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Un accouchement physiologique : pourquoi, pour qui ?

  • L'accouchement physiologique : accessible à toutes ?L'accouchement physiologique : accessible à toutes ?
Article paru dans le journal nº 99

« Tu enfanteras dans la douleur », dit la Bible « … et à l’hôpital ! » ajoute notre monde moderne. Et si ni l’un ni l’autre n’étaient des passages obligés ? De nouvelles voies existent vers un accouchement physiologique où la douleur peut parfois même céder la place… au plaisir ! Tour d’horizon des méthodes – et états d’esprit – qui permettent de mieux profiter de la magie de ce moment de vie.

Ce qui freine les femmes qui, de plus en plus nombreuses, souhaitent vivre un accouchement moins médicalisé, c'est d'abord la peur. Afin de dissoudre ces craintes, il importe de comprendre comment agit le corps si on le laisse dérouler le processus physiologique de l’accouchement et en quoi la structure hospitalière est loin d’être idéale pour le favoriser.

L’hôpital contrarie le cerveau primitif

Julie Toutin, doula en Dordogne [NDLR : la doula accompagne les femmes avant, pendant et après un accouchement physiologique], explique dans Naître ici, guide de la naissance respectée en France (éditions Mama) : « Ayant travaillé dix ans en tant qu’auxiliaire vétérinaire, je relie aisément la naissance humaine à la naissance animale. Je disais aux propriétaires de chattes, de chiennes, de juments avant une naissance : “Laissez-les seules, installez-leur un espace douillet et surveillez de loin.” Il serait si logique d’appliquer ces conseils aux femmes. »

En effet, s’il permet de parer à une éventuelle urgence, l’interventionnisme médical vient contrarier l’évènement ancestral, animal qu’est l’acte de donner la vie, et peut le ralentir, voire le stopper. Cette intuition, qu’ont toujours eu beaucoup de sages-femmes, est aujourd’hui étoffée par des études scientifiques, au point que certains pays recommandent aux femmes sans grossesse à problème de favoriser l’accouchement à domicile (voir encadré ci-dessous "Le mythe de l’accouchement qui dérape en quelques secondes").

Un cocon favorable à l’ocytocine

Pour favoriser l’accouchement physiologique, il est important de ne pas contrarier la production d’ocytocine, hormone qui permet les contractions et la dilatation du col de l’utérus. Pour ça, il faut limiter la lumière, les bruits, les touchers, les demandes de poussées artificielles, le stress et la réflexion. En bref, il faut « aider la femme à laisser son néocortex de côté » (voir encadré « Mettre le néocortex en "mode avion" »), soit à peu près le contraire de ce qui est fait en milieu hospitalier.

Que ce soit à l’hôpital, à domicile ou en maison de naissance, l’endroit idéal pour un accouchement doit donc être plutôt sombre, calme et d'une température d’environ 25 °C. L’adrénaline, hormone du stress, contrarie la production d’ocytocine et favorise un travail plus long ; les soignants et accompagnants doivent donc veiller à ne pas transmettre leur stress à la future maman.


Mettre le néocortex en « mode avion »

L’hormone ocytocine est essentielle au bon déroulement d’un accouchement physiologique. L’activation du néocortex (la zone du cerveau qui gère la perception, les sens, la pensée et la parole) contrarie la production de cette hormone. Ainsi, durant le travail, mieux vaut éviter de poser à la femme trop de questions qui appellent à la réflexion (préférez les questions fermées), éviter de la toucher sans cesse et la laisser dans sa « bulle ».


 

La loi des sphincters tu respecteras

Dans son best-seller Le guide de la naissance naturelle (éditions Mama), la sage-femme Ina May Gaskin détaille la « loi des sphincters », dont les principes permettent de comprendre comment favoriser un accouchement naturel mais aussi pourquoi il est si facilement contrarié à l'hôpital :

  • les sphincters (vagin, col de l’utérus et anus) fonctionnent avec une plus grande efficacité dans une atmosphère qui respecte l’intimité et la pudeur ;
  • ils ne s’ouvrent pas par la seule volonté et n’obéissent pas aux ordres de type « poussez/relâchez » ;
  • si une personne est gênée, humiliée ou apeurée, son sphincter qui était en train de s’ouvrir peut brusquement se refermer.

Ainsi, les femmes ont besoin que l’on respecte leur pudeur afin de laisser leur cerveau primitif commander à leurs sphincters de s’ouvrir quand il le faut. Comme le conclut Ina May Gaskin : « Ceux qui n’ont jamais ressenti quel effet cela fait d’enfanter pendant que quelqu’un leur crie ce qu’il faut faire peuvent se faire une idée de la gêne occasionnée en s’imaginant en train de déféquer pendant qu’un inconnu planté à un mètre leur crie comment s’y prendre. »


Le mythe de l’accouchement qui dérape en quelques secondes

Dans Accouchement, les femmes méritent mieux (éd. Michalon), la militante pour un accouchement respecté Marie-Hélène Lahaye rappelle que les études scientifiques apportent la preuve que l’accouchement à domicile n’offre pas plus de risque qu’à l’hôpital et que l’argument de l’accouchement qui peut virer au drame en quelques instants est « irrationnel » et « en contradiction avec les données scientifiques ». Forts de ces données, des pays comme le Royaume-Uni recommandent aux femmes à bas risque d’accoucher plutôt à domicile ou en maison de naissance qu’à l’hôpital.


Lire aussi L’hypnose pour préparer son accouchement

Lire aussi Accouchement : les femmes méritent mieux, de Marie-Hélène Lahaye (éd. Michalon)

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé