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Santé mentale masculine : silence, on pleure

  • Santé mentale des hommes : un constat alarmantSanté mentale des hommes : un constat alarmant
Article paru dans le journal nº 117

Les hommes ne savent-ils donc pas prendre soin d’eux ? Traditionnellement associé à la force et à la puissance physique, le corps des hommes n’en est pas pour autant en meilleure santé que celui des femmes. Difficultés à prendre soin de soi, honte de consulter, méconnaissance de son corps… La santé au masculin reste peu médiatisée, l’occasion pour nous, en ce mois de novembre, de faire un point et de vous apporter des solutions concrètes.

Dans les pays occidentaux, les hommes se suicident trois fois plus que les femmes (lire encadré ci-dessous). Ces chiffres, frappants, ne sont que la partie visible de troubles de santé mentale souvent minimisés par les hommes, qui ont pourtant deux fois moins recours à un psychologue que les femmes.

Dépression : des symptômes différents de ceux des femmes

Dans une publication scientifique consacrée à la santé mentale des hommes parue en 2016, John Ogrodniczuk, professeur canadien en psychiatrie, s’inquiète de ces forts taux de suicides masculins qu’il qualifie d’"épidémie silencieuse " difficile à identifier car les hommes expriment de " manière particulière " leurs conflits émotionnels. Aux premiers stades d’une dépression par exemple, l’irritabilité, la colère, l’agressivité, des comportements à risques (consommation d’alcool, de drogues, conduite automobile dangereuse) ou une tendance à la fuite peuvent masquer des symptômes plus " typiques " comme la tristesse, les pleurs ou une perte d’appétit.

Ce n’est que récemment que les spécialistes ont " commencé à reconnaître " que, chez les hommes, ces types de signes peuvent être des indicateurs précoces de dépression. En effet, lorsque l’on prend en compte ces symptômes " atypiques ", la dépression est aussi fréquemment diagnostiquée chez l’homme que chez la femme. Pourtant, de nombreux professionnels continuent de considérer la dépression comme une maladie essentiellement féminine.

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Les hommes représentent 75 % des suicides

Les femmes ont plus de pensées et de comportements suicidaires (2 à 4 fois plus de tentatives que les hommes) mais ces derniers ont un taux de suicides aboutis 3,5 fois supérieur.

Ils emploient notamment plus fréquemment des moyens plus létaux, comme la pendaison ou les armes à feu.

Si vous, ou l’un de vos proches, nourrissez ce type de pensées, composez le 3114, la ligne de prévention suicide où un professionnel vous apportera le soutien nécessaire.

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Divorce, veuvage, quarantaine : des périodes à risque

Il existe des moments charnière de la vie des hommes, comme un licenciement, une rupture ou les mois suivant l’arrivée d’un enfant (lire encadré ci-dessous "Baby-blues, les pères aussi") qui les exposent à un plus grand risque de dépression et d’actes suicidaires. À la quarantaine, par exemple, les taux d’hospitalisation pour tentative de suicide atteignent leur maximum, et diminuent ensuite pour remonter après 75 ans

Un phénomène qu’a pu observer le Dr Jean-Claude Nataf qui constate souvent chez ses patients veufs et âgés une " extrême solitude ", souvent couplée à une consommation d’alcool plus élevée. Or, comme le rappelle le psychiatre John Ogrodniczuk, l’un des principaux problèmes qui empêche les hommes de bénéficier de soins psychologiques est leur difficulté à demander de l’aide. Ainsi, nous avons tous un rôle à jouer pour mieux repérer ces premiers signes chez nos proches, afin de leur tendre la main.

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Une testostérone qui a bon dos

En matière de santé mentale également, les stéréotypes liés à la masculinité semblent jouer un grand rôle et les " excuses biologiques " avoir bon dos. La testostérone, par exemple, a longtemps été présentée, à tort, comme un alibi aux comportements agressifs de certains hommes. On sait aujourd’hui que son rôle est, en réalité, plus complexe et que ces comportements résultent surtout d’une meilleure acceptation, voire d’une valorisation, chez les hommes, de la colère ou de l’agressivité.

Le Dr Nataf voit malheureusement " peu d’évolution " à ce sujet. Ses patients de sexe masculin peinent à évoquer leurs émotions et à aborder des sujets intimes : " C’est souvent en partant, sur le pas de la porte, à demi-mot, qu’ils évoquent ce qui les préoccupe vraiment. Or, cette forme de machisme complique la discussion avec le médecin. " Si des sondages récents montrent que les hommes ressentent encore deux fois plus de honte que les femmes à avouer suivre une psychothérapie, les jeunes générations expriment mieux leurs émotions, et considèrent moins la sensibilité comme un trait négatif.

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Baby blues : les pères aussi

Daddy blues

Manque de sommeil, sensation d’étouffer sous le poids des responsabilités : le baby blues toucherait 5 à 10 % des jeunes pères, notamment ceux qui ont eu une enfance difficile ou qui croient leur « vie d’avant » totalement révolue. Apparaissant dans les premiers mois suivant la naissance, le « daddy blues » se manifeste par de la fatigue, des insomnies, un repli sur soi et une irritabilité, notamment face aux gestes quotidiens liés à l’enfant et durant lesquels le père peut se sentir « incapable » ou « dépassé ».

Le daddy blues est une dépression, généralement passagère, mais à ne pas minimiser car elle génère des difficultés à se connecter avec l’enfant et des disputes avec le conjoint. Elle peut être prise en charge par un travail sur la confiance en soi ou des séances avec un psychothérapeute.

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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé