Accueil Dossiers Champs électromagnétiques et santé : 4 questions à Michèle Rivasi
Champs électromagnétiques et santé : 4 questions à Michèle Rivasi
Michèle Rivasi est une députée européenne EELV, spécialiste de l’environnement et de la santé, opposée aux lobbies nucléaires, pharmaceutiques et agro-industriels. Elle revient pour nous sur le projet de zone blanche et la reconnaissance des malades.
Comment passe-t-on de la radioactivité aux CEMA ?
C’est la même chose ! Des lobbies qui veulent développer une technologie, de la désinformation sur ce qui touche à la santé, des études cofinancées par les industriels, pas de recherches indépendantes.
Comment sont perçues ces personnes ?
Je vois des personnes qui souffrent sans savoir pourquoi. On les envoie chez le psychiatre, alors qu’elles souffrent dans leur chair. Elles sont dans une errance terrible, ce sont les sentinelles des ondes, les premières qui, ayant un seuil de sensibilité plus bas, sont en souffrance physique à cause de ces ondes. En fait, si on n’est pas dans le moule, on n’existe pas, on nous méprise, on nous renvoie à des problèmes psychologiques. Ça renvoie à un modèle matérialiste, à une science réductionniste, alors qu’avec l’EHS on est sur du multifactoriel. Pourquoi ces blocages ? On prend en compte les gens atteints de maladies rares, mais on est dans le déni quand c’est une technologie qui est responsable. C’était le cas aussi pour la radioactivité. On dit qu’il n’y a aucun danger avec les rayonnements électromagnétiques, puis on reconnaît les effets thermiques, mais pas les athermiques… La science avance à petits pas. L’église « du bien pensé » bloque les recherches alternatives, alors qu’il faut développer la recherche publique en fonction de la demande des gens, sans être tributaire des industriels.
En quoi consiste le projet de zone blanche ?
C’est venu d’une rencontre avec des femmes EHS qui vivaient dans une grotte, en 2012, vers Saint-Julien-en-Beauchêne. Au lieu-dit Durbon, il y a un vieux site de la CAF protégé des ondes. J’ai eu l’idée d’acheter quand Soliha, une association de logement social, a repris le site. Une expertise a établi que Durbon était vraiment une zone blanche, puis j’ai rencontré les gens du coin, j’ai associé des personnes EHS et des scientifiques, j’ai formé des médecins à la santé environnementale, j’ai rencontré des scientifiques du monde entier… Le but est d’accueillir des EHS dans une zone sans onde. De les écouter, de leur offrir des solutions alternatives et un suivi médicosocial. Et d’avoir une partie recherche, parce que l’on est démuni sur ce qui permet de définir scientifiquement l’EHS. Nous avons des gens sensibles à certaines ondes et pas à d’autres. D’autres qui développent des troubles dès qu’ils voient des fils électriques, qu’il y ait ou pas de courant, par réflexe pavlovien. Certains sont passés par des phases très dures, ils ont fait un cheminement personnel, avec différents traitements, et sont sortis de la phase où ils ne pouvaient plus vivre en société. Il y a des solutions, ils n’ont pas à rester victimes des ondes. Il s’agit de comprendre le pourquoi et de trouver des traitements. Actuellement, on attend le compromis de vente, avec l’appui des institutions françaises et européennes.
Comment va évoluer la prise en compte de la maladie ?
On n’a pas un modèle scientifique explicatif sur ce phénomène, mais il y a une reconnaissance de fait, même si elle n’est pas juridiquement actée. On le voit avec l’Anses, et aussi avec les préfectures. On va vers la reconnaissance de la maladie. La prise de conscience du public est plus forte que celle des élus. Car les élus veulent être reconnus par leurs pairs, et s’ils se posent trop de questions ils sont rabroués par une pensée unique venant à la fois du corps médical et de certains parlementaires qui croient savoir. Ce qui les empêche de prendre des positions plus courageuses.
Ce qui devrait évoluer, c’est la prise en compte par le milieu médical. Il existe un écart énorme entre la formation des médecins et l’état de la population pour toutes les maladies environnementales.
Il y a une attente incroyable pour Durbon, certains y voient une bouée de sauvetage. Ce ne sera pas pour tout le monde, mais ça apportera des solutions à des gens qui souffrent. Après, on verra comment améliorer leur état de santé, quelles sont les différentes typologies de personnes EHS… Il faut que la recherche avance. On a des données sur les effets biologiques, il reste à approfondir sur les effets sanitaires. l
Bio express
Michèle Rivasi a été cofondatrice de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) en 1986, puis du Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM) en 2005. Elle préside l’association Zone Blanche, fondée en 2014. On appelle zone blanche un lieu non exposé aux CEMA.
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