plus d’une vingtaine de neurotransmetteurs et abrite une flore de quelque 1 014 bactéries (soit dix fois le nombre des cellules de l’organisme humain) issues de plus de 400 espèces différentes. Sa surface est équivalente à un court de tennis soit environ 250 m2. Pour tenir dans le faible volume qu’est l’abdomen, elle décrit d’innombrables plis microscopiques appelés villosités.
Chaque jour, elle laisse pénétrer 500 grammes de nutriments et récupère une grande partie des sécrétions exocrines digestives (essentiellement des protéines, quelques lipides et sels minéraux). Elle se renouvelle entièrement en six jours. Les dépenses énergétiques de l’intestin représentent 20 % des dépenses énergétiques de l’organisme.
Les fonctions de la flore digestive
- La flore favorise le transit intestinal et accélère le renouvellement cellulaire.
- Elle modifie le contenu des intestins en l’alcalinisant.
- Elle augmente l’absorption de l’eau et du sel et stimule la motricité intestinale.
- Elle hydrolyse (décompose les molécules par fixation d’eau) les amidons complexes et certaines fibres alimentaires, les protéines peu digestibles et les lipides. Les antigènes potentiellement néfastes sont ainsi réduits à l’état de molécules simples et neutres.
- Elle dégrade le cholestérol. Et les acides gras à chaînes courtes qu’elle produit diminuent la possibilité de synthèse du cholestérol.
- Elle produit et synthétise des vitamines grâce à certaines bactéries. C’est le cas des vitamines B2, B5, B6, B8, B9, B12 et K.
- Elle produit des acides gras volatils et de nombreux gaz comme de l’hydrogène, du gaz carbonique, du méthane et de l’ammoniaque.
- Elle dégrade une partie des sels secrétés par la bile.
- Elle métabolise certains médicaments tels que la digoxine, les antidépresseurs tricycliques et quelques antibiotiques.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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