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Joie, jalousie, colère : vos émotions impactent votre santé

  • Joie, jalousie, colère : vos émotions impactent votre santéJoie, jalousie, colère : vos émotions impactent votre santé
Article paru dans le journal nº 114

Être rouge de colère, en avoir gros sur le cœur ou ne pas digérer quelque chose… Ces expressions illustrent à quel point nos émotions sont en lien avec notre corps. Qu'elles soient primaires (joie, colère, peur…) ou secondaires (confiance, culpabilité, envie…), nous tendons à les refréner, ce qui n’est pas sans conséquences sur notre santé. Plutôt que de les vaincre, apprenez à en faire des alliées.

Vous nous lisez sur une chaise longue, doigts de pieds en éventail. Vous vous sentez détendu. Puis vous pensez à ce qui vous attend à la rentrée : ce chef autoritaire, ce gros dossier… Et une désagréable sensation vous tord le ventre. Ensuite, en voyant ce couple passer avec son nourrisson, une sensation plaisante vient remplacer la première. Tel est le pouvoir des émotions, ces réactions affectives passagères qui surgissent en réaction à un évènement déclencheur.

Émotions impalpables aux effets palpables

Saviez-vous que la stabilité émotionnelle est le trait de caractère le plus fortement associé à la satisfaction des gens à l’égard de leur vie, de leurs relations sociales et de leur carrière ? Ou que les émotions négatives pourraient favoriser l’apparition de maladies neurodégénératives et de la démence1 ? Ce flot intérieur a de fortes répercussions sur notre santé, et chez les 10 à 20 % d’entre nous qui réprimons le plus nos émotions, divers problèmes ne manquent pas de survenir (lire encadré ci-dessous).

Si ce lien entre émotions et santé n’est pas facile à établir, nous sommes nombreux à en ressentir la puissance. En témoigne le succès depuis trente ans du livre Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi (éd. Albin Michel), de Michel Odoul, pour qui les " cris du corps " sont des " messages de l’âme ".

Pour Jean-Louis Pedinielli, spécialiste en psychosomatique [l’ensemble des effets de l’esprit sur le corps humain, NDLR], " les conflits émotionnels sous-tendent tous les troubles médicaux et psychiatriques ", et les prendre en compte dans le cadre de la santé, c’est éviter une vision fragmentée de l’être humain, paradigme souvent reproché à la médecine.

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Alexithymie : Quand l’incapacité à comprendre nos émotions affecte notre santé

Environ 10 à 20 % de la population ont d'importantes difficultés à identifier ses émotions, trouver les mots pour les décrire et distinguer les sensations corporelles qu’elles entraînent. Ce sont les alexithymiques. Développant une tendance à l’évitement, les alexithymiques ont des difficultés à s’exprimer et manquent d’empathie. Dépression, anorexie, troubles psychologiques allant jusqu’à la schizophrénie, douleurs psychosomatiques… Selon les spécialistes, cette inhabilité à faire des connexions entre les émotions et les idées, pensées et fantasmes qui les accompagnent a des conséquences physiques et psychologiques non négligeables sur la santé.

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Nos émotions sous le microscope

Dès 1872, Charles Darwin avait déjà compris l’impact des émotions sur le corps, phénomène qu’il qualifia de " biologie des émotions ". Aujourd'hui, les connaissances empiriques de nombreux thérapeutes, tel Michel Odoul, reçoivent un nouvel éclairage de la science.

Ces dernières décennies, on a même assisté à la création de laboratoires dédiés à l’étude de l’impact des émotions sur le corps, tels l’unité de psychobiologie des émotions de l’université François-Rabelais de Tours ou le laboratoire de cognition et d’émotion à l’université d’Ottawa, au Canada.

Antidépresseurs, « anti émotions » ?

Jusqu’à 60 % des patients consommant un type d’antidépresseurs très courants (les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) se sentent émotionnellement « émoussés ». Des scientifiques ont découvert que c’est très certainement lié au fait que ces médicaments affectent des processus cérébraux liés au circuit de la récompense. D’une certaine manière, ils « enlèvent une partie de la douleur émotionnelle mais aussi une partie du plaisir »...

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Les six émotions primaires

Chez la plupart des vertébrés, il existe six émotions dites « primaires » :

  • la joie
  • la surprise
  • la peur
  • la colère
  • le dégoût
  • la tristesse

Les identifier permet de désamorcer certains cercles vicieux de réactions corporelles puis émotionnelles (lire "Mettre des mots sur nos maux").

À savoir : Dès l’âge de 6 mois un bébé reconnaît et manifeste ces émotions. À 2 ans il peut exprimer certaines émotions de base (plaisant/déplaisant), dès 6 ans il peut verbaliser des émotions plus complexes comme le dégoût ou la surprise.

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Références bibliographiques

1 - « The Link Between Personality, Global, and Domain-Specific Satisfaction Across the Adult Lifespan », Journal of Personality and Social Psychology, American Psychological association, 2023.

« Identifier les 6 émotions fondamentales », La méga boîte à outils du Manager leader, éd. Dunod, 2019.

« Exposure to negative socio-emotional events induces sustained alteration of resting-state brain networks in older adults », Nature Aging, 12 janvier 2023.

Psychosomatique et alexithymie, éd. Puf, 1992.

« Publications du laboratoire de cognition et d'émotion », faculté d’Ottawa.

« Le développement des émotions primaires durant l’enfance », A. Palama, A. Theurel, E. Gentaz, Laboratoire SMAS, FPSE, Université de Genève, Médecine & enfance, septembre 2017.

« L'alexithymie : entre déficit émotionnel et processus adaptatif », Céline Jouanne, dans Psychotropes, 2006.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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