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Soigner en apaisant les émotions
Être rouge de colère, en avoir gros sur le cœur ou ne pas digérer quelque chose… Ces expressions illustrent à quel point nos émotions sont en lien avec notre corps. Qu'elles soient primaires (joie, colère, peur…) ou secondaires (confiance, culpabilité, envie…), nous tendons à les refréner, ce qui n’est pas sans conséquences sur notre santé. Plutôt que de les vaincre, apprenez à en faire des alliées.
Si nombre de patients reprochent à la médecine occidentale moderne son manque de prise en compte des ressentis des malades, des disciplines alternatives ou complémentaires permettent d’ouvrir cet espace des émotions afin d’aller chercher, au fond de nous, des clefs qui peuvent se révéler précieuses sur le chemin de la guérison…
Quand le médecin valide les émotions
Un médecin français consacrerait en moyenne une minute trente (10 % de la durée de la consultation) à laisser son patient expliciter le motif de sa consultation1. Pourtant, une étude menée en 20202 par Jennifer Cheavens, professeure de psychologie à l’université de l’Ohio, a montré que valider les sentiments d’un patient par un " Je partage vos inquiétudes " ou un hochement de tête permet de mieux le réconforter et l’ouvrir à des idées plus positives.
" C’est important d’aider les gens en prise avec la dépression, l’anxiété ou la peur à se reconnecter à la curiosité, l’amour, la flexibilité et l’optimisme " et, lorsqu’ils se sentent compris, ces patients sont " prêts à recevoir un retour sur ce qui pourrait les amener à changer ". Ainsi, les phrases du type " ce n’est pas si grave ", souvent proférées de façon automatique pour rassurer, seraient contre-productives car perçues comme un déni des émotions ressenties. À retenir, que l’on soit médecin ou avec nos proches !
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L’aide des huiles essentielles
La docteure en pharmacie Françoise Couic-Marinier, spécialiste en aromathérapie, conseille l’huile de marjolaine à coquilles (Origanum majorana), euphorisante, en cas de tristesse et sautes d’humeur, le petitgrain bigarade (Citrus aurantium) pour faire face à la colère et apaiser le système nerveux, ainsi que la réconfortante et sédative camomille romaine (Chamaemelum nobile) en cas d’angoisses. La lavande officinale (Lavandula angustifolia) aidera à apaiser la nervosité et les maux liés (psoriasis, eczéma, digestion difficile, etc.) et, quand vous ne vous sentez pas à la hauteur, le petitgrain mandarinier (Citrus reticulata).
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Vive l’humeur de chien !
Si les êtres humains peuvent s’avérer maladroits dans la gestion des émotions de leurs semblables, les animaux y réussissent parfois bien mieux. Certains thérapeutes se proposent ainsi de soigner des troubles physiques ou mentaux via la zoothérapie. Le contact avec des animaux, plus instinctifs, permet de faire affleurer à la surface nos émotions pour mieux les comprendre et les accepter.
L’équithérapie, par exemple, permet de travailler les problématiques psychiques liées à la relation aux autres ou au manque de confiance en soi. En poussant le patient à être clair dans ses demandes auprès de l’animal, le patient conscientise que ses émotions (timidité, colère, etc.) sont ressenties par l’animal, gênent sa communication avec lui, et il apprend à les gérer.
La cynothérapie, faisant appel aux chiens, procède un peu de la même manière. Aux États-Unis, des dizaines d’expérimentations ont montré que l’introduction de chiens au contact des détenus dans les prisons permettait de réduire la violence qui y règne et le risque de récidive. En apprenant à dresser des chiens, en les soignant ou en les emmenant en balade, les détenus améliorent leur santé mentale, le contrôle de leurs émotions ainsi que leur empathie.
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L’”esprit des maladies”
Claire Marie, psychologue clinicienne qui a travaillé vingt ans en milieu hospitalier dans des domaines comme les addictions, la psychiatrie et les douleurs chroniques, propose de repenser notre rapport à la maladie à l’aide de témoignages de patients et collègues avec qui elle explore l’aspect émotionnel et spirituel de la maladie. Pour cette professionnelle qui adopte ici un point de vue chamanique, depuis plusieurs siècles, la science occidentale “rationnelle” soigne “sans écouter les besoins de l’âme” et rencontre aujourd’hui ses limites en refusant de “prendre l’invisible au sérieux”. “Une partie fondamentale de nous-mêmes s’est-elle endormie ?” questionne-t-elle. “Comment interroger la maladie pour lui donner une voix propre, prendre le temps de la connaître différemment avant d’en définir sa nature ?”, c’est ce qu’elle nous propose de découvrir dans l’Esprit des Maladies (éd. Guy Trédaniel).
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La musique adoucit les mœurs
Parce que l’été reste une période propice au temps libre, pourquoi ne pas vous auto- administrer une dose de musicothérapie ? Favorisant la sécrétion de dopamine (l’hormone du plaisir immédiat), d’ocytocine (l’hormone de l’amour et de la confiance) et d’endorphines (les neurotransmetteurs du plaisir) et diminuant nos taux de cortisol (l’hormone du stress), l’écoute de musique environ trente minutes par jour permet de diminuer notre tension artérielle, diminuer les états dépressifs ou soulager les symptômes de la ménopause comme les troubles de l’humeur.
Chez les patients atteints d’Alzheimer, elle permet de diminuer l’agitation et stimule la mémoire et les souvenirs. En améliorant notre tension artérielle et nos rythmes cardiaque et respiratoire, mais aussi en nous aidant à mieux réguler nos émotions, la musique soulage le corps tout en apaisant l’esprit. De quoi donner envie de vivre en musique.
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Traiter le mal à la racine
Les émotions ressenties durant l’enfance impactent durablement la santé à l’âge adulte. Des chercheurs3 ont identifié cinq émotions qui, ressenties durant l’adolescence, sont liées à une meilleure santé à l’âge adulte : optimisme, bonheur, estime de soi, sentiment d’appartenance et sentiment d’être aimé. Une autre étude4 montre que des « difficultés dans l’environnement familial » durant l’enfance sont associées à une mortalité plus élevée à l’âge adulte. Ainsi, ne pas attendre pour agir lorsqu’un adolescent se trouve en situation de mal-être paraît crucial pour lui donner toutes ses chances d’avoir une santé optimale à l’âge adulte.
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Références bibliographiques
1- « Analyse du déroulement d'une consultation de médecine générale » thèse de médecine générale du docteur Stephan Hélène, 2012.
2 - « 23 secondes, le temps de parole d’un patient en France, vrai ou faux ? », Le quotidien du médecin.fr, 2017.
« The effect of validation and invalidation on positive and negative affective experiences », dans The Journal of Positive Psychology, octobre 2020.
« Effects of Dog-Based Animal-Assisted Interventions in Prison Population: A Systematic Review », Animals (Basel), novembre 2020.
« Effects of music therapy as an alternative treatment on depression in children and adolescents with ADHD by activating serotonin and improving stress coping ability », BMC Complementary Medicine and Therapies volume, 2023.
« The effect of music therapy on menopausal symptoms and depression: a randomized-controlled study », Menopause, 2022
« A short-term musical training affects implicit emotion regulation only in behaviour but not in brain activity », BMC Neuroscience, avril 2021.
3 - « Adolescent Psychological Assets and Cardiometabolic Health Maintenance in Adulthood: Implications for Health Equity », Journal of the American Heart Association, janvier 2023.
4 - “Association of Childhood Psychosocial Environment With 30‐Year Cardiovascular Disease Incidence and Mortality in Middle Age”, Journal of the American Heart Association, 28 avril 2020.
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