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Le piège des somnifères comment ne pas y tomber ?

  • Les somnifères arrivent à devenir la cause de troubles du sommeil encore plus difficiles à traiter.Les somnifères arrivent à devenir la cause de troubles du sommeil encore plus difficiles à traiter.
Article paru dans le journal nº 93

Le sommeil a longtemps été perçu comme un état végétatif et sans intérêt, jusqu’à ce que la science en éclaire l’importance vitale. Il est pourtant l’objet de nombreux troubles, du moins à l’aune de la conception moderne d’une bonne nuit qui voudrait que l’on dorme d’une traite de 22 h 30 à 6 h 30 environ. Mais est-ce bien notre sommeil qui est en souffrance et au fond, de quelle souffrance s'agit-il ? Conseils naturels pour se réconcilier avec ses nuits- Partie 6

Près d’un quart des Français consomment occasionnellement ou régulièrement un psychotrope, une situation amplifiée par la crise du Covid. Ces produits continuent d’être plébiscités, malgré les inconvénients accablants qu’on leur a découverts avec le recul : accoutumance, dépendance, somnolence diurne, symptômes de sevrage dissuasifs (distorsion perceptive, hallucinations, spasmes musculaires…) et à long terme, démence, dépression voire tendance suicidaire.

Les benzodiazépines (tel le Xanax, ancien best-seller mondial) et autres imidazopyridines (dont le Stilnox, faussement présenté comme « moins pire ») devraient n’être utilisés que brièvement (de 4 à 12 semaines maximum selon la spécialité), mais sont souvent consommées pendant des années, en particulier par les personnes âgées.

Une voie sans issue

C’est surtout l’indication primaire de ces divers psychotropes qui se révèle illusoire. Ils sont couramment prescrits pour traiter les troubles du sommeil. Or on constate que leurs effets sédatifs et anxiolytiques s’estompent souvent au bout de quelques semaines. De plus, ils ne changent rien aux causes de l’insomnie mais modifient la structure même du sommeil, réduisant la part des deux stades les plus bénéfiques, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal.

Les somnifères en arrivent ainsi à devenir la cause de formes encore plus difficiles à traiter. Pour le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et spécialiste du sommeil, ils n’ont en réalité qu’un effet anti-éveil et relèvent davantage de l’anesthésie, un état très différent du sommeil qui n’apporte aucun des bienfaits de ce dernier. Lorsque n’en pouvant plus, on voudrait tout arrêter, on est confronté à des troubles pires que ceux qui ont motivé leur prise initiale, si bien qu’on se résigne à continuer de les prendre.

Au secours, je ne rêve plus !

De nombreux consommateurs de somnifères témoignent ne plus se souvenir de leurs rêves. Cet effet amnésiant est confirmé par la recherche, bien qu’il varie d’une molécule à l’autre. Il serait corrélé davantage à la réduction importante du sommeil lent profond qu’à celle du sommeil paradoxal, et bizarrement, à une diminution du nombre de réveils nocturnes.

Les somnifères semblent également diminuer la capacité à rêver, un frein qui réduirait la possibilité pour le cerveau de fusionner des parcelles de savoir disparates accumulées le jour à des fins d’assimilation, comme il le fait lors du sommeil naturel. Doublement dommage, car ce processus serait aussi, d’après les chercheurs, un élément clé de la créativité et de la résolution de problèmes.

Décrocher des somnifères, tout un programme

Un sevrage aura plus de chances d’aboutir s’il est accompagné d’une thérapie (émotionnelle, comportementale et cognitive, sophrologie, hypnose, psychothérapie…) qui permette d’apporter des solutions aux véritables causes de l’insomnie. Combinez avec le kudzu, un désaccoutumant de la pharmacopée chinoise, à prendre dès une semaine avant de réduire le psychotrope, et pendant au moins toute la durée de sevrage (jusqu’à 1 800 mg par jour en plusieurs prises). On peut l’associer à la passiflore, à l’escholtzia ou aux macérats de tilleul et de figuier qui substitueront leurs effets relaxant et anxiolytique à ceux du médicament. La diminution des doses de somnifère doit se faire sous le contrôle du médecin.

Lire aussi Insomnie : tout fonctionne sauf les somnifères

Les TCC plus judicieuses

« Si une personne souffre d’insomnie chronique, le seul traitement qui a montré des bénéfices à long terme est la thérapie comportementale et cognitive. Les médicaments ne devraient vraiment être considérés que comme des traitements à court terme » affirme le docteur Clete A. Kushida, professeur de psychiatrie et de sciences comportementales à Stanford (États-Unis). Il est loin d’être le seul, aujourd’hui, à porter ce message, y compris en France. Dans son département consacré à la médecine du sommeil, les TCC se montrent efficaces chez 70 à 80 % des patients présentant une insomnie chronique, même si certains d’entre eux doivent accepter de ne connaître qu’une amélioration, sans pouvoir retrouver leur sommeil d’antan. Ces techniques aident les insomniaques à appréhender les situations dans leur vie quotidienne qui génèrent du stress, et à corriger les attitudes et les habitudes qui impactent négativement leur sommeil.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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