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Des animaux pour tous les maux
Des cochons d’Inde qui parlent, des chevaux qui murmurent, des abeilles qui vibrent… Les bienfaits des animaux sur les humains sont désormais exploités par de nombreux professionnels. La zoothérapie, discipline née aux États-Unis, fait des émules en France, et les animaux deviennent un élément à part entière de la thérapie.
Facilitateurs de conversation, présences vivantes dans une maison, compagnons d’exercice, confidents, nos animaux jouent une multitude de rôles auprès de nous, devenant bien souvent des membres à part entière de la famille. Certaines personnes vont jusqu’à inclure des animaux au sein de leur activité d’aide et d’accompagnement face à diverses pathologies afin de créer des thérapies innovantes. « Dans ce type de thérapie, l’animal est un médiateur », précise François Beiger, fondateur de l’Institut français de zoothérapie. Il n’est donc ni le thérapeute, ni un médicament.
La « zoothérapie » a une histoire relativement ancienne. On compte de nombreux exemples, aussi occasionnels que sporadiques, de personnes ayant intégré un animal à leur processus de soin. C’est cependant un psychiatre américain, Boris Levinson, qui va réellement fonder cette approche. Lors d’une rencontre avec un enfant autiste en 1953, le praticien oublie que Jingles, son chien, est resté dans son cabinet. Celui-ci va alors interagir avec l’enfant lequel, habituellement renfermé, recherche son contact. Cette expérience conduira Boris Levinson à fonder la « pet-facilitated psychotherapy » (psychothérapie facilitée par l’animal). Avec la création de son institut en 2003, François Beiger fait partie des personnes qui ont favorisé l’essor de la médiation par l’animal en France. Selon lui, cette spécialisation fait des émules et attire un nombre croissant de professionnels dans le pays.
À cheval sur la thérapie
De nombreuses études se sont penchées sur les liens entre animaux et santé. En 2017, l’une d’elles, publiée dans la revue Scientific Reports, mettait en avant un lien entre le fait de posséder un chien et un moindre risque de souffrir d’une maladie cardiovasculaire. Selon l’étude, cette situation était liée à une dimension émotionnelle mais aussi à l’exercice physique associé à la possession de cet animal. Sandra Lecomte est cofondatrice d’un centre de formation à la médiation équine qui reçoit aussi du public pour travailler au contact des chevaux. Selon elle, la médiation animale, et notamment la médiation équine, se distingue d’autres thérapies notamment par cette dimension de mouvement. « Dans une thérapie classique, c’est seulement le mental que l’on met en jeu, explique-t-elle, alors qu’avec les chevaux il y a cette dimension corporelle mais aussi émotionnelle qui permet de générer une énorme motivation. » Selon la médiatrice, le cheval peut parfois permettre de redynamiser un patient au cours d’une thérapie plus « traditionnelle ».
Dans son centre, Sandra Lecomte accueille tout type de public. Elle y travaille avec d’autres professionnels et propose des activités de médiation à visée éducative et sociale, destinées par exemple à des personnes en réinsertion, mais aussi à visée plus psychologique ou bien pour de la rééducation motrice. Lors de ces activités, ce n’est pas de l’équitation qui est proposée mais bien une forme de thérapie assistée par l’animal, lequel devient médiateur. « On peut aller voir les chevaux au pré, les panser, les promener, l’important est dans le ressenti de la personne, pas dans l’activité, détaille-t-elle. Si l’on monte à cheval, il est tenu en longe pour permettre au public de faire l’expérience du balancement ou même de la méditation. » La médiatrice décrit des bienfaits évidents de ce lâcher-prise et de cette ouverture à l’autre constatés sur ses patients qui iraient souvent au-delà des objectifs individuels définis au préalable. Dans le cas spécifique de la rééducation fonctionnelle, le simple fait de monter à cheval mettrait en marche près de trois cents muscles différents, selon Sandra Lecomte. « La médiation équine a des effets positifs à la fois sur la tête, le corps et le cœur », assure-t-elle.
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Un cheval à l’hôpital ?
Les vidéos d’un grand cheval alezan avançant doucement dans les couloirs d’un hôpital pour visiter les malades d’un service de soins palliatifs ont généré beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Il s’agit de Peyo, ancien cheval de compétition qui « intervient » notamment au sein du centre hospitalier de Calais. Pour s’y déplacer, il prend même l’ascenseur. Selon Sandra Lecomte, médiatrice équine, l’exemple de ce cheval est exceptionnel et cette pratique ne pourra que difficilement se démocratiser, par manque d’infrastructures adaptées aux animaux et en raison du coût de l’opération. Pourtant, les retours du terrain sont très positifs avec des patients qui semblent présenter un apaisement important après la visite de l’animal. Durant la pandémie de Covid, un protocole spécial a même été établi pour Peyo, qui a continué de rendre visite aux patients… par la fenêtre.
Les petites bêtes à l’honneur
Au sein de l’Institut français de zoothérapie, François Beiger accueille en formation des élèves issus des métiers de la santé et du social. En 2021, l’institut a formé 582 professionnels à cette spécialisation. Cependant, les humains ne sont pas les seuls à devoir être initiés : « On ne peut pas travailler avec n’importe quel animal, il est le médiateur et il faut qu’il soit éduqué pour ça, détaille François Beiger. Il faut une éducation très douce et mettre l’accent sur la relation avec son maître. » De plus, tous les animaux n’auraient pas les dispositions idéales pour travailler dans le cadre de ce type de médiation. Parmi les chiens, le professionnel conseille des races comme les goldens ou les bergers australiens. Chez les équidés, ce sont plutôt les poneys ou les ânes qui seraient à l’honneur. Au sein des rongeurs, « les cochons d’Inde sont les meilleurs.: ils parlent sans arrêt donc on peut créer une vraie conversation avec eux », précise-t-il.
Célia Mascré travaille dans le domaine de la médiation animale assistée d’une quinzaine de compagnons animaux. Sensibilisée à travers une expérience personnelle à l’emploi de chiens pour apporter du réconfort à des patients atteints de troubles psychiques, et bien que n’étant pas issue du milieu médico-social, elle a suivi des formations pour travailler dans la médiation animale. En plus de son chien golden retriever, d’un furet et d’un chat, elle inclut maintenant dans son travail des lapins et des cochons d’Inde. Bien accompagnée, la jeune femme travaille avec des publics divers telles des crèches où elle pratique des activités liées à l’éveil. Elle se spécialise cependant dans la médiation destinée aux personnes atteintes de troubles du spectre autistique auprès desquelles elle intervient aussi bien au sein d’instituts spécialisés qu’à domicile. Elle met en avant un travail permis par la relation qui se tisse entre le patient et l’animal ouvrant la voie à un cheminement avec des objectifs précis. « Sans langage verbal et sans jugement, l’animal va per.mettre au bénéficiaire de s’ancrer dans un temps présent, dans une relation sincère, détaille-t-elle. L’animal ne ment pas, ne triche pas, ne fait pas semblant, ce qui crée une relation de confiance et d’apaisement incroyable. »
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La ronronthérapie, ça nous fait vibrer
La popularité des bars à chats suffit à démontrer la fascination qu’exercent ces animaux sur les foules. Un vétérinaire toulousain, Jean-Yves Gauchet, aurait initié cette tendance en affirmant que les ronronnements des chats auraient un effet bénéfique sur le corps humain. Ce phénomène serait lié à l’activation de l’un de nos récepteurs sensoriels : les corpuscules de Pacini, logés dans les couches profondes du derme. Ceux-ci seraient particulièrement sensibles aux vibrations et répondraient à ces stimuli en dégageant de grandes quantités d’endorphine. Ce phénomène expliquerait selon le vétérinaire l’effet apaisant des chats : la ronronthérapie était née.
L’apaisement du rucher
Il est une partie du monde animal à laquelle on ne pense pas spontanément lorsque l’on parle de bien-être et de santé : les insectes. Installée dans les Hautes-Pyrénées, Catherine Flurin, issue d’une famille de médecins sur huit générations, a ressenti très jeune une fascination pour les abeilles et l’envie de soigner les autres à l’aide de ces insectes. Au sein de son rucher exploité selon des méthodes qui respectent le bien-être des abeilles, elle a développé de nombreux produits à base de miel et de propolis. Et depuis deux ans, elle a mis au point un système qui exploite les bourdonnements d’une ruche et permet aux personnes de se mettre en relation avec la vibration produite par les abeilles. Il s’agit d’un cube en bois posé au-dessus de la ruche, de laquelle il est isolé. « Les abeilles sont en liberté et on peut rentrer dans la ruche du côté opposé et profiter du bercement bénéfique par contact direct avec l’essaim, mais à travers les vibrations », explique Catherine Flurin. Une technique qui a le bénéfice d’être sans risque et ouverte à tout public.
Elle décrit les chambres des abeilles comme « un soin complet » qui aurait des effets tant sur le psychisme que sur le corps. « On retrouve cette tradition dans de nombreux pays comme l’Ukraine ou la Chine de venir respirer la ruche et de se mettre en relation avec ses vibrations », développe l’apicultrice. Les ruchers sont en effet déjà connus pour leurs bienfaits, tel l’action bénéfique d’une des phéromones sécrétées par les abeilles, le palmitate de méthyle, bénéfique pour les personnes asthmatiques ou migraineuses lorsqu’elles respirent l’air qui en est imprégné. Catherine Flurin devrait bientôt voir son invention dépasser les frontières de son rucher : un hôpital envisage de faire construire des chambres des abeilles à destination du personnel soignant. À suivre…
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La zoothérapie, ou médiation par l’animal, prend donc différentes formes en France. Il faut cependant bien comprendre qu’il s’agit d’un outil à disposition de professionnels issus des milieux de la santé, de la psychologie ou de l’éducation. La profession de zoothérapeute n’existe pas à proprement parler, et possède aussi ses détracteurs qui mettent en avant des éléments comme la question du bien-être animal. « Il y a des personnes qui pensent que notre activité comporte le risque de martyriser les chiens, commente François Beiger, c’est pour cela qu’il faut mettre en place une réglementation, ce que j’essaie de faire en discutant avec certaines instances, comme le ministère du Travail. » La question reste en suspens puisqu’à l’heure actuelle la discipline n’est pas encadrée, ce qui laisse la place à certaines dérives.
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