La rédaction
Musicien de formation, j’ai fait le tour du monde avec mon groupe de bossa nova. A l’occasion d’une tournée au Japon en 1974, j’ai été introduit à l’acupuncture de manière fortuite, et cet évènement à priori anodin a changé ma vie. Un vieux monsieur est venu à notre hôtel et nous a posé quelques aiguilles pour atténuer la fatigue du vol en avion avant un concert, ce qui a eu un effet immédiat sur nous tous. J’avais l’impression que ce monsieur était un virtuose qui agissait sur nos corps, à la manière d'un musicien sur une harpe. Au niveau énergétique, on peut dire que véritablement il nous « accordait ». De retour à Paris, je me suis formé à l’acupuncture pendant 7 années auprès de Boris de Bardo, en mettant provisoirement de côté ma carrière de musicien. Mon premier patient s’est trouvé être un enfant avec un mal de gorge, et les endroits que je devais piquer étaient des points douloureux. J’avais peur de lui faire mal, et en voyant mon étui de guitare dans la pièce j’ai été pris d’une soudaine et – disons-le – assez étrange inspiration : si j’utilisais mon diapason plutôt qu’une aiguille pour stimuler ces points d'acupuncture ? Comme les résultats ont été rapides et probants, j’ai systématisé et affiné cette approche pendant sept années pour établir une charte qui mette en correspondance les notes et les points d’acupuncture.
Ces recherches, que j’ai effectuées avec l’aide d’une amie biologiste travaillant à l’université de Jussieu, avaient pour objet de comprendre comment les cellules répondent au son. On a mis en place un protocole et on a mené des centaines d’expériences en exposant des cellules d’hémoglobine et des cellules cancéreuses à certains sons, certaines notes, certains instruments puis on a examiné les cellules à l’aide d’un microscope électronique et d’un appareil photo Kirlian, qui photographie l’aura, pour voir ce qui se passe quand le son traverse la cellule. Les résultats sont édifiants, comme en témoignent les photos reproduites dans mon livre. Même si ce n’est qu’in vitro il est par exemple intéressant de constater que soumises à certains sons dissonants, des cellules cancéreuses pour ainsi dire « explosent » . Cette recherche a ouvert à certaines potentialités vertigineuses que je me suis appliqué à explorer ; en approfondissant les recherches sur les photos Kirlian en Russie où j’ai enseigné quatre ans, puis en m’intéressant par la suite aux liens entre sons et couleurs en Grande-Bretagne, et en y associant ensuite le mouvement. J’ai ensuite essayé de combiner toutes ces différentes dimensions au sein de l’académie du son Tama-Do que j’ai créée en 1988 à Londres.
Il faut s’exposer à des sons acoustiques le plus possible, et aux instruments les plus divers. Les instruments et musiques électroniques perdent une grande partie de ce qu’on appelle les harmoniques – qu’on pourrait décrire comme des résonances, les petits affluents du grand fleuve qu’est le son – qui ont un effet rééquilibrant et sont, à mon sens, aux sources du principe guérisseur du son. Les harmoniques pénètrent de manière privilégiée le corps énergétique, pour ensuite affecter la force vitale et le corps dans son ensemble. La musique d’origine électronique, comme celle issue d’un synthétiseur par exemple, va bien sûr pouvoir relaxer le cerveau quelques minutes, et je comprends tout à fait qu’on puisse l’apprécier, mais pour moi c’est l’inverse de la thérapie par le son.
Dans un disque de musique acoustique, même enregistré dans de bonnes conditions, on perd presque 50% des harmoniques, ce qui est dommage, mais les écouter est mieux que rien. Sinon il y a la possibilité d’utiliser des diapasons et aussi d’utiliser sa propre voix, au prix d’un peu d’apprentissage. Il y a ce que j’appelle, pour chaque personne, un « son fondamental » qu’on peut identifier, une tonalité qui correspond à la vibration profonde de la personne qui sera rechargée énergétiquement à son écoute. Ça, c’est si bien sûr on accepte l’idée de l’homme total, c'est-à-dire l'idée selon laquelle l’individu ne se réduit pas à son corps physique mais possède différents corps subtils qui sont en résonance les uns avec les autres.
L’idée est de mettre les musiciens et l’auditoire en résonance avec la nature et la saison. En fonction de la saison, je choisis une tonalité, un mode musical et des instruments particuliers en lien avec la médecine traditionnelle chinoise. Avec mes élèves, on improvise sur cette gamme : par exemple, en automne, l’élément métal va déterminer le choix des instruments et la tonalité, ce qui aura un effet rééquilibrant privilégié sur le méridien du poumon pour les personnes exposées à ces sons. On fait un concert par saison et on espère pouvoir en organiser un à Paris.
Au départ il y a eu la médecine chinoise donc, de l’acupuncture au qi-gong, mais je me suis également intéressé à la médecine indienne, avec leur représentation de l’énergie vitale à travers les chakras, à la kabbale hébraïque, avec l’arbre des Sefiroths et à certaines techniques d’aïkido avec le Kototama, l’antique science des sons purs qui m’a été transmise par le maître japonais Sensei Nakazono en 1975. Il y a eu également l’astrologie à laquelle je me suis intéressé plus tard : savez-vous que les astronomes, pour mesurer la distance entre plusieurs planètes aujourd'hui, utilisent leurs vibrations sonores ? En réalité, je pense que tout est relié par le son, et que le son est en affinité avec l’énergie vitale. Tous ces systèmes de référence, qu’ils soient asiatiques, indiens ou autres, parlent à mon sens de la même chose mais avec des mots différents.
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