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Un autre regard sur nos nuits

  • Une heure ou plus d’éveil interrompait la nuit de la plupart des habitants de l’Europe occidentale.Une heure ou plus d’éveil interrompait la nuit de la plupart des habitants de l’Europe occidentale.
Article paru dans le journal nº 93

Le sommeil a longtemps été perçu comme un état végétatif et sans intérêt, jusqu’à ce que la science en éclaire l’importance vitale. Il est pourtant l’objet de nombreux troubles, du moins à l’aune de la conception moderne d’une bonne nuit qui voudrait que l’on dorme d’une traite de 22 h 30 à 6 h 30 environ. Mais est-ce bien notre sommeil qui est en souffrance et au fond, de quelle souffrance s'agit-il ? Conseils naturels pour se réconcilier avec ses nuits - Partie 2

Dormir d’une traite du coucher au lever nous paraît être le Saint Graal du parfait repos nocturne. Cette conception du sommeil est pourtant récente, presque culturelle, puisqu’elle résulte des transformations sociétales induites par la révolution industrielle à partir de la fin du XVIIIe siècle.

Autrefois, on dormait en deux temps

Avant ce bouleversement majeur, ô surprise, une heure ou plus d’éveil interrompait au milieu de la nuit le repos de la plupart des habitants de l’Europe occidentale, comme en témoignent de nombreux écrits médicaux ou littéraires d’auteurs comme James Fenimore Cooper, Charles Dickens ou Alexandre Dumas. On émergeait spontanément d’un premier sommeil précoce et profond entre 1 et 3 heures du matin, pour tantôt entretenir le feu, s’assurer de la sécurité de la maisonnée, s’occuper d’une bête, se restaurer ou s’adonner au sexe. Puis on entamait le second sommeil, souvent plus léger car faisant la part belle au sommeil paradoxal et aux rêves, qui durait jusqu’au lever. Encore très récemment, les populations du Sud, du pourtour méditerranéen notamment, pratiquaient une variante du sommeil séquencé, commençant leur journée très tôt pour bénéficier de températures clémentes, puis s’interrompant une bonne partie de l’après-midi pour une sieste conséquente aux heures chaudes, et reprenant leurs activités en fin d’après-midi jusqu’au soir.

La sieste : souhaitable mais à personnaliser

La sieste est un bon remède au manque de sommeil. Elle permet de récupérer en journée des capacités tant physiques qu’intellectuelles. Mais entre la micro-sieste de quelques minutes à la bonne grosse sieste d’une heure ou plus, c’est à chacun d’en définir la durée et le moment en fonction de sa dette de sommeil. Mettez un réveil pour ne pas dépasser votre objectif et préserver ainsi votre sommeil nocturne.

Lire aussi « La sieste, ça ne s’improvise pas » - entretien avec Brice Faraut

Le sommeil métamorphosé par la révolution industrielle

Ce type de sommeil biphasique fut progressivement chamboulé par la modernisation accompagnant la révolution industrielle : l’éclairage public comme celui des foyers, le transfert d’activités presque exclusivement rurales vers des activités industrielles de masse aux horaires standardisés, et la migration des populations campagnardes vers les villes incitèrent à un coucher plus tardif : le premier sommeil s’étendit graduellement au détriment du second, jusqu’à la consolidation, vers la fin du XIXe siècle, du sommeil « d’un bloc ».

Avec le développement de l’économie de marché, les sociétés occidentales s’organisaient autour des gains de production et de la consommation, relayant le sommeil et son lien aux cycles naturels à un impératif bassement biologique qu’il fallait réduire au minimum vital. Le réveil de milieu de nuit, inscrit dans nos gènes depuis des siècles, devenait une anomalie. En nous efforçant ainsi de dormir d’une traite dans un laps de temps contenu, nous n’avons fait que nous conformer à des contraintes d’organisation sociale. Nous couchant de plus en plus tard, nous avons repoussé le sommeil profond de début de nuit et avons perdu une partie des bénéfices cognitifs et psychiques des rêves de fin de cycle.

Rêver : activité cérébrale aléatoire ou fonction véritable ?

Les rêves ont toujours donné lieu à spéculations. Les dernières recherches, imagerie cérébrale à l’appui, suggèrent qu’ils auraient un important rôle thérapeutique vis-à-vis de nos blessures émotionnelles. Un sommeil paradoxal de qualité (c’est là que nous rêvons le plus) permettrait de mieux intégrer notre vécu affectif, et autoriserait une compréhension supérieure de notre entourage social, grâce à un déchiffrage facial plus fin des émotions d’autrui.

Lire aussi Les capteurs de rêves

L’insomnie peut-être décrétée un peu vite

À partir du moment où il fût convenu et admis que la bonne façon de dormir consistait à « faire sa nuit » d’un seul tenant, et ne l’interrompre que pour uriner, le cas échéant, la difficulté à s’endormir à l’heure dite et l’incapacité à rester endormi toute la nuit furent considérées comme une affection, d’autant plus sérieuse que de nombreux médecins la tinrent bientôt pour un précurseur de la folie. Quel meilleur moyen d’amener le plus sûrement celui qui craint d’être victime d’insomnie à le devenir ? L’insomnie, y compris celle des enfants, relève de nos jours de la psychiatrie, qui a érigé des critères diagnostiques pour chaque trouble du sommeil dans le Diagnostic and Statistical Manual de l’association américaine de psychiatrie. On ne saurait évidemment nier les troubles du sommeil qui affectent de manière tout à fait réelle une partie de la population, mais ne faudrait-il pas se demander aussi, de nos jours, et de nos nuits, lequel porte vraiment préjudice à l’autre ?

Et l’insomnie chez l’enfant ?

Mal dormir s’apprend petit. Des horaires irréguliers, un coucher sans transition ou des rituels à rallonge, un environnement trop stimulant en soirée (bruit, écrans, conflits…) fragilisent le sommeil des enfants, de plus en plus nombreux à prendre des somnifères. Pour des nuits tranquilles, donnez à comprendre à l’enfant que dormir est positif pour lui et induisez un contexte sécurisant et un sentiment de confiance.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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