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Maladie de Crohn : la piste bovine
Si aucun traitement n’a fait ses preuves à ce jour pour une rémission complète de la maladie de Crohn, de nouvelles pistes explicatives émergent, comme la contagion animale. À la faveur d’études expérimentales prometteuses, un espoir se fait jour pour les 120 000 patients français, dont une proportion trop importante est encore en errance thérapeutique.
Il subsiste une part de mystère considérable quant aux causes, vraisemblablement multiples, de la maladie de Crohn, maladie inflammatoire chronique de l’intestin parfois extrêmement handicapante. À la différence de la rectocolite hémorragique, qui ne touche que la partie basse du côlon jusqu’au rectum, la maladie de Crohn est susceptible de causer des inflammations sur n’importe quelle partie du système digestif, qui s’étend de la bouche à l’anus. Les manifestations diffèrent d’un individu à l’autre, mais regroupent des symptômes ciblant principalement le système digestif lors des « poussées » : des douleurs intestinales parfois intenses, l’évacuation de mucus et de sang, de la diarrhée conduisant très souvent à une perte de poids, une fatigue chronique importante et une perte d’appétit. Des aphtes, de la fièvre, des inflammations articulaires (fréquemment aux genoux et aux poignets) et des atteintes dermatologiques comme des érythèmes noueux (nodules cutanés douloureux généralement situés sur les jambes) peuvent faire partie des manifestations, typiques des dysfonctionnements immunitaires. Les « poussées », plus ou moins régulières et longues, s’entrecoupent généralement de moments de répit. La maladie de Crohn est difficile à appréhender, y compris dans la sphère sociale du malade, qui doit sans arrêt adapter son quotidien à ses symptômes.
Malgré les preuves d’une prédisposition génétique, divers facteurs semblent contribuer à son déclenchement. La forte prévalence de cette pathologie auto-immune ou dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale) dans les pays développés éveille des soupçons. Parmi les facteurs de risque incriminés, on peut citer des éléments environnementaux comme l’anxiété, l’exposition à des produits toxiques via la nourriture, les produits d’hygiène, ou le tabagisme.
La maladie de Johne
Le Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis est une mycobactérie parasitaire à l’origine de la paratuberculose bovine, aussi appelée maladie de Johne. Cette pathologie infectieuse fut découverte en 1895 par le vétérinaire allemand Heinrich Albert Johne dans l’intestin d’une vache extrêmement maigre et éprouvant des difficultés à la lactation.
La paratuberculose est une mycobactérie pathogène qui touche les vaches, les moutons et les chèvres, mais qui a également été retrouvée dans les organes digestifs de porcs, de chevaux, de chameaux ou de lapins. La contamination s’effectue de la mère au fœtus, directement entre animaux ou par l’ingestion d’aliments où la mycobactérie a évolué.
Silencieuse, la paratuberculose est incurable et extrêmement difficile à maîtriser. Elle se développe dans la paroi intestinale de l’animal, sans qu’aucun symptôme se manifeste durant la période d’incubation, qui peut aller de deux à dix ans. Lorsque les symptômes apparaissent, ils sont similaires à ceux de la maladie de Crohn : des diarrhées importantes, de la fièvre, et un amaigrissement de l’animal. La pathologie entraîne quasi systématiquement sa mort.
Quel lien avec la maladie de Crohn ?
En 1913, il y a déjà plus d’un siècle, Dalziel, chirurgien écossais, découvrait des manifestations gastriques similaires chez neuf patients, tous atteints d’une inflammation de la muqueuse intestinale. Le docteur leur fit subir des examens qui mirent en lumière, à ses yeux, un lien avec la maladie de Johne, qui présente les mêmes symptômes.
La phase asymptomatique permet à la paratuberculose de s’étendre au sein du troupeau et donc tout au long de la chaîne de production bovine gérée par l’homme, inconscient de la propagation de la bactérie. Parasite particulièrement résistant, la paratuberculose se répand dans l’environnement par les excrétions, qui, transformées en fumier, s’infiltrent durablement dans les sols et dans l’eau. Elles contaminent les autres animaux, mais aussi les agriculteurs, peu au fait de la possibilité d’une transmission. Même quand elle ne séjourne pas dans l’organisme d’un bovin, elle peut survivre sur de très longues périodes. La pasteurisation, pourtant efficace sur d’autres germes comme la salmonelle, ne parvient pas à éliminer cet agent pathogène. Même chose pour les systèmes de purification de l’eau courante.
Cette contamination de l’animal à l’homme peut alors avoir lieu via différents biais : par le contact direct avec les troupeaux malades, la consommation de viande de bœuf, de produits laitiers pasteurisés ou non, ou encore, plus préoccupant, par l’eau, y compris celle vendue en bouteilles. Si les spécialistes affirment que la paratuberculose bovine est un vrai sujet de santé publique dans l’industrie agroalimentaire et qu’elle représente un risque important pour l’homme, peu de pays ont pour lors réalisé des plans d’action. Les quelques campagnes de prévention et de contrôle des animaux et des produits alimentaires mises en place se révèlent, la plupart du temps, insuffisantes. Ces opérations de surveillance seraient pourtant efficaces dans la réduction de l’incidence de la maladie chez les troupeaux, et donc sur la transmission de la zoonose de l’animal vers l’homme, mais elles seraient freinées par le manque de connaissances. Si des mesures de prévention et de contrôles ne sont pas réalisées régulièrement par l’agriculteur, l’abattage des animaux est souvent inévitable. La contamination entre les bovins peut représenter des pertes importantes pour les producteurs, qui voient alors leurs ventes chuter massivement.
Une quinzaine d’études ont démontré la présence de la mycobactérie dans l’intestin de l’homme. Une d’elles, réalisée en 2000, a mis en évidence la présence de l’agent pathogène dans le lait maternel de 100 % des femmes atteintes de la maladie de Crohn, contre 0 % au sein du groupe de contrôle. Cinq ans plus tard, des recherches menées sur des enfants présentant des symptômes de la maladie de Crohn ont détecté la présence de la bactérie bovine chez 40 % d’entre eux, quand aucun des sujets du groupe de contrôle n’a montré des traces de paratuberculose. Troublant, n’est-ce pas ? Or, si de nombreuses études valident la théorie d’une contamination de l’animal vers l’homme, beaucoup soutiennent le contraire et nient tout lien entre les deux maladies.
Pour les scientifiques partisans d’un lien entre les maladies de Johne et de Crohn, le procédé de mise en culture de la paratuberculose pratiqué par leurs pairs aurait faussé le résultat des études. Cette méthode d’analyse qu’ils jugent inadaptée aux cas humains compromettrait la détection de la mycobactérie chez les sujets atteints de la maladie de Crohn. Ces manquements peuvent avoir lieu lors du recueil de la bactérie sur les malades ou encore pendant la phase d’analyse.
Une autre difficulté réside dans l’utilisation antérieure de traitements antibiotiques ayant potentiellement détruit toute trace de bactérie. À l’heure actuelle, les études cherchent donc à améliorer les dispositifs de détection du micro-organisme chez l’homme, non seulement pour assurer le repérage du parasite s’il s’y trouve, mais aussi pour harmoniser les résultats de toutes les études réalisées.
Quand bien même les preuves viendraient à se multiplier, le lien entre ces deux pathologies demeure flou, et l’aspect pluricausal de la maladie de Crohn peut expliquer l’absence de la bactérie chez certains malades, pour lesquels celle-ci ne serait tout simplement pas en cause. Le débat, technique, est difficile à trancher.
Quand l’allopathie atteint ses limites
À la suite au diagnostic traditionnel de la maladie de Crohn, le médecin préconise généralement une adaptation de l’alimentation. Celle-ci passe entre autres par l’adoption de régimes sans résidu (pauvres en fibres), ou sans lactose et sans gluten, qui peuvent favoriser la cicatrisation des parties ulcérées. Mais ces diètes n’assurent pas à elles seules une rémission complète. Le sport est également conseillé après le diagnostic, dans le cadre d’une nouvelle vie que le patient doit réaménager pour améliorer son quotidien. Ces recommandations en faveur d’une meilleure hygiène de vie sont associées à des traitements allopathiques qui montrent cependant leurs limites.
Si les solutions par traitements anti-inflammatoires, corticoïdes, immunomosuppresseurs et antibiotiques se révèlent efficaces pour certains patients, elles ont une utilité relative pour d’autres. Sur le plan de la tolérance, ces traitements oraux, rectaux ou par injection intraveineuse présentent certains désavantages, notamment par leurs effets secondaires, parfois graves. La cortisone, même utilisée sur une courte période, tend à provoquer une prise de poids, de la fatigue et de l’irritabilité. Si elle est suivie sur une longue durée, sa prise peut être à l’origine d’une ostéoporose précoce.
Les immunomodulateurs et immunosuppresseurs, qui sont des traitements lourds, exposent quant à eux le patient aux infections en affaiblissant son système immunitaire. Les dérivés 5-ASA (anti-inflammatoires), très souvent prescrits, notamment en première instance, peuvent causer des troubles digestifs comme des brûlures d’estomac et des nausées. La biothérapie par anti-TNF, prescrite dans les cas les plus sévères ou résistants, peut également exposer le patient à des troubles infectieux ou sanguins.
Des traitements antibiotiques fondés sur l’association de trois molécules différentes ciblant la mycobactérie ont été administrés à des patients atteints de la maladie de Crohn. Aucun ne produit de résultats concluants. Cela pourrait s’expliquer par la résistance remarquable de la bactérie dans un environnement favorable à son développement. Et, de là à imaginer que cette résistance pourrait avoir un lien avec l’administration massive d’antibiotiques au sein des élevages, il n’y a qu’un pas.
Et l’aromathérapie ?
Néanmoins, dans le cas de l’hypothèse du dérèglement microbiote intestinal, traiter la maladie de Crohn par la naturopathie se révèle prometteur. On peut ainsi cibler l’écosystème du microbiote, visiblement hyperactif et déséquilibré, en associant trois huiles essentielles.
Le Dr Donatini, gastro-entérologue et immonulogue, préconise l’utilisation des huiles essentielles d’origan compact (Orignanum compactum), de Cannelle de Ceylan et de clou de girofle.
Cette approche aromathérapique fondée sur une triple action anti-inflammatoire et antimicrobienne serait efficace en synergie avec le mycélium d’un champignon, le polypore soufré (Laetiporus sulphureus). Le mycélium, partie contenant le plus de principes actifs, renforcerait l’imperméabilité de la paroi intestinale et concentrerait l’action des huiles essentielles sur le côlon. Il évite ainsi une trop grande absorption de celles-ci par le reste du système digestif.
Bien que l’efficacité puisse varier, l’utilisation des huiles essentielles, guidée par un spécialiste, se présente comme une alternative prometteuse à envisager pour des personnes se trouvant dans l’impasse de thérapies qui ne parviennent pas à soulager la maladie.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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