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De la douleur… à l’orgasme
Un orgasme durant l’accouchement, vraiment ?
Témoin du phénomène de l’accouchement orgasmique, la sage-femme Ina May Gaskin a demandé à 151 femmes combien d’entre elles avaient expérimenté ce phénomène, et 21 % ont répondu par la positive. Un chiffre considérablement plus élevé que celui auquel elle s’attendait. Un sondage paru en 2013 dans une revue scientifique1 et réalisé auprès de sages-femmes estime ce type de ressenti durant l’accouchement à 0,3 %, mais d’autres l’ont évalué à 6 %. Nous ne savons donc absolument pas combien de femmes ressentent en réalité du plaisir lors d’un accouchement. Une publication scientifique de 20152 explique en effet que les femmes sont réticentes à évoquer ce phénomène de « birthgasm » en raison de possibles « récriminations sociales » inhérentes à notre culture judéo-chrétienne dans laquelle l’accouchement est associé à la douleur.
Un phénomène physique… voire mystique
Nous en savons assez peu sur le sujet mais, en passant par le vagin (très sensible durant l’accouchement puisqu’il se gorge de sang), le bébé stimulerait différents points de plaisir. De même, quatre hormones dites « extatiques » sont libérées lors de l’accouchement (l’ocytocine, les bêta-endorphines, l’adrénaline et la noradrénaline ainsi que la prolactine) et peuvent engendrer et renforcer des sensations extatiques et euphoriques. Pour d’autres spécialistes, ce phénomène va bien au-delà de la physiologie et fait appel à une connexion émotionnelle et spirituelle intense vécue durant ce fort moment de vie.
La médecin Marie-Pierre Goumy témoigne de cette « expérience transcen-dantale ». Dans Tu accoucheras dans l’extase (éd. Mama), elle détaille comment elle s’est préparée à ce type d’accouchement hors-norme grâce à la médecine traditionnelle chinoise, au chant prénatal et à l’haptonomie, mais surtout en se reconnectant profondément à son corps et son âme. Évoquant cette « force animale de survie, presque archaïque, totalement charnelle et instinctuelle », elle raconte comment cette « montée d’énergie plus progressive et expansive que l’orgasme » l’a menée durant douze heures à un état de « plénitude et de félicité » bien « au-delà » de ses limites corporelles.
Le plaisir sexuel au service d’un meilleur accouchement
Plusieurs études montrent que la stimulation du vagin ou du clitoris durant l’accouchement mais aussi le fait de faire l’amour régulièrement durant le dernier trimestre de la grossesse permet de réduire les douleurs de l’accouchement. En 1994, un chercheur a même découvert que, chez le rat, la stimulation vaginale bloque au niveau de la moelle épinière la « substance P », qui transmet au cerveau le message de la douleur. Ainsi, sortir des tabous et remettre l’intimité au cœur de l’accouchement pourrait permettre aux femmes de se laisser aller à des gestes naturels très intimes pour faciliter leur accouchement.
Dans L’enfantement entre puissance, violence et jouissance (éd. Mama), la sage-femme Hélène Goninet va encore plus loin et nous questionne : « Pourquoi ce que les femmes vivent à travers l’accouchement ne pourrait-il pas avoir un impact très fort, non seulement sur leurs accouchements futurs, mais sur toute leur sexualité ? » Elle cite l’exemple de femmes ayant vécu un viol et pour qui leur accouchement a été comme un « nettoyage sublime ». L’occasion de prendre conscience du côté tout à la fois physiologique mais aussi sacré de ce moment de vie si particulier. ◆
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1. T. Postel, dans Sexologies, octobre-décembre 2013.
2. L. Mayberry et J. Daniel, dans Journal of Holistic Nursing, novembre 2015.
Massez votre périnée pour le préserver
Bien se préparer à accoucher, c’est aussi travailler à préserver ce « lieu de passage » qu’est le périnée afin qu’il reste un endroit que la sexualité de la femme pourra à nouveau venir habiter. Pour cela, vous pouvez le préparer en le massant quelques minutes par jour, dès le huitième mois
de grossesse, avec des huiles végétales – amande douce ou germe de blé – qui vont aider à l’assouplir mais aussi à renforcer sa tonicité.
Le témoignage de Janelle
« Accoucher s’est apparenté à des sensations pré- et post-orgasmiques, mais je n’ai pas ressenti les pulsations qui accompagnent le sommet de l’orgasme. Être en harmonie avec les contractions, me relaxer entre deux contractions, tout cela a été une expérience puissante et sexuelle, mais plus remarquable qu’un orgasme, qui est davantage égocentrique et de courte durée. Accoucher est une expérience si spirituelle, si miraculeuse que l’aspect sexuel n’est pas tellement important. On est immergée dans l’amour sans ego, si bien que les sensations d’extase sexuelle et de béatitude sont un effet secondaire, un cadeau pour avoir laissé le corps faire ce qu’il sait faire tout en étant en état d’expansion de la conscience. » (Extrait du Guide de la naissance naturelle, éd. Mama).
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