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Troubles du rythme : les médecines alternatives entrent en jeu
De nombreuses thérapies naturelles permettent d'améliorer les troubles du rythme cardiaque et il existe quelques études qui confirment cette analyse. Toutefois, la plupart des études citées ci-dessous souffrent de certains travers par rapport aux critères actuellement exigés par les grandes instances scientifiques, entre autres le manque de groupe contrôle adéquat et la taille trop petite des populations étudiées.
La raison principale de ces faiblesses est le coût exorbitant du respect des normes actuelles, un défi que seuls les organismes très fortunés peuvent relever, au nombre desquels les grandes firmes pharmaceutiques. Alors, même si la rigueur scientifique n’est pas strictement assurée, la pérennité des médecines traditionnelles reste toujours le meilleur garant d’une certaine efficacité comme d’une bonne tolérance.
L’acupuncture
Des quelques études disponibles, il ressort que la rééquilibration de la circulation de l’information dans les méridiens de santé est au moins aussi efficace que les traitements conventionnels.
- La stimulation du point Nei Guan pendant 10 séances à raison d’une séance par semaine est efficace aussi bien dans les formes paroxystiques que permanentes de la FA[1].
- Afin d’établir son efficacité dans la cardioversion, l’acupuncture a été comparée à l’injection intraveineuse d’amiodarone : elle s’est révélée plus efficace (85% de bons résultats versus 67,5%), plus rapide (40 minutes au lieu de 50) et parfaitement tolérée[2].
- L’effet à un an d’une série de 10 séances - pratiquées à la suite d’une cardioversion électrique, à raison d’une séance par semaine - est équivalent à celui observé avec la prise quotidienne d’amiodarone par voie orale : même taux de rechutes, mais une tolérance parfaite avec l’acupuncture[3].
La phytothérapie chinoise
Au terme de deux mois d’expérimentation, la prise de Shensongyangxin s’est avérée aussi efficace que le traitement par propafénone dans le cadre de la FA paroxystique, avec une tolérance bien meilleure (1,8 % d’effets indésirables contre 8,2%)[4].
La médecine ayurvédique
Elle aussi revendique une certaine efficacité dans les troubles du rythme cardiaque, mais il ne semble pas exister d’études modernes à ce sujet.
Le yoga
Une seule étude exploitable à ce jour : en seulement 3 mois, la pratique régulière de yoga - à raison de 2 séances d’une heure chaque semaine - induit chez les personnes présentant une FA paroxystique, une nette amélioration des symptômes, moins d’épisodes de tachycardie, une diminution des chiffres tensionnels quand ceux-ci étaient élevés, une réduction de l’anxiété et des manifestations dépressives[5].
La nutrithérapie
Son intérêt ne cesse de croître avec le nombre d’études qui sont consacrées depuis quelques années à l’impact des carences micronutritionnelles sur la fonction cardiaque.
- Les acides gras oméga 3
Parmi les études publiées, certaines ont été faites à partir d’Omacor, un complexe d’esters éthyliques d’acides oméga 3 synthétisé à partir d’huile de poissons et, grâce à cette pirouette considéré un médicament à part entière et non comme un complément alimentaire. La prise régulière d’Omacor ne réduit toutefois pas le risque de récidive au cours de la FA paroxystique[6].
L’EPA (acide eicosapentaénoïque), quant à lui, connu pour son action anti-inflammatoire, a montré son efficacité en réduisant le pouvoir arythmogène des foyers situés dans les veines pulmonaires[7].
Enfin, il est aujourd’hui établi que les oméga 3 sont nettement plus efficaces quand ils sont liés à des phospholipides plutôt qu’à des triglycérides, c’est-à-dire sous forme de compléments alimentaires à base de krill ou d’œufs de poules (dont le régime a été spécifiquement enrichi) plutôt que d’huiles de poissons. Ex : DHA2, un sachet par jour en cas de FA avérée et sous contrôle médical, si un traitement anticoagulant est envisagé.
Quelques minéraux essentiels au bon fonctionnement cardiaque : bien que le calcium, le magnésium et le potassium - sous forme d’électrolytes - jouent un rôle essentiel dans la régulation du rythme cardiaque, leurs statuts est souvent négligé par les praticiens et celui du magnésium tout particulièrement ![8]
Le magnésium
- Il manifeste à lui seul un pouvoir anti-arythmique au cours de la chirurgie thoracique et, associé aux anti-arythmiques, il diminue la survenue de leurs effets indésirables cardiaques[9].
- L’adjonction de magnésium au dofétilide ou à l’ibutilide, deux molécules de la même classe que l’amiodarone et comme elle utilisées dans la cardioversion médicamenteuse, améliore significativement leur efficacité[10].
Le potassium
- L’administration intraveineuse de magnésium et de potassium augmente les chances de succès de la cardioversion électrique[11].
- Les antioxydants
L’administration de vitamine C avant et après pontage coronarien réduit le risque de FA de plus de 25%[12].
Le resvératrol réduit la fibrose de l’oreillette gauche et la probabilité de FA[13].
La coenzyme Q10 diminue l’incidence de la FA chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque[14]. Il est regrettable que des essais n’aient pas été menés chez des sujets sains, ce qui aurait permis d’apprécier l’intérêt de cette substance dans la prévention primaire.
La N-acétylcystéine (NAC), acide aminé non essentiel (c’est-à-dire normalement produit en quantité suffisante par l’organisme) qui favorise la synthèse de glutathion :
- supplémentation en NAC avant une intervention chirurgicale sur le coeur réduit significativement le risque de FA[15].
-L’association de la NAC à la vitamine C réduit significativement la toxicité cellulaire de l’amiodarone[16].
Il est essentiel que la complémentation nutritionnelle soit établie par un médecin nutrithérapeute : adaptée à l’individu, elle aura plus de chances d’avoir un impact réellement favorable au bout de quelques semaines. Que cette évidence soit méconnue de certains expérimentateurs est déjà chose grave, mais que les conclusions erronées qu’ils en tirent peuvent être dramatiques est dramatique, surtout lorsque celles-ci ‘‘bénéficient’’ dune large médiatisation. Ex :
- Commencer la supplémentation en oméga 3 deux jours avant un pontage coronarien ne réduit pas le risque de FA post-opératoire[17].
- De même avec la NAC[18] et vitamine C[19] données en péri-opératoire.
Certes, d’autres essais pratiqués dans des conditions similaires débouchent sur une recommandation de ces antioxydants au cours de la chirurgie cardiaque[20], mais, pour le nutrithérapeute, les études de ce type devraient se baser sur une complémentation commencée au moins trois mois avant l’intervention et continuée bien au-delà, tout en gardant en mémoire que la correction d’un seul paramètre défectueux ne peut garantir les meilleurs résultats, plusieurs déficits coexistant très souvent chez tout patient en rupture de bien-être. Ex :
- A raison de 4 g/j sous forme d’huile de poissons, la prise d’oméga 3 pendant une moyenne de 270 jours ne diminue pas les récidives de FA[21].
[1] F. Lombardi, S. Belletti, P. M. Battezzati, and A. Lomuscio : « Acupuncture for paroxysmal and persistent atrial fibrillation: An effective non-pharmacological tool? » dans « Wordl Journal of Cardiology », March 26, 2012 ; 4(3), pp. 60-65.
[2] H. K. Xu, and Y. F. Zhang : « Comparison between therapeutic effects of acupuncture and intravenous injection of amiodarone in the treatment of paroxymal atrial fibrillation and atrial flutter » dans «Zhongguo Zhen Jiu», February 2007 ; 27(2), pp. 96-98.
[3] A. Lomuscio, S. Belletti, P. M. Battezzati, and L. Lombardi : « Efficacy of acupuncture in preventing atrial fibrillation recurrences after electrical cardioversion » dans « Journal of Cardiovascular Electrophysiology », March 2011 ; 22(3), pp. 241-247.
[4] A. H. Wang, J. L. Pu, X. Y. Qi, and coll. : « Evaluation of shensongyangxin capsules in the treatment of paroxysmal atrial fibrillation: a randomized, double-blind and controlled multicenter trial » dans « Zhonghua Yi Xue Za Zhi », June 28, 2011 ; 91(24), pp. 1677-1681.
[5] D. Lakkireddy, D. Atkins, J. Pillarisetti, and coll. : « Effect of yoga on arrhythmia burden, anxiety, depression, and quality of life in paroxysmal atrial fibrillation: the YOGA My Heart Study » dans « Journal of the American College of Cardiology », March 19, 2013 ; 61(11), pp. 1177-1182.
[6] P. R. Kowey, J. A. Reiffel, K. A. Ellenbogen, and coll. : « Efficacy and safety of prescription omega-3 fatty acids for the prevention of recurrent symptomatic atrial fibrillation: a randomized controlled trial » dans « JAMA », December 01, 2010 ; 304(21), pp. 2363-2372.
[7] K. Suenari, Y. C. Chen, Y. H. Kao, and coll. : « Eicosapentaenoic acid reduces the pulmonary vein arrhythmias through nitricoxide » dans « Life Science », July 18, 2011 ; 89(3-4), pp. 129-136.
[8] W. Gonzalez, P. I. Altieri, S. Alvarado, and coll. : « Magnesium: the forgotten electrolyte » dans « Boletin de la Asociation Medica de Puerto Rico », 2013 ; 105(3), pp. 17-20.
[9] H. V. Ganga, A. Noyes, C. M. White, and J. Kluger : « Magnesium adjunctive therapy in atrial arrhythmias » dans « Pacing and Clinical Electrophysiology », October 2013 ; 36(10), pp. 1308-1318.
[10] A. Wang : « Efficacy of class III antiarrhythmics and magnesium combination therapy for atrial fibrillation » dans « Pharmacy Pratice (Internet) », April-June 2012 ; 10(2), pp. 65-71.
[11] A. Sultan, D. Steven, T. Rostock, and coll. : « Intravenous administration of magnesium and potassium solution lowers energy levels and increases success rates electrically cardioverting atrial fibrillation » dans « Journal of Cardiovascular Electrophysiology », January 2012 ; 23(1), pp. 54-59.
[12] P. Papoulidis, O. Ananiadou, E. Chalvatzoulis, and coll. : « The role of ascorbic acid in the prevention of atrial fibrillation after elective on-pump myocardial revascularization surgery: a single-center experience--a pilot study » dans « Interactive Cardiovascular and Thoracic Surgery », February 2011 ; 12(2) ; pp. 121-124.
[13] E. Chong, S. L. Chang, Y. W.Hsiao, and coll. : « Resveratrol, a red wine antioxidant, reduces atrial fibrillation susceptibility in the failing heart by PI3K/AKT/eNOS signaling pathway activation » dans « Heart Rhythm », May 2015 ; 12(5), pp. 1046-1056.
[14] Q. Zhao, A. H. Kebbati, Y. Zhang, and coll. : « Effect of coenzyme Q10 on the incidence of atrial fibrillation in patients with heart failure » dans « Journal of Investigative Medicine », June 2015 ; 63(5), pp. 735-739.
[15] W.-J. Gu, Z.-J. Wu, P.-F. Wang, and coll. : « N-Acetylcysteine supplementation for the prevention of atrial fibrillation after cardiac surgery: a meta-analysis of eight randomized controlled trials» dans « BioMed Central - Cardiovascular Disorders », February 24, 2012 ; 12 : 10, 8 pages
[16] A. B. Durukan, B. Erdem, E. Durukan, and coll. : « May toxicity of amiodarone be prevented by antioxidants? A cell-culture study » dans Journal of Cardiothoracic Surgery », June 28, 2012 ; 7 : 61, 5 pages.
[17] C. M. Sandesara, M. K. Chung, D. R. Van Wagoner, and coll. : « A Randomized, Placebo-Controlled Trial of Omega-3 Fatty Acids for Inhibition of Supraventricular Arrhythmias After Cardiac Surgery: The FISH Trial. » dans « Journal of the American Heart Association », June 21, 2012 ; 1 ; e000547, 8 pages.
[18] B. Kazemi, F. Akbarzadeh, N. Safaei, and coll. : « Prophylactic high-dose oral-N-acetylcysteine does not prevent atrial fibrillation after heart surgery: a prospective double blind placebo-controlled randomized clinical trial. » dans « Pacing and Clinical Electrophysiology », October 2013 ; 36(10), pp. 1211-1219.
[19] P. M. Bjordahl, S. D. Helmer, D. J. Gosnell, and coll. : « Perioperative supplementation with ascorbic acid does not prevent atrial fibrillation in coronary artery bypass graft patients » dans « American Journal of Surgery », December 2012 ; 204(6), pp. 862-867.
[20] X.-H. Liu, C.-Y. Xu, and G.-H. Fan : « Efficacy of N-acetylcysteine in preventing atrial fibrillation after cardiac surgery: a meta-analysis of published randomized controlled trials » dans « BMC Cardiovascular Disorders », 2014 ; 14 : 52, 8 pages.
[21] A. Nigam, M. Talajic, D. Roy, and coll. : « Fish Oil for the Reduction of Atrial Fibrillation Recurrence, Inflammation, and Oxidative Stress» dans « Journal of the American College of Cardiology », October 2014 ; 64(14), pp. 1441-1448.
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