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Champs électromagnétique, 5G et santé : des experts à la traîne ?

  • Champs électromagnétique, 5G et santé : des experts à la traîne ?
Article paru dans le journal nº 79

Les champs électromagnétiques artificiels (wifi, bluethooth, antennes-relais, 4G...) sont accusés de générer de nouveaux problèmes de santé. Alors que les experts peinent à mettre en évidence des causalités objectivables, la reconnaissance des victimes avance peu à peu.

Un des lieux communs de la science est celui du « temps de la recherche ». Alors que ­l’actualité nous impose l’urgence, la science suit son propre rythme. Sans oublier que les institutions ont leur inertie et leurs propres priorités. Ainsi, en France, on observe un décalage de prises en compte de l’EHS entre les services sociaux et les autorités sanitaires.

Une lente reconnaissance

En 2009, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, déclare que les personnes EHS existent et doivent être prises en charge et suivies. En 2010, le rapport parlementaire Raoul, portant sur l’impact sanitaire des lignes à haute et à très haute tension, conclut qu’il faut prendre au sérieux la pathologie de malades qui ne relèvent en rien de la psychiatrie. À l’initiative d’associations et de députés sympathisants (Laurence Abeille, André Chassaigne, Michèle Rivasi), des colloques sur l’EHS sont organisés à l’Assemblée nationale en 2014 et en 2016, qui légitiment les associations de malades comme interlocuteurs des pouvoirs publics. En 2015, la loi Abeille pour l’application du principe de précaution aux CEMA et l’interdiction du Wi-Fi dans les crèches, est promulguée. Il est vrai que, depuis, elle a été contrecarrée par la loi Élan…

Au niveau de la santé au travail, un nombre croissant de salariés atteints d’EHS se voit reconnu le statut de RQTH (reconnaissance qualité travailleur handicapé) en raison du handicap que constitue leur pathologie. Il y a là une reconnaissance pratique par les services de l’État en charge des politiques sociales. C’est un incontestable début de légitimation pour l’EHS, en dépit de la non-­reconnaissance du lien de cause à effet entre CEMA et souffrances des personnes EHS par les autorités sanitaires. Situation pour le moins paradoxale : l’État accorde d’une main ce qu’elle refuse de l’autre.

Même phénomène pour l’allocation adulte handicapé (AAH). Depuis le cas de Marine Richard en 2015, première personne EHS à obtenir l’AAH, à la suite d’un procès médiatisé, le nombre d’AAH accordé à des personnes EHS augmente petit à petit. Bien que les procédures administratives ne soient toujours pas standardisées et les décisions des commissions parfois arbitraires.

Sur le plan scientifique, des pistes intéressantes sont abordées, comme celle de l’incidence des CEMA sur les ruptures d’ADN (étude FIGé Rennes-­Budapest, Anses, 2017). Mais, malgré l’attention de plus en plus bienveillante que l’Anses porte à l’EHS depuis son rapport 2018, la recherche scientifique s’égare souvent dans des projets inutiles. Comme des mesures d’exposition aux CEMA selon la distance du téléphone mobile à l’oreille, sachant que personne ne respecte la distance prescrite et que les modèles de téléphone étudiés auront disparu du marché avant que l’étude ait été publiée. Ou encore, des protocoles d’exposition aux CEMA sur des personnes EHS volontaires, le projet tournant court faute de volontaires désireux de s’exposer… Il arrive même que les instances se contredisent : en 2014, l’Inserm confirme le lien entre usage du téléphone mobile et risque de tumeur cérébrale, alors que le rapport Anses de 2013 le niait encore.

Sur le front politique, l’approbation en catimini par l’Assemblée nationale, le 30 décembre 2019, de la mise aux enchères des fréquences de la 5G s’est faite sans débat public, les considérations ­économiques l’emportant sur les considérations sanitaires. Pendant que les commissions scientifiques se réunissent, les enchères se poursuivent.

Le temps de la recherche n’explique pas tout. Si les pesanteurs des institutions et les fausses pistes des études font traîner la science, les priorités économiques font passer les préoccupations sanitaires en bas de la liste de priorités des pouvoirs publics.

Des jurisprudences liées au travail

Si les reconnaissances de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) pour cause d’EHS se multiplient, leur obtention reste un casse-tête administratif, et les procédures sont souvent discrètes, car établies à l’amiable. En général, ni l’employeur ni le salarié ne souhaitent en faire de publicité. Néanmoins, les jurisprudences se succèdent et certains cas sont rendus publics. En 2011, en Espagne, une salariée EHS est reconnue invalide et pensionnée; en 2014, la maison départementaledes personnes handicapées (MDPH) de l’Essonne subventionne les équipements anti-ondes d’un allocataire. La même année, un radaristeallemand est pensionné. Idem pour un ingénieur des télécoms espagnolen 2016. En 2017, la tumeur cérébrale d’un cadre italien est reconnue comme étant liée à l’usage du téléphone mobile. En 2018, dans les Yvelines, un accident du travail est reconnu comme dû au CEMA, puis un autre reconnu dans le Val-d'Oise, en 2019...

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé