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Accouchement : péri or not péri ?

  • Péridurale ou pas ?Péridurale ou pas ?
Article paru dans le journal nº 99

« Tu enfanteras dans la douleur », dit la Bible « … et à l’hôpital ! » ajoute notre monde moderne. Et si ni l’un ni l’autre n’étaient des passages obligés ? De nouvelles voies existent vers un accouchement physiologique où la douleur peut parfois même céder la place… au plaisir ! Tour d’horizon des méthodes – et états d’esprit – qui permettent de mieux profiter de la magie de ce moment de vie.

De plus en plus de femmes souhaitent accoucher sans péridurale. Pour autant, le jour J, parfois sous la pression d’un personnel hospitalier qui peut avoir tendance à la pratiquer par routine, il peut être compliqué de prendre une décision éclairée. Voici ce qu’il faut savoir pour opter pour ce type d’accouchement sans craindre la douleur pour autant.

La péridurale, si je veux, quand je veux

La militante pour un accouchement respecté Marie-Hélène Lahaye explique que « questionner la péridurale est l’exercice le plus périlleux tant cette technique médicale est perçue comme la panacée ». Pour elle, la péridurale repose en effet sur un « mensonge largement diffusé dans notre société », selon lequel « les parturientes peuvent vivre un accouchement indolore ». Malheureusement, « beaucoup d’entre elles tomberont de haut », ajoute-t-elle, non seulement car les protocoles hospitaliers rigides laissent parfois les femmes souffrir des heures avant d’en bénéficier mais aussi parce que cette anesthésie a un impact sur le bon déroulé de l’accouchement.

En effet, elle oblige à accoucher sur le dos, soit une position totalement « aberrante » au niveau physiologique, qui a tendance à ralentir l’accouchement et qui augmente de 40 % les risques d’extraction instrumentale et de césarienne par souffrance fœtale. De plus, ces techniques génèrent à leur tour des blessures qui engendrent ensuite des douleurs pouvant durer des semaines voire des mois après l’accouchement.


Le rôle du père, compagnon, partenaire…

Le jour J, nombre d’accompagnants se sentent impuissants et se mettent en retrait ou multiplient les gestes inutiles. Un des plus beaux cadeaux que vous pouvez faire à une femme qui accouche est de travailler sur vos propres peurs afin de ne pas les transmettre. Gardez en tête qu’une présence rassurante suffit généralement. Une main posée sur l’épaule ou dans le bas du dos, une serviette chaude apposée sur les tempes… Au summum de l’effort, ces petits gestes sont d’un grand réconfort. À domicile, votre rôle sera de créer une bulle dans laquelle la femme se sente à l’aise pour mettre au monde son enfant (lire "Un cocon favorable à l'ocytocine"). À l’hôpital, vous serez également un soutien pour aider la maman à faire respecter son projet de naissance par le personnel soignant. Soyez donc au courant de ses souhaits et veillez à les faire respecter lorsqu’elle sera en situation de vulnérabilité.


 

Une demande qui en cache parfois une autre

« En fait, quand j’ai demandé la péridurale, j’avais simplement besoin qu’on me dise que j’étais capable d’y arriver. » « J’ai demandé la péridurale parce que j’avais peur qu’après il soit trop tard. Si j’avais su qu’il restait si peu de temps, je ne l’aurais pas demandée. » À travers ces témoignages, qu’elle cite dans son livre J’accouche bientôt, que faire de la douleur ? la sage-femme Maïtie Trélaün questionne les besoins réels qui peuvent se cacher derrière une demande de péridurale. « Peut-être pourrions-nous entendre que sous la demande “ je veux une péridurale”, se cachent parfois d’autres besoins : “ j’ai mal, je suis fatiguée, j’ai peur, j’ai besoin d’aide”. »

Selon elle, qui a longtemps pratiqué l’accouchement à domicile, « la majeure partie du temps, cette demande correspond à la peur de ne pas y arriver, de craquer ». Or, ce moment de confusion où les femmes « craquent et déposent les armes » survient dans presque tout accouchement, et bien souvent très peu de temps avant la délivrance. Maïtie Trélaün affirme donc que la péridurale n’est pas systématiquement la réponse adaptée et qu’il suffit parfois « d’un mot, d’une main posée à un endroit précis pour orienter et éclairer les femmes vers l’issue qui est là, à portée de main ».

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L’eutonie, à l’écoute de chaque corps

Pour aider les femmes à affronter le processus de l’accouchement physiologique, Christine Chautemps, sage-femme depuis trente-cinq ans, s’est spécialisée dans une approche de conscience corporelle appelée l’« eutonie ». Cette technique consiste à explorer son ressenti face aux peurs et à la douleur pour développer le mouvement le plus efficace et approprié possible tout en engageant le minimum d’énergie. En laissant le corps « chercher par lui-même » sans le « parasiter », l’eutonie permet de se détourner des mauvaises postures et crispations. En amont du jour J, elle vous prépare à mieux surmonter la douleur grâce à de nombreux exercices que vous pouvez pratiquer avec un professionnel formé et découvrir dans le livre L’eutonie, une préparation à la naissance autrement (éditions Amyris).

 


Épisiotomie vs puissance du vagin

De nombreuses femmes se demandent souvent avant leur accouchement : « Comment quelque chose d’aussi gros peut sortir d’un endroit aussi petit ? » La sage-femme Ina May Gaskin rappelle en effet qu’une telle dilatation peut paraître « impossible » au profane mais que si nous avions plus en tête que, tout comme le sexe masculin en érection, le sexe féminin peut se distendre de plus du double de sa taille, nous éviterions de nombreuses épisiotomies, dont l’inutilité est aujourd’hui démontrée pour la plupart des cas. Ina May Gaskin propose aux femmes de retrouver la puissance de leur vagin en stimulant leur clitoris si elles en ont envie, en ne poussant que lorsqu’elles en ressentent le besoin, et en n’hésitant pas à grogner ou à faire des vocalises qui vibrent dans le bas du corps.


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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé