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Préparer son corps et sa tête au changement de saison
Alors que beaucoup se réjouissent de sortir de l’hiver et s’impatientent de retrouver les charmes printaniers, les maux hivernaux ne font pas relique et disparaissent parfois aussi timidement que fleurissent les végétaux au printemps… sensibles à la moindre variation. Qualifions cette période de véritable transition, synonyme d’adaptation. — Partie 4
Dans nos vies modernes, où se superposent les devoirs (professionnels, familiaux, administratifs) et les droits à des divertissements parfois addictifs, beaucoup d’entre nous ne succombent pas à cet appel au sommeil anticipé. Peu ont la chance ou la volonté de suivre ce modèle plus animal, plus ancestral. Nos métabolismes sont plus lents, mais on ne se repose pas « vraiment ».
En outre, la mélatonine est convertie depuis la sérotonine, un neuromédiateur majeur dans la régulation de l’humeur, dont la disponibilité diminue du fait de cette conversion augmentée lorsque les jours raccourcissent, et parce que ce sont aussi la lumière, l’activité physique et les sorties en extérieur qui stimulent sa production. Ce déclin se traduit par une difficulté à trouver des solutions créatives pour les situations nécessitant une adaptation. Émotionnellement, l’hiver peut-être vécu péniblement (irritabilité, manque de sérénité, moins de résilience, sommeil agité). C’est une période plus propice au recentrage qu’à l’extraversion ou au lancement de nouveaux projets, mais qui peut nous emmener vers la dépression.
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Par ailleurs, les autres neurotransmetteurs en pâtissent tout autant, la dopamine (pour la motivation, l’entrain) et la noradrénaline (pour la mise en place d’actions) font lacune sans le mouvement. Enfin, la lumière modifie la connectivité du cerveau, c’est-à-dire la façon dont les différentes zones communiquent. La lumière bleue instaure un dialogue plus étroit entre l’amygdale, qui intervient dans la régulation émotionnelle, et l’hypothalamus, impliqué dans le fonctionnement de l’humeur, de la motivation, du sommeil, de l’appétit… D’un point de vue cognitif et psychoémotionnel, l’hiver « actif » est là encore définitivement un challenge !
Sauvegarder le « climat cérébral »
Il est possible d'accentuer la concentration de sérotonine dans le cerveau en apportant son précurseur, le tryptophane. Un repas trop protéique limite son passage dans le cerveau (compétition d’acides aminés) si bien qu’on lui préférera un complément de L-tryptophane. Il subit une première transformation en 5-HTP (hydroxytryptophane), sauf en présence de marqueurs d’inflammation ou de stress. Dans ce cas, le cerveau préfère l’utiliser en protection. La plante Griffonia simplicifolia apporte directement le 5-HTP pour une conversion en sérotonine. Des inhibiteurs naturels de la recapture de la sérotonine – safran, millepertuis… –, sont intéressants, ainsi que la plante Rhodiola rosea qui prévient la montée du cortisol (hormone du stress favorisant l’inflammation).
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Prendre en charge la fatigue cognitive
Cette évolution de la « soupe » biochimique dans laquelle baigne le cerveau est un terrain fertile aux cogitations et ruminations en tous genres. Celles-ci sont d'ailleurs aggravées par les circonstances émotionnelles liées aux hautes attentes constatées pour le bon déroulement de la période des fêtes. Une dégradation des schémas de pensée énergivore, potentiellement génératrice de distorsion neurovégétative et acidifiante à souhait.
Adaptation synonyme de stress ?
Chaque changement appelle une tentative d’ajustement autonome. Cette procédure est l’expression de récepteurs et de messagers, mettant en action les fonctions végétatives du système neuro-endocrinien, autrement dit nos hormones et le système nerveux autonome, ceux-là mêmes qui gèrent la survie, tout comme dans les situations de stress. Ce terme en vogue du point de vue psycho-émotionnel est aussi représentatif d’un point de vue biologique concernant les ajustements permanents induits par notre environnement : plus le changement est important, plus l’énergie est réquisitionnée pour générer des réponses organiques adéquates. Les équinoxes imposent des variations qui peuvent parfois surmener cette mécanique, si bien que stabilité émotionnelle et gestion du stress serviront à ne pas majorer ces tâches.
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Emprunter le pont de l’hiver au printemps
Les températures froides stimulent le corps afin de le rendre légèrement résistant à l’insuline, de sorte que nos muscles et autres cellules ne répondent pas très bien au glucose, ce carburant qui nous donne notre énergie. Il est très probable, en fin d’hiver, que beaucoup d’entre nous se sentent un peu amorphes à la moindre activité, d’autant que la température au printemps varie énormément. Pour enrayer ce phénomène et amorcer correctement le virage vers le printemps, plusieurs pratiques peuvent être mises en place :
- Alterner des exercices d’endurance (marche, natation, vélo…) et des exercices physiques mêlant efforts intenses courts et temps de récupération, en les introduisant très progressivement dans le quotidien en seconde partie d’hiver. Cela stimule petit à petit la réponse insulinique en maintenant le métabolisme en activité, et évite le « stress » d’une reprise trop brutale. Il ne s’agit pas de randonner quatre heures un jour dans la semaine, mais plutôt, pour démarrer, de marcher une demi-heure chaque jour.
- Consommer des acides gras à chaîne longue oméga-3 (huile de poissons sauvages, de krill…) préserve des troubles affectifs saisonniers (TAS, dépression hivernale récurrente) et stimule les enzymes qui décomposent les graisses. Ils améliorent la biodisponibilité de certains antioxydants.
- Relancer les éliminations : commencer une supplémentation en minéraux, vitamines du groupe B, pollen… tout cela à faible dosage dès la fin janvier, puis saisir l’opportunité du retour des produits frais pour en consommer en crudités, en petites quantités, afin de laisser le temps à l’organisme d’ajuster sa production enzymatique qui permet de les digérer. Les démarches de drainage échoueront sur un organisme carencé puisqu’on ne peut forcer une fonction tant qu’elle n’a pas les éléments de base pour s’exécuter.
- S’hydrater : en hiver, il reste essentiel de ne pas compter que sur les boissons chaudes, qui n’ont pas les mêmes propriétés osmotiques (circulation des fluides entre les cellules). Le métabolisme s’économise si le corps reçoit peu d’eau, et l’air climatisé, le chauffage, etc. génèrent un air sec induisant une perte d’eau par les poumons.
- Reprendre ou mettre en place une « routine matinale », dans laquelle se succèdent des pratiques physiques et mentales. Léger exercice physique, douche avec une méthode d’hydrothérapie adaptée à son morphotype, écriture d’un journal ou de ses objectifs (motivation) et ses forces (confiance en soi), petit déjeuner sain (riche en protéines, bonnes graisses et nutriments, pauvre en sucres). Cette routine implique de se réveiller plus tôt. Difficile d’envisager de troquer des heures de sommeil quand on se sent fatigué, pourtant le jeu en vaut souvent la chandelle. Plus de temps pour soi, un meilleur équilibre mental, un organisme redynamisé…
- Se gorger de lumière. La luminothérapie nous escorte à la sortie de l’hiver. Cette pratique largement reconnue comme antidépresseur semble aussi fortifier les grandes fonctions organiques. Elle active la croissance cellulaire, améliore le système immunitaire, stimule les processus de guérison de l’ensemble du corps, ce qui en fait un outil de choix si l’on envisage cette transition hiver-printemps à la manière d’une convalescence.
- Enfin, si des symptômes d’encrassement persistent, on peut envisager la prise de diverses plantes drainantes. Leur mode d’action et leur cible sont à déterminer avec un praticien compétent pour évaluer le niveau de vitalité, vérifier les contre-indications et repérer les stratégies favorisées par le corps (un bilan irien et morphotypologique peut s’avérer utile).
Le romarin, un bon soutien
Le macérat glycériné de jeunes pousses de romarin est un « anti-colle » par excellence, en plus d’être un antioxydant approprié pour la sphère hépatique : il soutient la seconde phase de détoxination et protège des radicaux libres issus de la première. Il fortifie par ailleurs le système nerveux, ce qui en fait l’allié complet dans ce contexte. Il ne présente pas les contre-indications des plantes drainantes hépatiques. On le prend à raison de 5 à 15 gouttes par jour avec un peu d’eau.
Des tentatives organiques à l’image d’une nouvelle saison : en dents de scie
Il y a ce moment où l’on ne sait plus très bien se situer : la sortie de l’hiver ou l’arrivée du printemps ? Le temps est tellement changeant, tantôt plein de promesses, tantôt immobilisant, température et humidité foleyantes, tout comme nos corps et pensées, qui sont éprouvés par cette instabilité. La nouvelle saison donne parfois meilleure mine aux paysages qu’à nous-mêmes, qui fantasmons le printemps tel un sauveur. De nouvelles conditions s’esquissent, rapidement et furtivement. Tandis que l’on a souvent l’impression que l’hiver débarque du jour au lendemain, tout en s’agaçant du coup de vent glacial qui nous fait remonter les épaules aux oreilles, il est plus rare d’avoir ce même sentiment à l’arrivée du printemps. Pourtant, ce n’est pas moins brutalement qu’on se « laisse surprendre » par une journée à vingt degrés. Elle ravit nos sorties mais, pour nos organismes, c’est un véritable affolement ! Eux qui veillent à l’homéostasie, c’est-à-dire au maintien de nos constantes vitales coûte que coûte, dépensent plus d’énergie si le changement est important. Alors, 15 °C de plus en 48 heures… ce n’est pas de tout repos, en conviendront même les plus frileux, surtout pour les reperdre quinze jours plus tard. On dit parfois que le printemps est un été en pièces détachées. Pour le corps, c’est une série d’adaptations.
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