Accueil Traitements Arthrose à 40 ans : comment lutter ?
Arthrose à 40 ans : comment lutter ?
Non, l’arthrose n’est pas un mal réservé aux seniors. Elle peut tous nous concerner. Sa prise en charge ne peut toutefois pas, à long terme, se résumer à la prise d’anti-inflammatoires, aux effets secondaires désastreux. Il est important d’agir sur les causes profondes de cette maladie qui conduit à la destruction progressive du cartilage.
La maladie arthrosique est souvent associée à un problème de vieillissement. Autrement dit, seules les personnes âgées, chez qui l’usure se fait naturellement, développeraient de l’arthrose. " Or on constate que l’arthrose survient chez des personnes très jeunes et ce, pour diverses raisons : génétiques, traumatiques, dégradation prématurée par un excès d’usage, etc. ", explique Odile Picard-Paix, médecin généraliste et oligothérapeute, ayant également pratiqué la médecine thermale et autrice d’un récent ouvrage1 sur le sujet.
L’arthrose est une usure du cartilage articulaire qui recouvre la surface de nos extrémités osseuses. Cette surface lisse permet le bon fonctionnement des articulations, et lorsqu’elle s’érode, le glissement d’une extrémité osseuse face à l’autre se fait moins bien. Le mécanisme se rouille, le cartilage s’use, s’amincit, jusqu’à aboutir à la détérioration de l’os immédiatement situé sous le cartilage, aussi appelé os sous-chondral. " Tout cela mène aux signes cliniques et radiologiques que l’on peut observer dans l’arthrose ", poursuit Odile Picard-Paix.
Traumatismes vieux et récents
Chez les patients jeunes, les traumatismes peuvent remonter à l’enfance. Une chute ou un choc articulaire ancien qui ne sont plus prégnants dans le quotidien peuvent, même avant l’âge de 30 ans, générer des lésions arthrosiques. Un traumatisme sportif, professionnel ou lié à la vie courante, qui survient à 30 ans peut aussi déclencher une arthrose à 32 ans.
Le fait que l’arthrose survienne tôt dans la vie d’un individu est parfois lié à des antécédents familiaux. Et puis des défauts d’alignements articulaires, tels que la luxation congénitale de la hanche, les mal positions génétiques des genoux (genoux en X, en forme de parenthèses) ont un impact sur le développement rapide ou non de l’arthrose. Odile Picard-Paix : " Ces malformations bénignes ne feront pas nécessairement le lit de l’arthrose si elles sont corrigées à la naissance ou pendant l’enfance. Par exemple, par le port de chaussures adaptées ou encore avec le langeage en abduction chez les nouveau-nés présentant une luxation congénitale de la hanche. En revanche, un individu avec des genoux en X, souffrira des genoux à 35-40 ans s’il pratique la course à pied, des sports inadaptés ou qu’il est en surpoids. "
Lire aussi L'arthrose n'est pas une maladie du troisième âge
36 % des arthrosiques sont jeunes
Un patient sur trois atteint d’arthrose a moins de 40 ans. C’est ce qui ressort d’une enquête publiée par l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar)*, incluant 643 Belges et 2 822 Français. Elle révèle notamment que la période de confinement instaurée au printemps 2020 a eu un impact sur la douleur déclarée par les patients souffrant d’arthrose, dont près de 36 % ont moins de 40 ans. En Belgique, 13,1 % de la population est touchée par l’arthrose, dont une majorité de femmes, selon la Fondation arthrose. La présence de la maladie est, en outre, plus élevée au sein des classes sociales défavorisées.
Lésions et douleurs
Les lésions arthrosiques ne se détectent pas facilement au début, car le métabolisme du cartilage est peu atteint et cela ne se voit pas sur des radiographies. " Parfois c’est l’inverse : les signes radiologiques apparaissent normalement vers 40-50 ans ou plus tard, décrit la médecin, mais l’arthrose est indolore. Autrement dit, l’arthrose ne s’exprime pas toujours physiquement. Cela peut être insidieux, c’est-à-dire que l’on ne souffre pas, mais au hasard d’une radio des poumons ou de l’abdomen, les médecins constatent que la colonne vertébrale du patient est un peu arthrosique. Et ce dernier n’aura pas forcément mal de sa vie s’il ménage son dos. En revanche, certaines personnes sont victimes de petites arthroses peu évoluées se révélant extrêmement douloureuses. "
Chez un jeune, la douleur survient en général suite à un usage forcé ou prolongé de l’articulation. Elle peut se manifester par une raideur lors des premiers pas de la journée. La mise en route est plus longue, avec de petites douleurs inhabituelles. Tout est plus pénible. " Les jeunes confondent souvent la raideur des contractures musculaires avec la raideur liée à de l’arthrose débutante ", avertit Odile Picard-Paix.
L’apport des oligo-éléments…
" En consultation, je procède à un véritable interrogatoire et je remonte très loin dans l’histoire du patient, décrit la praticienne. Je l’écoute, je l’examine, je lui prescris des radios. En fonction de tout cela, s’il y a douleur, le paracétamol et la kinésithérapie peuvent soulager sur le moment. Les anti-inflammatoires sont efficaces en cas de très fortes douleurs, en appoint. Il ne faudrait pas non plus que l’action du paracétamol incite le patient à refaire un marathon… "
Arrive ensuite le traitement de fond à base d’oligo-éléments comme le cuivre. Il a une action anti-arthrosique par son rôle sur le métabolisme du cartilage qui a été prouvé en laboratoire. En outre, il possède une action anti-inflammatoire qui est très utile en cas de poussées aiguës d’arthrose qui occasionnent des douleurs jour et nuit. On augmente alors la prescription de cuivre pour réduire à la fois la durée de la poussée inflammatoire ainsi que le recours aux traitements anti-inflammatoires classiques. Le sélénium, le silicium, le soufre et le manganèse ont également un rôle anti-arthrosique. On complète le traitement avec la prescription de chondroprotecteurs comme la chondroïtine et la glucosamine et les autres pratiques, telles cures thermales, homéopathie (Bryonia ou Rhus toxicodendron 5 CH), phytothérapie, acupuncture, ostéopathie, etc.
L’objectif du traitement est de faire en sorte que l’arthrose n’évolue pas et se stabilise. Il vise aussi à diminuer la douleur, la raideur pour être en mesure de réadapter sa vie et reprendre un sport adapté. " Mon but est que le patient comprenne, au fil des consultations, que c’est à lui de prendre en charge ses articulations, de les soigner. S’il reprend le marathon trois mois après, je ne pourrai pas faire de miracle, ajoute-t-elle, c’est une question de bon sens. "
L’ordonnance en oligo-éléments coûte environ 50 euros par mois au patient. " Autrefois, tout était remboursé : consultation, oligo-éléments, chondroprotecteurs. Mais aujourd’hui, tout cela est associé à une médecine de gens un peu aisés ", regrette-t-elle.
La base du traitement anti-arthrosique décrit par la Dr Odile Picard-Paix est en tout cas le même pour tous. Il est cependant adapté à l’âge et à l’état général du patient, notamment cardiaque, rénal, hépatique, etc. La médecin s’assure " qu’il soit compatible à la prise d’autres médicaments, à de l’ostéoporose, en bref à la santé du patient, en dehors de l’arthrose ".
Lire aussi Arthrose : les soins alternatifs (V)
L’ostéopathie : du global au spécifique
« Chez le jeune et le moins jeune, l’approche ostéopathique reste la même, à savoir que je commence toujours par un rééquilibrage global du corps (ce qui permet de se débarrasser de compensations induites par l’arthrose), suivi, dans la même séance, d’un traitement symptomatique de l’articulation touchée. Mon approche est basée sur trois principaux axes : tout d’abord, travailler en décompression sur la zone incriminée pour soulager l’articulation, ensuite redonner souplesse et mobilité à l’articulation, ce qui permettra aussi de drainer, de calmer l’inflammation et donc la douleur, et enfin neutraliser les tensions générées par l’arthrose en périphérie de l’articulation (sur les muscles, tendons et ligaments). Je rappelle que l’ostéopathie ne va pas guérir à proprement parler l’arthrose ; elle s’inscrit en complément de l’approche médicale, des séances de kinésithérapie ou encore de la naturopathie. » Alexandre Besson, ostéopathe.
… et de la médecine holistique
De son côté, la naturopathe Laura Azenard2 a, à travers son combat personnel contre l’arthrose, bouleversé son existence : " Il y a dix ans, je n’étais pas naturopathe. J’étais la caricature de la “working girl” parisienne avec beaucoup de travail, de café, de tabac, de stress, de sport. J’avais une belle constitution qui me permettait de faire deux marathons par an, vingt heures de sport par semaine. Bref, le mouvement était essentiel pour moi, raconte-t-elle. Et puis, du jour au lendemain, je n’arrive plus à donner le coup de pédale supplémentaire sur un vélo. Je consulte, et là tombe un diagnostic d’arthrose considérée comme sévère. " Elle souffre d’une arthrose au grade 3 ; le grade 4 correspondant à la prothèse. Elle avoue ne pas avoir voulu entendre les signes avant-coureurs telle que l’apparition d’un kyste poplité dans l’arrière du genou. Plus elle chemine dans le parcours classique des arthrosiques – consultation chez un rhumatologue, injections d’acide hyaluronique, infiltrations, prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires –, moins elle est soulagée.
Elle comprend alors que l’arthrose n’est pas qu’une affaire de dégénérescence du cartilage liée à l’âge, mais davantage une affaire de terrain et d’inflammation. Plus exactement d’une inflammation des chondrocytes, ces cellules composant le cartilage en charge de le renouveler et qui, selon l’utilisation de l’articulation, vont créer des inflammations qui vont plus ou moins bloquer la régénération de ce cartilage.
Hygiène de vie versus déminéralisation
En transformant sa façon de manger, de boire, de dormir, de penser et de travailler, Laura Azenard dit être parvenue à réguler son terrain et à obtenir des résultats positifs vis-à-vis de l’arthrose. Elle a amorcé ce virage vers la médecine holistique par le jeûne. Pour ancrer les bénéfices anti-inflammatoires du jeûne, elle s’est intéressée à l’alimentation et aux thèses des médecins Seignalet et Kousmine. " Nous sommes tous différents, mais certaines règles s’appliquent à tous. Je pense notamment à l’éviction ou à la modération du café, boisson qui fait fuir les minéraux en épuisant les réserves alcalines ; à l’élimination des produits laitiers surtout de vache et à la modération des protéines animales, tous très acidifiants ", explique-t-elle. " Dans l’idéal, l’assiette doit être composée visuellement de 50 % de légumes. Il faut privilégier les cuissons douces et lentes qui conservent les minéraux. Les graisses consommées doivent être anti-inflammatoires, tels les oméga-3. "
À noter que la bonne santé intestinale permet de se protéger d’une inflammation mais aussi de capter tous les minéraux contenus dans l’alimentation. Car l’arthrose est aussi, on l’a compris, une affaire de minéralisation. Si le terrain est acide, le corps va aller puiser des minéraux alcalins (potassium, sodium, fer…) dans ses réserves pour se rééquilibrer, y compris du calcium dans ses réserves osseuses et articulaires.
Le diététicien nutritionniste du sport et en clinique Nicolas Aubineau rappelle ainsi sur son site3 que " les aliments contenant du potassium, du sodium, du fer, du calcium orientent vers la formation de bases, étant donné que ces ions se retrouvent sous forme de sels alcalinisants type malate, citrate, bicarbonate. Les végétaux, comme les fruits (banane, cassis, raisin, kiwi, pêche, abricot, cerise) et les légumes (épinards, carotte crue, céleri cuit, chou-fleur cru, radis, pomme de terre, tomate…) qui renferment beaucoup de ces ions se comportent comme des aliments alcalinisants. "
Pour savoir si l’organisme est déminéralisé, Laura Azenard privilégie deux méthodes. La première consiste à écouter son corps. En plus de l’arthrose, les autres manifestations d’acidose sont les crampes, douleurs musculaires, tendinites à répétition, inflammation constante, perte de cheveux, ongles cassants, caries, dents qui se déchaussent, eczéma, ostéoporose, migraines, fatigue physique et psychique, calculs biliaires et urinaires. La seconde est basée sur le test du pH urinaire à l’aide de bandelettes.
Lire aussi
Régime LUV, comment dompter l’acide urique
Lutter contre la douleur
Le dernier ouvrage de Laura Azenard2 propose un certain nombre de méthodes naturelles pour soulager la douleur. Si cette dernière est mécanique, l’algue porphyral HSP peut soulager. Le porphyral HSP est proposé en extraits secs, bien souvent associé à de l’huile de bourrache vierge, pour décupler ses propriétés anti-inflammatoires, immunostimulantes et régulatrices. Il est conseillé en cure de 3 mois.
Il y a aussi l’harpagophytum, plante à l’action anti-inflammatoire, et l’écorce de saule blanc. Cette dernière est contre-indiquée pour les personnes allergiques à l’acide salicylique, sous traitement anticoagulant ou présentant des problèmes d’estomac (gastrites, ulcères, reflux…).
Oméga-3 et curcuma (associé au poivre noir pour assurer son assimilation) sont conseillés en cas de douleur inflammatoire. La reine-des-prés est préconisée en cas de douleur accompagnée d’un gonflement de l’articulation, et enfin la valériane si elle est accompagnée de contractures musculaires. Les applications externes antalgiques et anti-inflammatoires à base d’huiles essentielles (gaulthérie couchée, menthe poivrée, eucalyptus citronné) et les cataplasmes soit froids (à base de chou rouge ou d’argile), soit chauds (au vinaigre de cidre ou au gingembre) peuvent aider.
Des bienfaits du mouvement
Il est nécessaire de s’hydrater assez avec de l’eau et d’apporter du mouvement : " Avec 6 000 pas par jour, on freine la dégénérescence articulaire, il faut donc marcher tous les jours et entretenir une musculature par des exercices de gainage et d’assouplissement, rappelle Laura Azenard, mais ajouter à cela une activité physique un peu plus intense afin de générer des endorphines et de la sérotonine permettant de mieux résister à la douleur arthrosique. " Le sommeil doit être de bonne qualité pour que les articulations puissent se régénérer. Si l’arthrose concerne les membres inférieurs, le poids est un autre facteur à surveiller. Par ailleurs, " la naturopathie ne rejette en aucun cas l’allopathie ou la rhumatologie. Il s’agit d’un tout autre métier, fait valoir Laura Azenard. Il vaut mieux recourir à une injection d’acide hyaluronique ou faire de la PRP, méthode basée sur la centrifugation du sang pour augmenter ses plaquettes (cf. AS 78, NDLR). C’est par la conjugaison de différentes solutions que l’on parvient à diminuer l’inflammation articulaire et régénérer le cartilage ".
Lire aussi La pratique du sport n’augmente pas le risque d’arthrose du genou
Bouger, oui, mais comment ?
" Autrefois, nos ancêtres qui souffraient de maladies du vieillissement n’en faisaient pas cas, raconte Odile Picard-Paix. Il était considéré comme banal de vieillir et d’avoir des douleurs. " On parlait de rhumatismes, terme qui englobait toute forme de douleur articulaire. On vivait plus difficilement physiquement qu’aujourd’hui mais on s’en préoccupait moins. Les moyens modernes ont permis d’éviter de nombreuses lésions dégénératives mais, en contrepartie, nous font faire plus de sport. On se tient mal devant l’ordinateur donc on ressent des douleurs à la nuque ou aux lombaires. On s’use différemment à travers nos loisirs, notre sédentarité. Pour la médecin, " nos ancêtres qui bougeaient plus étaient aussi plus musclés. Or, pour entretenir une articulation, il faut bien sûr des os de bonne qualité, mais aussi une bonne musculature. La structure osseuse étant fragilisée par l’immobilisme, gros facteur d’ostéoporose, il faut bouger. Bouger ne signifie pas par exemple courir sur un tapis ou dehors pendant une heure, mais plutôt pratiquer la natation ou la marche. Il faut bouger intelligemment selon ce que notre organisme nous dicte et supporte. "
Stop au déni du vieillissement
" Notre société actuelle valorise la performance, l’esprit de compétition, l’hyperactivité. Or il faudrait également adapter notre mode de vie à ce que notre corps est en capacité de tolérer. Plus particulièrement aux conséquences très lointaines d’un abus de sport par exemple. Suivre les traitements de fond anti-arthrosiques nécessite en effet un suivi très régulier. Je constate souvent un déni du vieillissement et un déni d’arthrose comme s’il s’agissait d’une maladie taboue ", conclut Odile Picard-Paix.
Pour aller plus loin
- Le blog de Laura Azenard : lauraazenard.fr
- « Mon programme naturo anti-arthrose » : https://programmes.lauraazenard.fr
Références bibliographiques
1. L’arthrose à 40 ans, de la Dr Odile Picard-Paix, éd. du Rocher.
2. Autrice de Je soigne mon arthrose, éd. Thierry Souccar.
3. www.nicolas-aubineau.com/equilibre-acido-basique-sport
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
L’arthrose n'est pas inéluctable
Laura Azenard : L’arthrose n’est pas qu’une maladie de personnes âgées
Peau, articulations : le collagène, on s'y colle ?
Un nouveau regard sur l’arthrose (II)