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Tests de détection et chélation, toujours une bonne idée ?

  • Les tests de détection des métaux lourds sont-ils fiables ?Les tests de détection des métaux lourds sont-ils fiables ?
Article paru dans le journal nº 96

Plomb, mercure, aluminium… On voit mal ce que ces substances viendraient faire dans notre corps. Pourtant, via notre alimentation, nos médicaments, l’air ou l’eau, les métaux dits « lourds » parviennent à pénétrer nos organismes pour s’y accumuler et causer des dégâts. Les tests de détection des métaux, les chélations ou le retrait des amalgames dentaires sont de plus en plus pratiqués. Pour autant, sont-ils sans risques et surtout utiles ?

C’est un des chevaux de bataille du Dr Fiamma Ferraro qui rappelle qu’il ne serait « pas sérieux du point de vue clinique de rendre les métaux responsables de tous les maux ». Selon elle, dans la plupart des cas, ils sont certes un facteur aggravant d’une pathologie préexistante, mais pas systématiquement le facteur déclenchant. Elle déplore que certains patients soient convaincus qu’on ne peut attribuer leurs symptômes qu’à une intoxication aux métaux. Pour cause, les symptômes d’une intoxication chronique sont tellement divers (lire ci-dessous) qu’il est difficile de s’y retrouver.


Les symptômes d’une intoxication chronique aux métaux lourds

Une intoxication chronique est une exposition à faibles doses durant au moins une année. Le Dr Fiamma Ferraro liste des symptômes qu’elle retrouve chez ses patients en précisant que, même si vous en cumulez plusieurs, les métaux toxiques n’en sont pas forcément la cause principale :

    • Sautes d’humeur, irritabilité
    • Amnésie, mauvaises performances cognitives
    • Fatigue, lassitude, faiblesse
    • Spasmes ou crampes musculaires
    • Insomnies, migraines
    • États convulsifs, hallucinations, vue brouillée
    • Névralgies, fourmillements
    • Dépression
    • Alopécie (possiblement liée en partie à une intoxication au cadmium)
    • Allergies
    • Symptômes respiratoires (emphysème, asthme)
    • Douleurs abdominales
    • Inappétence, diarrhée, constipation, nausée, goût métallique dans la bouche (signe possible d’une intoxication au mercure)
    • Affections de la peau
    • Anémie
    • Ostéoporose/fragilité des os (possiblement en lien avec une intoxication au cadmium).

Chélation, retrait des amalgames au mercure : pour qui, comment ?

En cas d’intoxication avérée aux métaux toxiques, une chélation par injection d’EDTA (acide éthylènediaminetétraacétique) en intraveineuse est généralement proposée. Il s’agit d’une substance qui se « lie » aux métaux pour les expulser du corps. Si ce traitement comporte peu de risques pour la santé, la plupart des autorités de santé ne le recommandent pas en traitement de routine. Pourtant, pour le Dr Fiamma Ferraro « toutes les personnes de plus de 40 ans, et qui ne vivent pas sous une cloche en verre » bénéficieraient d’une chélation et « l’EDTA est une substance relativement inoffensive et naturelle ».

Si vous envisagez ce traitement, assurez-vous de le faire réaliser via un protocole personnalisé – non standardisé – et par un médecin formé. En outre, il existe des administrations par injections rapides, par voie orale ou en suppositoires, plus pratiques que de longues perfusions qui demandent des heures de disponibilité durant de longues semaines. D’autres produits que l’EDTA, comme le DMPS (acide 2,3-dimercapto-1-propane­sulfonique), sont également proposés aujourd’hui car ils permettent de mieux atteindre les métaux stockés dans des endroits comme le cerveau. Quant au retrait des amalgames dentaires au mercure, il doit être réalisé uniquement en cas d’intoxication avérée, et par un professionnel aguerri puisqu’il peut exposer à une intoxication plus forte s’il est mal opéré.

Tests de détection des métaux : attention aux arnaques !

Pour le Dr Fiamma Ferraro, les tests de détection des métaux lourds sont, de manière générale, assez inutiles puisqu’il est « impossible de déterminer avec précision et fiabilité l’état d’intoxication générale en ne prélevant que du sang, de l’urine ou des cheveux ». La spécialiste considère cependant que le plus indicatif est le test de provocation avec EDTA ou DMPS qui mesure les métaux dans l’urine avant et après injection de substances qui provoquent leur expulsion.

Chercheur à l’Inserm, Éric Serée a mené les études qui ont permis de développer l’un des tests de détection des métaux lourds actuellement sur le marché. Il explique que l’urine est un marqueur d’élimination, et les métaux se stockant dans les tissus, les mesurer est un problème. Il s’inquiète du succès croissant de tests prétendant détecter les métaux lourds en quelques minutes, par simple apposition des mains sur un appareil, tests qu’il qualifie de « supercheries sans aucun fondement scientifique puisqu’elles ne font l’objet d’aucune étude clinique publiée ». Cependant, quelques critères permettent de reconnaître un test de qualité (lire ci-dessous).


Faire un bilan d'intoxication par les métaux

Pour tester votre taux de métaux toxiques, demandez à votre médecin une prise de sang, des selles ou des urines visant à détecter ces métaux (pour certains spécialistes, le plus efficace est le test urinaire de provocation avec EDTA ou DMPS). S’il est positif, un test capillaire complémentaire vous permettra d’avoir une idée de votre intoxication sur les trois derniers mois. Favorisez les laboratoires français et vérifiez qu’un spectromètre de masse est utilisé, ce qui garantit une plus grande précision des résultats.

À savoir : Les tests de détection des métaux lourds ont leurs limites et doivent être pris comme une indication.


La valse précise des métaux

Une étude du chimiste anglais surnommé Christopher Exley alias « monsieur aluminium » illustre à quel point la chélation n’est pas à prendre à la légère et la « valse » des métaux dans le corps complexe. En 2003 avec son équipe, il découvre lors d’expériences in vitro qu’une chélation de l’aluminium et du fer pourrait limiter la formation de plaques bêta amyloïde (en cause dans des maladies comme Alzheimer) alors qu’une chélation du cuivre et du zinc sans chélation de l’aluminium et du fer pourrait au contraire l’exacerber.

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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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