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Diabète, hypertension, cancers masculins : pas de fatalité !
Les hommes ne savent-ils donc pas prendre soin d’eux ? Traditionnellement associé à la force et à la puissance physique, le corps des hommes n’en est pas pour autant en meilleure santé que celui des femmes. Difficultés à prendre soin de soi, honte de consulter, méconnaissance de son corps… La santé au masculin reste peu médiatisée, l’occasion pour nous, en ce mois de novembre, de faire un point et de vous apporter des solutions concrètes.
Dans le monde en général et en France en particulier, les hommes souffrent plus du cancer que les femmes et en meurent plus. D’autres maladies les touchent davantage, et parfois plus mortellement, tels le diabète, l’hypertension ou les calculs rénaux. Si certains facteurs biologiques entrent en jeu, la plupart de ces pathologies peuvent être limitées par une meilleure hygiène de vie.
Les hommes, plus souvent victimes de cancers… évitables
Dans l’Hexagone, les cancers sont la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme. Sur l’ensemble des cancers détectés chaque année, 58 % concernent des patients masculins. En tête, le cancer de la prostate (un quart des cancers masculins), du poumon, du colon et du rectum, du sang et de la vessie.
Toutefois, les cancers masculins les plus mortels (poumon, colorectal, prostate et vessie) sont les plus liés au mode de vie, donc évitables. En effet, le tabagisme expliquerait près de 90 % du risque de cancer du poumon chez l’homme, et 90 % des cancers colorectaux pourraient être évités par une meilleure hygiène de vie.
Quant au cancer de la prostate, si vous présentez un risque génétique accru de le développer, une étude récente indique que le respect d’un mode de vie sain (maintien d’un poids santé, pratique régulière de l’exercice physique et non tabagisme) réduit de près de 50 % votre risque d’en développer une forme mortelle. Il en va de même pour le cancer de la vessie, très souvent causé par le tabagisme (lire encadré ci-dessous).
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Cancer de la vessie : le « cancer du tabac » ?
Le cancer de la vessie touche à 75 % des hommes. Le facteur de risque le plus courant qui lui est associé est la cigarette : le tabagisme serait responsable de 53 % des cancers de la vessie masculins et augmente de 5,5 fois les risques d’en souffrir.
En cause, très certainement, les additifs contenus dans les cigarettes qui endommageraient l’ADN des cellules. Souvent diagnostiqué aux alentours de l’âge de 70 ans, ce cancer se manifeste généralement par du sang dans les urines, des mictions fréquentes et a malheureusement un taux de récidive élevé, de l’ordre de 50 à 70 %.
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Des maladies liées au mode de vie
Comme l’explique Sae Woong Kim (président du département d’urologie de l’hôpital St. Mary à Séoul) dans une publication s’alarmant sur le sujet, même quand ils sont malades, les hommes ont « tendance à ignorer leurs symptômes » et à « attendre qu’ils disparaissent naturellement ». Ils sont aussi moins susceptibles de suivre les prescriptions médicales. A contrario, nombre d’études montrent que les femmes ont un « plus fort désir » de se faire soigner et un plus grand intérêt pour la prévention des maladies.
Les hommes, eux, sont plus susceptibles d’être en surpoids, de consommer de la malbouffe ou des boissons sucrées, et se montrent globalement moins informés en matière de nutrition. Par ailleurs, une étude mondiale montre qu’ils représentent 72 % des décès dus au tabagisme et 65 % des décès dus à l’alcool. Cette tendance est peut-être liée aux injonctions à la virilité selon lesquelles un homme doit être fort et ne pas se plaindre. Il n’en reste pas moins que les hommes pourraient prévenir certaines des maladies qui les touchent le plus, telles le diabète de type 2, l’hypertension ou les calculs rénaux, très liées à une alimentation déséquilibrée et au manque d’exercice.
Les maladies cardiovasculaires : typiquement masculines ?
On associe volontiers les maladies cardio-vasculaires (crises cardiaques, AVC, thromboses, etc.) au sexe masculin. C’était vrai jusqu’à il y a peu. Désormais, dans le monde, comme le rappelle le British Medical Journal, les maladies cardio-vasculaires sont responsables de davantage de décès chez les femmes (35 %) que chez les hommes (32 %). Cette « perception erronée » découlerait du fait que ces maladies se manifestent différemment et à un âge différent chez la femme.
Les hommes développent en général des maladies cardio-vasculaires à un plus jeune âge et ont une plus forte propension à développer une maladie coronarienne, souvent liée à l’excès de mauvais cholestérol. Les femmes, elles, courent un risque plus élevé d’AVC, mais qui survient souvent à un âge avancé. Par conséquent, si on observe les deux sexes vers la cinquantaine, les hommes sont plus nombreux à être touchés, mais ces différences se lissent avec l’âge. Nombre de ces pathologies peuvent elles aussi être évitées en adoptant un mode de vie plus sain.
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Le steak frites qui fait mâle
Les hommes devraient-ils manger plus de végétaux ? Des chercheurs new‑yorkais ayant compilé la littérature scientifique répondent oui. Ce type d’alimentation, à base de légumes, de fruits, de graines, de légumineuses, a des effets protecteurs démontrés contre le diabète, l’hypertension et le mauvais cholestérol (qui touchent plus les hommes) et aide à prévenir du cancer de la prostate et de la dysfonction érectile. Une autre étude montre également qu’adopter un régime végétarien réduit de 22 % les risques de cancer colorectal chez l’homme.
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Références bibliographiques
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