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Vers une crise des opioïdes en France ?

  • 64 000 décès par overdose d'opIoïdes aux US en 201664 000 décès par overdose d'opIoïdes aux US en 2016
Article paru dans le journal nº 64

On estime actuellement à 650 000 par jour les prescriptions d’opioïdes antalgiques aux États-Unis. Un tel nombre témoigne de la crise sanitaire à l’œuvre dans ce pays, qui ne cesse de s’aggraver depuis quelques années. Si la situation est bien moins alarmante en France, une forte croissance de la consommation de ces psychotropes y a tout de même été observée.

En 2016, aux États-Unis, près de 64 000 personnes sont décédées des suites d’une overdose d’opioïdes (substance naturelle ou de synthèse aux effets similaires à l’opium, sans y être nécessairement chimiquement apparentée – cela inclut les opiacés, des dérivés de l’opium). Un chiffre en constante augmentation depuis près d’une décennie, tout comme celui du nombre de personnes dépendantes de ses substances. Or cette crise sanitaire majeure frappant l’Amérique s’étend désormais en Europe de l’Ouest et en Océanie.

Le cas français est, lui, tout aussi préoccupant : si l’ampleur du phénomène y est infiniment moindre, la trajectoire pourrait être la même. Ainsi, le nombre de prescriptions d’opioïdes antalgiques pour des douleurs non cancéreuses a augmenté de 88 % en France en dix ans. Et l’on compte aujourd’hui sur notre territoire 12 millions de consommateurs, dont 11 millions ne consomment que des opioïdes dit « faibles » (palier 2 : codéine). Sauf qu’ils peuvent, pour certains comme le tramadol, provoquer une dépendance en un mois après le début de la consommation… En outre, faibles ou forts (palier 3 : oxycodone, fentanyl), les opioïdes antalgiques ont un effet addictif supérieur à celui de la morphine.

Usagers d’opioïdes : des profils contrastés

En France, près de 44 % des usagers d’opioïdes antalgiques ont eu recours à des produits en vente libre. Les femmes d’une soixantaine d’années sans pathologies cancéreuses représentent 57 % d'entre eux (à l’opposé du profil type du toxicomane ou du consommateur d’opioïdes américain, jeune adulte et masculin).

Mais ce n’est que face à l’essor du purple drank (cocktail à base de codéine consommé par les adolescents et jeunes adultes) qu’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a décrété la fin de la vente libre de tous les médicaments codéinés le 12 juillet 2017. Cependant,  si cela limite la prise d’opioïdes à des fins récréatives et l’automédication, leur consommation poursuit tout de même sa forte progression. Ainsi, le nombre d’hospitalisations liées à une surdose a connu une hausse de 167 % dans notre pays entre 2000 et 2017, et celui des décès, de 172 %.

Création d’un observatoire

Certes, le système de santé français permet un meilleur suivi des patients qu’aux États-Unis. Et le remboursement des soins incite les patients à consulter plutôt qu’à se fournir sur le marché parallèle. Néanmoins, un Observatoire français des médicaments antalgiques (Ofma) a été créé en 2017 afin d’optimiser la « pharmacosurveillance et la promotion du bon usage des antalgiques ».

De plus, la législation française, interdisant la publicité pour les médicaments sur prescription, limite leur banalisation. C’est pourquoi limiter l’utilisation excessive des opioïdes antalgiques passera surtout par la prévention et la sensibilisation des professionnels de santé et des patients, notamment sur les risques liés à ces médicaments et les conditions de leur bonne utilisation.

Sources

« Opioïdes, une épidémie en chiffres », Libération, juin 2017 :

« Aux États-Unis, les opioïdes tuent plus que les armes à feu », Le Figaro, août 2018.

« Prescription des antalgiques opioïdes en France entre 2004 et 2017 : évolution et impact en termes de morbi-mortalité », OFMA septembre 2018 :

« En France, faible dépendance mais forte vigilance », Libération, juin 2017

« L’addiction aux opiacés, première cause de mort par overdose en France », Le Monde, octobre 2018 :


 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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