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Ondes et santé : où en est-on ?

  • Les effets de l’usage du smartphone sur la fatigue, l’humeur, le stress ou le sommeil continuent de faire l’objet de nombreuses études.Les effets de l’usage du smartphone sur la fatigue, l’humeur, le stress ou le sommeil continuent de faire l’objet de nombreuses études.
Article paru dans le journal nº 107

Le mercredi 23 novembre, l’Anses a organisé un colloque scientifique rassemblant des chercheurs qui mènent des travaux concernant les effets des radiofréquences sur la santé. Petit résumé (non exhaustif) des résultats présentés.

Quel est l’impact sur la santé des ondes électromagnétiques de radiofréquence, celles qui sont utilisées pour la téléphonie mobile ? Depuis 2013, dans le cadre du Programme national recherche Environnement-santé-travail (PNR EST), l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a financé de nombreux travaux sur cette question.

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Cancer : toujours pas de liens avérés

Les ondes électromagnétiques ont été classées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérogènes probables. Mais à la suite de la vaste étude Interphone lancée par le CIRC en 1999 et menée dans 13 pays, les liens suspectés entre une exposition à ces ondes et la survenue de gliomes n’ont toujours pas été confirmés. Ils n’apparaissent pas non plus dans l’étude Cosmos, initiée en 2007, la plus grande cohorte sur la téléphonie mobile jamais rassemblée (220 000 participants recrutés en Suède, au Royaume-Uni, au Danemark, en Finlande, aux Pays-Bas et en France).

L’étude Astro-RF s’est intéressée, elle, à la survie des personnes atteintes de gliomes identifiées dans l’étude Interphone : elle ne montre pas d’effet aggravant des ondes, voire au contraire, puisque les plus grands utilisateurs de téléphones mobiles survivent plus longtemps ! Les études expérimentales chez le rat atteint de gliome n’ont pas permis d’expliquer ce phénomène à première vue paradoxal. Peut-être l’explication n’est-elle pas à chercher du côté des effets biologiques du téléphone mais de ses effets sociaux (sachant l’importance du soutien social chez les malades)

Des effets inattendus ont par ailleurs été mis en évidence dans d’autres recherches : l’exposition aux fréquences de 1 800 MHz renforcerait l’inflammation des neurones (sur des modèles cellulaires, étude Neurinf) ; celle aux fréquences intermédiaires (de 300 Hz à 10 MHz, émises par exemple par les plaques de cuisson par induction ou les compteurs intelligents) ne provoquerait pas de cassures dans l’ADN des cellules mais fragiliserait ces dernières face à un stress oxydatif ultérieur (étude FIGé).

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Stress, sommeil : des effets suspectés

Les effets de l’usage du smartphone sur la fatigue, l’humeur, le stress ou le sommeil continuent de faire l’objet de nombreuses études. Sputnic, menée en France et en Suisse sur 120 participants adultes, montre que l’usage du smartphone augmente significativement le stress, bien qu’à ce stade, les chercheurs ne sachent pas « si les gens utilisent leur smartphone parce qu’ils sont stressés ou si c’est parce qu’ils l’utilisent qu’ils sont stressés ! »

Chez les préadolescents (11-13 ans), les premiers résultats de l’étude Elfes suggèrent qu’un usage du smartphone le soir réduit le temps de sommeil de douze minutes en moyenne. Mais ils restent à vérifier, l’échantillon recruté étant insuffisant, tout comme les moyens permettant de distinguer l’effet spécifique des ondes de celui de la lumière bleue ou de le quantifier selon les différents usages qu’on peut avoir de son smartphone (téléphoner, surfer sur Internet, aller sur les réseaux sociaux…).Chez les prématurés en revanche, une étude menée au CHU d’Amiens (NeuroPrem-RF) montre que, même très faibles, les ondes de radiofréquence ont un effet délétère sur le sommeil : leur sommeil est fractionné, avec des ondes alpha [sommeil léger] très augmentées, au détriment des ondes delta [sommeil profond]. L’activité de leur système nerveux autonome semblait également diminuée, notamment au niveau de la fonction cardiaque.

Électro-hypersensibilité : toujours difficile à établir !

Les recherches peinent toujours à mettre en évidence un lien de causalité entre une exposition aux ondes et le déclenchement des symptômes d’électro-hypersensibilité. Mais les choses évoluent : les patients sont désormais écoutés et même associés à la conception des protocoles de recherche, comme l’ont montré deux études belges (ExpoComm et Envi-EHS). Les résultats n’ont cependant pas permis, mis à part pour une personne électro-hypersensible (EHS), de relier les deux facteurs [exposition aux ondes et déclenchement des symptômes].

De très nombreuses équipes continuent de travailler, en France et en Europe. Évaluer l’exposition aux radiofréquences est un défi méthodologique : plusieurs bandes de fréquence coexistent (du GSM-900 à la 5G, sans oublier les fréquences intermédiaires des appareils domestiques ou de la voiture connectée) et sont difficiles à distinguer ; les usages que font les participants aux études de leur téléphone mobile sont, quant à eux, difficiles à identifier (des lois protègent la vie privée !).

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Point de vue des associations

Les associations de protection des usagers de la téléphonie mobile comme Priartem, Alerte Phonegate, Zones Blanches, etc., ainsi que des membres du comité de dialogue « Radiofréquences & Santé » étaient présents. Le Dr Arazi, d’Alerte Phonegate a pointé les conflits d’intérêts, ce dont les scientifiques présents se sont tous défendus. Elisabete Weiderpass, directrice du CIRC depuis 2019, a déclaré pour sa part qu’elle signait tous les contrats et qu’il n’y avait pas d’« argent industriel » dans son institution… Sophie Pelletier, présidente de Priartem, participait au débat qui clôturait la journée. Elle a souligné plusieurs points aveugles des recheches, rappelant qu’il y a, depuis quelques années, un signal fort autour du cancer du pancréas, relevé par Santé publique France, mais qu’aucune étude sur un éventuel lien avec les ondes électromagnétiques n’a à ce jour été entreprise, que les effets des ondes électromagnétiques sur la faune et la flore ne sont pas étudiés, ou encore que lorsqu’il y a une zone à haute prévalence de cancers pédiatriques, Santé publique France exclut d’emblée tout lien avec ces ondes… Matthieu Schuler, le directeur général délégué du pôle « Sciences pour l’expertise » de l’Anses, a conclu en assurant que les recherches allaient se poursuivre.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé