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Réseaux sociaux : vous n’êtes peut-être pas accro mais juste « dissocié »

  • Réseaux sociaux : vous n’êtes peut-être pas accro mais juste « dissocié »
Article 100% numérique

Si l'on passe tant de temps sur les réseaux sociaux, ce n'est pas forcément parce qu'on en est dépendant, mais souvent parce qu'on ne se rend pas compte du temps qui s’écoule ! En cause, un mécanisme neuropsychologique naturel : la dissociation normative. Comment en prendre mieux conscience et maitriser son usage de ces réseaux sociaux chronophages ?

Que ceux qui, connectés à Twitter, Instagram ou Facebook se retrouvent parfois à scroller (c'est-à-dire à faire défiler indéfiniment le fil d'actualités) comme hypnotisés, allant jusqu'à perdre la notion du temps, se rassurent ! Ils ne sont pas forcément accros aux réseaux sociaux et n'ont pas à se sentir coupables de ne pas mieux se contrôler. Une expérience menée par des chercheurs de l'université de Washington durant un mois auprès de 43 usagers des réseaux sociaux montre que ce qui se passe dans leur tête relève moins de l’addiction au sens propre que d'une « dissociation normative », un mécanisme neuropsychologique tout à fait fréquent qui se manifeste par un certain détachement de la conscience lorsqu’on est immergé dans certaines activité (écoute de musique, footing, rêverie..). Bonne nouvelle, sa maîtrise est à portée de clics !

Une expérience rassurante

Pour montrer à quel point ce mécanisme est prépondérant, les chercheurs ont conçu une application, Chirp, connectée aux comptes Twitter des participants. Toutes les 15 minutes lorsqu’ils étaient sur la plateforme, un message apparaissait sur l'écran de leur smartphone pour leur demander s'ils étaient d'accord avec l'affirmation suivante : « J'utilise Chirp sans vraiment faire attention à ce que je fais ». L'idée était de leur rappeler ce qu'ils étaient en train de faire. Il est en effet impossible de se rendre compte qu'on est dissocié quand on l'est… sauf si on nous invite à nous poser la question. En y répondant, on sort aussitôt de cette dissociation !

Au cours du mois qu'a duré l'expérience, 42 % des participants ont rapporté au moins une fois être d'accord avec l'affirmation, montrant par là qu'ils étaient « dissociés » au moment d'y répondre. Ils ont souligné que la question, régulièrement posée, les aidait à prendre conscience qu'ils étaient en train de scroller sans réfléchir. Les autres, en revanche, étaient tout à fait conscients de ce qu'ils faisaient, et ils ont trouvé que cette boîte de dialogue qui s'ouvrait tous les quarts d'heure était franchement dérangeante !

Les auteurs de l’étude rappellent que les réseaux sociaux ont été conçus pour qu'on y passe le plus de temps possible, qu'ils favorisent, de fait, le phénomène de dissociation normative et que cela n'a rien d'inquiétant : n'avons-nous pas tous une tendance naturelle à nous laisser aller à rêvasser ou à nous plonger si profondément dans la lecture d'un livre ou dans une activité que nous en oublions tout ce qu'il y a autour ? La bonne nouvelle est, en tout cas, qu'ils n'ont au moins pas à se battre contre une addiction !

Garder la maitrise

S'il est vrai qu'un temps sur les réseaux sociaux peut être pour certaines personnes une « pause bénéfique », il est susceptible d'en entraîner d'autres dans le trou du lapin d'Alice au pays des merveilles – autrement dit dans une faille temporelle qui les laisse, une fois qu'elles en sont sorties, avec la fâcheuse impression d'avoir perdu leur temps, sans même se souvenir de ce qu'elles ont lu ! Il revient aux utilisateurs qui se sentent concernés d'installer des applications pour connaitre et maitriser leurs historique de consultation ou statistiques d'utilisation (Quality time ou Checky par exemple), ou limiter leur temps connecté (APPBLOC ou Stay Focused par exemple) pour leur permettre de mieux en « conscientiser » l'usage.

Des chercheurs de l'université de Mc Gill au Canada ont montré tout l'intérêt d'adopter des dispositifs pour limiter l'usage quotidien du téléphone portable. Ils ont proposé à des gros utilisateurs (4 à 5h par jour) la mise en place de petites règles comportementales comme ne pas faire rentrer le téléphone portable dans sa chambre ; ou bien d'effectuer de petites modifications de paramètres comme configurer son écran pour qu'il s'affiche en nuance de gris plutôt qu'en couleurs, diminuant ainsi l'attractivité pour le cerveau et le niveau d'engagement de l'utilisateur.

Résultat de cette intervention : les utilisateurs ont déclaré, en plus d'un meilleur sommeil, un usage réduit de leur téléphone d'en moyenne d'une heure par jour. Si diviser son usage par quatre n'est pas rien, certains gros utilisateurs sont même parvenu ainsi à se dégager jusqu'à une semaine de temps libre (c'est à dire sans téléphone) par mois !


Source :

« "I Don't even remember what I read": how design influences dissociation on social media » CHI 22 _ Conference on Human Factors in Computing Systems, avril 2022.

A nudge-based intervention to reduce problematic smartphone use: Randomised controlled trial, International Journal of Mental Health and Addiction, mai 2022.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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