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L'IMC ne dit pas grand-chose de vous

  • Ne croyez pas à l'IMCNe croyez pas à l'IMC
Article paru dans le journal nº 22

Bien que la notion d'IMC (Indice de masse corporelle) soit mondialement reconnue, elle donne une idée très approximative de votre situation car elle ne tient pas compte de la masse grasse ni du poids des os ou de l'âge. En gros, il s'agit simplement d'un rapport entre la taille et le poids. Vous trouverez partout sur Internet des calculateurs assortis de commentaires sur votre éventuel surpoids. Mais pour évaluer ses risques de santé en lien avec le surpoids, l'IMC ne suffit pas.

Article mis à jour le 08/03/2023 par Sabrina Debusquat

Comment calculer votre IMC ?

L'indice de Masse Corporelle est la formule officielle pour qui veut connaître son niveau de poids. Maigreur (IMC<20), surpoids (IMC>25) et obésité (IMC>30) s'évaluent grâce à une formule mondialement reconnue :

  • IMC = poids / (taille*taille).

Mais la formule comporte de graves limites.

On s'étonne immédiatement qu'elle ne fasse aucune différence entre l'IMC Homme et l'IMC Femme. En effet, l'IMC ne prend pas en compte la composition du corps (muscles, os) ou le sexe alors qu'ils peuvent avoir un impact sur les rapports tissés entre le poids et la graisse corporelle.

D'autres méthodes plus simples et plus parlantes :

  • La méthode du tour de taille : Celle-là vous dit si le surpoids est pathologique (si vous êtes malade).
  • Le rapport taille/hanche : Là on est plus proche de l'IMC. Grâce à ce calcul on sait si on est en surpoids, quel que soit son âge, son sexe ou son origine ethnique.

Ainsi une personne massive, mais toute en muscles, aura un IMC très élevé malgré une masse grasse réduite. Faut-il dès lors la considérer comme obèse ?

De nouveaux indices basés sur la circonférence des hanches ou de l'adomen ont été avancés. Fortement corrélés au taux de masse grasse, ces indicateurs semblent plus pertinents que le poids sur la balance ou l'IMC.

Ils débouchent sur un indice de masse grasse (ou d'adiposité) : qui peut être calculé ainsi pour les femmes de cette manière : [tour de hanche (cm) / ((taille (m) *1.5)-18)]. La formule est plus complexe, mais beaucoup plus proche de la réalité. Mais on préfère l'autre formule qui fait apparaître plus d'obèses et donc, plus de clients pour les marchands de régimes ou de

L'IMC est-il le bon indicateur ?

L’IMC, tel qu’il est utilisé systématiquement depuis les années 1980, est-il encore un indicateur approprié? Ou aurait-il dû être remplacé depuis longtemps par des méthodes de mesure plus récentes permettant de produire des résultats scientifiquement fondés? L’IMC et ses niveaux de classification en tant qu’indicateur de surpoids et d’obésité font régulièrement l’objet de critiques.

L’évaluation de la composition corporelle et de la distribution de la masse grasse au niveau corporel revêt donc une importance évidente dans la prévention et le traitement du surpoids, de l’obésité et des comorbidités associées à la surcharge pondérale.

Les limites de l'IMC

  • L’IMC ne tient pas compte du sexe, de l’ethnie, de l’âge et de l’aptitude physique (fitness) pour expliquer les variations de la masse grasse, même chez des individus avec la même masse corporelle. L’ethnie et l’âge peuvent aussi  influer sur la relation entre les risques de mortalité et l’IMC.
  • Seuls 2/3 de la variabilité interindividuelle de l’adiposité totale sont expliqués par l’IMC .
  • La distribution de la masse grasse corporelle peut varier énormément chez les individus, même chez des personnes ayant le même niveau d’adiposité. Ce point est important car l’obésité centrale est plus problématique pour les risques de comorbidité associés au surpoids.
  • Chez l’enfant, l’IMC varie très fortement en fonction de l’âge. A la naissance, la médiane de l’IMC est au plus bas à 13 kg/m2, ensuite augmente à 17 kg/m2 à 1 an et diminue à 15,5 kg/m2 à l’âge de 6 ans pour ensuite augmenter de nouveau jusqu’à 21 kg/m2 à 20 ans.

Lire aussi Maigrir grâce aux probiotiques

L'IMC ne dit rien de vos variations

Une nouvelle étude2 auprès de 18 000 participants renforce l’idée que l’IMC (seul) n’est pas la « bonne métrique » pour établir le lien entre poids et risque pour la santé, principalement parce qu’il ne tient pas compte de l’historique pondéral du patient. En effet, les variations du poids au cours de la vie sont souvent la cause de problèmes de santé, avant le poids lui-même, qui n’est qu’une mesure instantanée. Elles sont donc aussi importantes à prendre en compte que l’IMC.

À la lumière de ces travaux, il est probable que la littérature médicale sur l’obésité, lorsqu’elle est fondée sur l’IMC, ait mal appréhendé l’impact du poids sur la mortalité, à cause de trois biais principaux :

  • Des biais liés à la morphologie, une morphologie hétérogène et pas systématiquement prédictive du risque pour la santé.
  • Des biais surévaluant l’impact négatif d’un IMC haut chez des personnes dont la prise de poids est récente.
  • Des biais sous-estimant le risque chez des personnes à IMC faible ou normal mais dont la perte de poids est récente.

L’auteur conclut que lorsqu’on tient compte de ces biais, l’association entre obésité et mortalité se révèle plus important que ce qu’on pensait jusqu’alors et se renforce avec l’âge. Alors qu’il était admis que 2 à 3 % des décès pouvaient être imputables à l’obésité, ce nouveau bilan affiche un risque jusqu’à 8 fois supérieur.

Les vraies méthodes d'analyse
de la masse corporelle sont trop lourdes

La composition de la masse corporelle peut être évaluée à différents niveaux, selon le type d’investigation clinique :

1.  Au niveau atomique grâce aux éléments de base comme le carbone, le calcium et l’hydrogène.

2.  Au niveau moléculaire par la mesure des quanti- tés d’eau, des protéines et des lipides.

3.  Au niveau cellulaire par l’intermédiaire de l’évaluation de la masse des liquides extracellulaires et cellulaires.

4.  Au niveau tissulaire grâce à la mesure de la quantité et de la distribution des tissus adipeux, squelettique et musculaire.

Ces méthodes sont en général les méthodes de référence car elles donnent des résultats plus directs et précis. Cependant, elles sont coûteuses et nécessitent une installation et un équipement assez lourds et inadaptés à des études épidémiologiques. Par contre, elles sont souvent utilisées dans les études cliniques à plus petite échelle.

Lire aussi Perdre du poids : pourquoi ça coince ?

La méthode du tour de taille, simplement plus fiable que l'IMC

La mesure du tour de taille tout simplement a été initialement développée comme une évaluation plus simple et potentiellement plus liée aux risques pour la santé dus à la surcharge pondérale que l’indice de masse corporelle (IMC). Le tour de taille est surtout le meilleur indicateur anthropométrique du tissu adipeux viscéral caractérisant l’obésité centrale ou abdominale.

Ce dernier élément est particulièrement important car il a été montré que l’accumulation de la graisse au niveau abdominal est fortement corrélée au diabète de type 2, aux pathologies cardiovasculaires, au cancer (c'est-à-dire les principales comorbidités liées à l’obésité) et, plus généralement, aux risques de mortalité.

La grosse limite de la mesure du tour de taille est sa précision, surtout avec des individus avec une obésité extrême.

En effet, la mesure de la circonférence de la taille devrait être effectuée en position debout avec un mètre ruban «de couturière» à mi-distance entre le bord inférieur de la dernière côte et la crête iliaque pendant une expiration normale.

Il ne faut pas effectuer la mesure en prenant comme référence le nombril car la position de ce point anatomique n’est pas assez reproductible chez les obèses.

Si l'on emploie cette mesure il faut considérer que :

  • le risque de maladie cardiovasculaire, de diabète et d'hypertension est faible pour les femmes dont le tour de taille est inférieur à 80 cm et pour les hommes dont le tour de taille est de 94 cm.
  • Il est accru entre 80 et 88 cm pour les femmes et entre 94 et 102 cm pour les hommes.
  • Enfin, il est considérablement accru au dessus de 88 cm pour les femmes et de 102 cm pour les hommes.

Pour ce type de pathologie, le calcul de l'IMC est loin d'être aussi fiable.

Le rapport taille/hanche, un indicateur plus précis et personnalisé que l'IMC


Le rapport taille/hanche est un très bon complément au simple tour de taille et il a l'avantage d'être très simple à calculer. Pour connaître votre rapport taille/hanche, divisez votre tour de taille en centimètres par votre tour de hanches en centimètres.

Ici encore la méthode de mesure est importante. Pour la taille, faites comme expliqué ci-dessus. Pour les hanches, prenez la mesure où elle est la plus importante, c'est-à-dire en passant sur le haut des fesses et sur le bas du pubis. C'est tout.

Son résultat offre une indication de votre risque de développer des maladies cardiovasculaires :

Pour un homme :

  • Moins de 0,95 : risque faible
  • De 0,96 à 1 : risque moyen
  • Plus de 1 : risque élevé.

Pour une femme :

  • Moins de 0,80 : risque faible
  • De 0,81 à 0,85 : risque moyen
  • Plus de 0,85 : risque élevé.

Lire aussi Maigrir à vue d’œil, du Dr Claude Chauchard (éd. Guy Trédaniel)


Sources :

« General and abdominal adiposity and risk of death in Europe », New England Journal of Medicine, 2008.

« Obésité : prévention et prise en charge de l' épidémie mondiale : rapport d' une consultation de l' OMS », Organisation Mondiale de la Santé, 2000.

« Waist-to-hip ration is a stronger, more consistent predictor of all-cause mortality than BMI », présenté le 22 Septembre 2022 lors du congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes

« Sources and severity of bias in estimates of the BMI-mortality association », Population Studies, Février 2023 – doi : 10.1080/00324728.2023.2168035


 

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