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Accompagner le post-partum

  • L’enfantement n’est qu’une étape de la périnatalité.L’enfantement n’est qu’une étape de la périnatalité.
Article paru dans le journal nº 115

Des bouleversements majeurs affectent plusieurs dimensions de la vie d’une femme suite à son accouchement. Par leur diversité, ils façonnent le paysage de cette période appelée post-partum. S’il est difficile d’appréhender la singularité de cette expérience, identifier les phénomènes en jeu et leurs origines peut être un socle pour bien l’accompagner. Partie-1

Il est commun dans notre culture de choyer la femme pendant sa grossesse, puis de consacrer ces intentions au bébé à sa naissance. Quoi de plus normal  ? Mais ce brutal transfert d’attention, qui confirme qu’il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne, témoigne surtout d’une vision étriquée de la maternité, dans laquelle l’accouchement est perçu comme le dénouement d’un processus. On protège la femme enceinte, puis le bébé. Il y a cependant un indice dans la racine du mot " materner " qui induit à qui revient ce privilège. S’émerveiller du nouveau petit être ne devrait pas priver celle qui l’a fait naître des égards dont elle a besoin pour materner.

Le post-partum, combien de temps ?

On pourrait croire, étant donné la durée proposée pour s’occuper de son nourrisson après l’accouchement et avant la reprise du travail, que le post-partum ne dure que quelques semaines. Il faut décorréler les phénomènes vécus pendant cette étape de la périnatalité et la capacité à reprendre des activités. Si le ministère de la Santé juge ces quelques semaines suffisantes – alors que d’autres pays allouent presque un an –, cela ne veut pas dire que la saison des bouleversements se termine pour autant. On entend plusieurs approches pour en parler, quarante jours (le mois d’or), trois mois (le « quatrième trimestre de grossesse » ou la matrescence), six mois, un an… et jusqu’à trois ans. En réalité, toutes ces durées sont justes, elles correspondent à des étapes du post-partum.

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L’enfantement n’est qu’une étape de la périnatalité, suivi par le post-partum, intensément transformateur et plus gourmand en soins que l’étape précédente. Beaucoup de femmes ont finalement l’impression que tout commence là, alors qu’elles croyaient terminer quelque chose. Cette méconnaissance amène encore aujourd’hui à ne considérer que le premier mot dans " congé maternité ", niant l’ambivalence des premiers mois avec un nouveau-né totalement dépendant, dans un corps en rémission, en pleine crise identitaire, transition conjugale, parentale, amicale… Cette épreuve sociale où tout le monde estime avoir son mot à dire peut alourdir ces nouveaux rythmes, cette physiologie chahutée et ces remises en question, au lieu de les soutenir.

Parallèlement, les moyens pour accompagner le post-partum font plus souvent appel aux médicaments qu’à un personnel dédié. La première association d’idées liée au post-partum est le baby-blues, puis la dépression, en majorité traitée par antidépresseurs et anxiolytiques. Pourtant, plusieurs approches, peu connues, peuvent consolider cette transition de vie. L’image du post-partum a ceci de paradoxal qu’il est tantôt sous-estimé, tantôt vécu d’une manière assez sombre. Cette période ne donne pas seulement naissance à un enfant, mais aussi aux mère(s), père(s), frères, sœurs, grands-parents, oncles, tantes, qui découvrent leurs nouvelles identités au gré des expériences. Avec une meilleure préparation et de la bienveillance, ce cheminement peut être merveilleux. Il est vécu différemment selon les cultures, soit la manière dont une société s’organise autour des naissances, alors que, sur le principe, les évolutions physiologiques de la maternité sont universelles. Il est intéressant de confronter cela au paradigme dans lequel on perpétue la vie dans notre culture, entre hypermédicalisation, rupture du lien et maintien de l’économie.

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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé