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Comment nous renforçons les addictions, en prétendant vouloir les vaincre

  • Comment nous renforçons les addictions, en prétendant vouloir les vaincre
Article paru dans le journal nº 67

Contrairement à une idée largement répandue, les causes des addictions seraient moins chimiques que sociales. Ce qui expliquerait l’aspect endémique de la consommation de stupéfiants et l’échec des politiques de répression. Des démarches plus tolérantes, fondées sur l’aide et la prise en charge des addicts, ont prouvé leur efficacité.

Seuls 10 à 20 % des consommateurs de drogue développeraient une réelle addiction ; les autres maintiendraient un usage récréatif sans perte de contrôle, selon une étude de l’université de Columbia, aux États-Unis. Le psychologue Bruce Alexander défend également l’idée que l’addiction aux stupéfiants ne représente qu’une faible part des addictions en général, qui comprennent celles aux jeux, aux écrans, au sexe....

Pourtant, l’idée selon laquelle les drogues rendent dépendant et ce, très rapidement, reste très répandue. Sûrement parce que lorsque l’on parle de drogue, on se concentre en général sur les 20 % pour qui cela pose problème, en omettant les autres. Cela pourrait aussi tenir à une confusion entre dépendance et addiction.

Différencier la dépendance de l’addiction

En chirurgie médicale, des patients reçoivent de très fortes doses de diamorphine (appellation médicale de l’héroïne). Ils ne deviennent pas pour autant addicts, même s’ils développent parfois une dépendance passagère. Professeur de neurobiologie à l’université de Genève et spécialiste de la biologie des addictions, Christian Lüscher nous éclaire sur cette différence : « On parle de dépendance lorsqu’on souffre du syndrome de sevrage à l’arrêt brusque de la consommation d’une substance. Tandis que l’addiction est la consommation excessive d’une substance, en dépit de ses conséquences néfastes. »

Face à certaines substances, la dépendance affecte tout le monde : c’est le signal du manque, qui survient lorsque le corps s’est habitué à la consommation régulière d’un stupéfiant. L’addiction, elle, découle d’un dérèglement, par les drogues, du « circuit de la récompense » dans le cerveau. C’est ce mécanisme, fondé sur la libération de dopamine, qui va provoquer l’irrépressible envie de se droguer afin de ressentir la sensation de bien-être.

Concrètement, et selon nombre d’addictologues, la consommation d’opiacés en tant qu’anti-douleurs provoque assez rapidement une dépendance, mais pas nécessairement une addiction. À l’inverse, la cocaïne provoquera des addictions, mais seulement une faible dépendance.

L’addiction, symptôme d’un mal-être

Pourquoi certaines personnes deviennent-elles addicts et d’autres, non ? Des raisons biologiques et génétiques existent indéniablement, mais elles ne seraient pas les seules ni même les principales, explique Johann Hari, journaliste britannique auteur du livre Lost Connection. Selon lui, l’homme a des besoins psychologiques fondamentaux au même titre que ses besoins physiques, tels qu’une vie sociale épanouie, du sens à son activité professionnelle, la reconnaissance de ses pairs... Quand ces derniers ne sont pas assouvis, il déprime.

C’est cet état de déprime ou de dépression qui va renforcer considérablement l’attractivité et l’addictivité des drogues. Le lien entre dépression et addiction se vérifie, actuellement, aux États-Unis : si les opioïdes ont une forte responsabilité dans les nombreux suicides touchant la classe ...

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