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Reconnaitre la dépendance
Réseaux sociaux, jeux, alcool, drogues, sport, travail… Les objets d’addiction se sont multipliés, ainsi que les dispositions personnelles et sociétales qui concourent à y succomber. Tout ce qui capte exagérément l’attention, fragilise la santé, monopolise les ressources financières et isole du monde peut évoluer en une drogue « dure ». — Partie 2
L’addiction s’installe si insidieusement, avec une progressivité telle que le sujet n’identifie pas sa dérive vers la dépendance. C’est particulièrement vrai pour le travail, les médicaments, l’alcool. Quant aux autres addictions (drogue, sexe, jeux d’argent), elles relèvent pour partie d’un tabou social qui incite à les dissimuler jusqu’en dernière extrémité.
Comment s’installe la dépendance ?
Pour comprendre l’ancrage d’une dépendance, il faut interroger la personnalité et les circonstances de vie du sujet. Ces aspects sont indissociables des manifestations comportementales de l’addiction.
Sur le plan neurocomportemental, la dépendance est imputée à un changement de fonctionnement du système nerveux central, au niveau de deux de ses réseaux travaillant normalement de concert.
Le premier reçoit les entrées sensorielles. Celles-ci sont traitées dans le cerveau, qui les associe à un contexte et traduit le tout en « petits bouts » de notre psychisme.
Le second est sortant : il produit le comportement qu’il estime le mieux adapté à la situation. L’installation d’une dépendance induit un découplage progressif de ces systèmes, qui perdent leur cohérence, notamment au niveau de la production des neurotransmetteurs. L’équilibre se rompt au profit du circuit de la récompense, qui, en se renforçant sous l’effet de l’habitude, exige d’être stimulé toujours davantage, en dépit des risques que cela fait courir à la personne.
Interviennent dans ce processus des facteurs liés à l’histoire et à la personnalité du sujet, qui vraisemblablement le prédisposent à l’addiction, celle-ci représentant une fuite, un refuge ou un réconfort. Quand une personne « matche » avec l’objet d’addiction adéquat pour elle, la dépendance peut s’amorcer avec des doses anodines et un nombre limité d’épisodes.
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Identifier une addiction
Voici quelques signes permettant de comprendre que l’on est dépendant :
" C’est plus fort que moi " : Une pratique occasionnelle se mue en besoin permanent et irrépressible. L’addiction devient une contrainte.
La perte de contrôle : Toute confrontation à l’objet de la dépendance déclenche une soumission immédiate du fait de l’excitation anticipée que cet objet induit.
Le désir obsédant : La répétition de l’expérience augmente le niveau de tolérance, donc on en veut toujours plus.
La peur du sevrage : Devant les conséquences de l’addiction, le sujet conçoit qu’il devrait s’arrêter mais cette idée induit un mal-être, et il ne résiste pas à l'appel de l’objet de sa dépendance.
Les étapes qui mènent à l’addiction
- L’induction : le sujet rencontre son objet d’addiction, qui répond à une fragilité ou un besoin spécifique. Cet objet – substance ou comportement – active le circuit du plaisir, sous l’influence de la dopamine ; le sujet se sent bien ou mieux, l’expérience appelle à être reproduite et le psychisme associe rapidement la satisfaction sensorielle à l’objet de l’addiction (apprentissage pavlovien).
- L’apprentissage : le sujet intègre, de façon consciente mais généralement non rationnelle, les effets désirables et indésirables de son addiction. Il recherche consciemment les agréments (détente, euphorie, sentiment de valorisation ou de puissance…) tout en essayant de s’arranger des désagréments (abattement, perte de contrôle, culpabilité, difficultés financières, conséquences physiques…).
- La pérennisation : le sujet est capable de ressentir par anticipation la satisfaction que lui procure son addiction. La répétition du schéma modifie les autres systèmes de neurotransmission impliqués dans la gestion émotionnelle, jusqu’à les rendre si peu efficaces que le plaisir ne peut plus être obtenu que par la pratique addictive. Une dérive qui s’accompagne d’une élévation du seuil de satisfaction et d’une aggravation du manque hors de cette pratique.
- La phase de lutte : le sujet est conscient de sa dépendance et du prix à payer (effets indésirables). Il cherche à s’émanciper, mais échoue souvent, renforçant son sentiment d’impuissance. Afin d’apaiser l’angoisse qui en découle, le sujet cède de plus en plus facilement. Le cercle vicieux est en place.
- L’acceptation : l’insuccès de la lutte amène la résignation et l’acceptation de son état. La perte de contrôle arrive à son comble, l’addiction s’étant « inscrite » au plus profond des cellules nerveuses et des structures cérébrales impliquées. La pratique bascule souvent dans le craving (besoin impérieux de re-consommation). Le sujet peut devenir agressif envers quiconque voudrait l’extirper de son addiction.
Lire aussi Tous addicts, et après ?, des Drs W. Lowenstein, et L. Karila, éd. Flammarion
Addiction et compulsion, même combat ?
Addiction et compulsion (raccourci désignant les troubles obsessionnels compulsifs ou TOC) semblent des notions très proches et sont souvent confondues. Si ces deux dépendances visent à atténuer une anxiété, elles se jouent sur des registres différents. L’addiction résulte de la poursuite d’un plaisir ou d’un mieux-être. La compulsion naît d’une appréhension exacerbée jusqu’à l’angoisse devant un choix ou une décision perçue comme « indépassable ». Le comportement compulsif a pour objet de se rassurer.
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