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Le rôle du psychisme dans les troubles intestinaux
Intestins douloureux, transit chaotique et autres ballonnements figurent parmi les problèmes digestifs qui perturbent au quotidien l’existence de millions de personnes. Tour d’horizon des origines de ces dérangements, rassemblés sous l’appellation du « syndrome de l’intestin irritable », et des moyens naturels de les soulager. - Partie 3
Qui de l’œuf ou de la poule, c’est un peu la question qu’on peut se poser à propos du syndrome de l’intestin irritable (SII) et des troubles psychiques qui souvent l’accompagnent. Les derniers travaux semblent indiquer que l’influence peut aller dans les deux sens : chez certaines personnes, un stress chronique peut induire des troubles digestifs prolongés, chez d’autres, l’origine est ailleurs et les troubles psychiques sont considérés comme découlant des dérangements intestinaux. Dans le premier cas, le sujet aura tout intérêt à inclure dans son programme de soin une thérapie psychique. Dans le second cas, l’amélioration de l’écosystème intestinal par des mesures d’hygiène de vie (plus éventuellement une médication quand c’est nécessaire) aura de grandes chances d’améliorer concomitamment les symptômes psychiques.
Devant des situations de SII ne présentant pas de déterminisme biologique clair, la recherche s’est tournée vers d’autres facteurs, notamment sous l’impulsion du modèle biopsychosocial :
- l’environnement affectif,
- l’arrière-plan culturel,
- les croyances et comportements parentaux (que nous reproduisons souvent à notre insu),
- d’éventuels traumas (en particulier ceux survenus tôt dans la vie),
- le stress chronique…
Des paramètres qui font souvent partie du paysage élargi dans lequel s’inscrit un syndrome de l’intestin irritable. À titre d’exemple, l’anxiété à elle seule concerne entre 30 et 50 % des patients souffrant d’un trouble gastro- intestinal, tandis que chez 33 à 42 % d’entre eux, les troubles gastro-intestinaux sont une « histoire de famille ».
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De l’utilité des psychothérapies
Le stress et la compréhension limitée de notre propre biologie sont deux facteurs importants du développement du syndrome de l’intestin irritable (SII). La psychothérapie et la thérapie cognitivo-comportementale induisent une réduction des symptômes physiques, de l’impact du stress, et de sensations comme la vulnérabilité ou la dépendance. La psychothérapie dite « psychodynamique », qui se concentre sur les conflits interpersonnels, contribue à endiguer les influences d’ordre psychosocial. L’hypnothérapie semble quant à elle particulièrement indiquée dans les cas les plus difficiles à traiter. Enfin, la psychoéducation, qui consiste à expliquer la pathologie, contribue – associée à d’autres approches – à faire prendre conscience au patient de l’influence imputable à ses interrelations sociales, diminuant d’autant son anxiété. Ces thérapies montrent une durabilité d’environ un an, en moyenne.
Des traits de personnalités particuliers au SII
Des profils psychologiques ou traits de personnalité spécifiques sont fréquemment constatés parmi les personnes souffrant de troubles fonctionnels digestifs. Les traits de personnalité peuvent être définis comme l’organisation dynamique – dans le for intérieur d’une personne – qui crée les modèles de comportement, de pensée et d’émotions qui lui sont propres. Les études révèlent que les personnes sujettes au syndrome de l’intestin irritable présentent plus souvent, et à un niveau plus élevé, deux traits de personnalités particuliers :
- le neuroticisme, qualifié comme une tendance aux émotions négatives et à l’instabilité émotionnelle,
- l’alexithymie, une difficulté à identifier, différencier et exprimer ses émotions.
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Les études constatent que les patients avec un SII sont aussi plus souvent en butte à l’anxiété et à la dépression – presque deux fois plus que la population générale – et, dans une moindre mesure, à la colère et au besoin de dominer (les compétiteurs permanents). Ils sont généralement moins enclins à sociabiliser (les enfants qui font des difficultés pour aller à l’école, par exemple) et affichent une moindre estime de soi. Ces traits de personnalité, que certains travaux complètent par l’hypersensibilité et l’impulsivité, prédisposeraient à une plus grande vulnérabilité face aux évènements de la vie, génératrice d’un stress disproportionné susceptible d’impacter la sphère digestive. Cette influence délétère s’exercerait notamment par le biais d’une immunité affaiblie, caractérisée par des niveaux élevés de cytokines inflammatoires et une moindre réponse au cortisol.
Si les études sur le sujet semblent concordantes, les auteurs précisent volontiers qu’on ne saurait en tirer de conclusions irrévocables et encore moins systématiques, eu égard à leur ampleur limitée, leur faible niveau statistique et le caractère arbitraire de la catégorisation des troubles psychiatriques. Il semble cependant plus que raisonnable d’entamer une thérapie psy dans le cadre d’un trouble de la digestion.
L’exercice, encore et toujours
Avoir des activités physiques est bénéfique en cas de syndrome de l’intestin irritable (SII). Le mouvement induit un massage équilibrant de la sphère digestive. Il calme les nerfs (le vague est souvent en cause dans le SII), atténue les facteurs psychologiques participant au SII, et contribue à normaliser le métabolisme. Le vélo, la marche et le yoga sont particulièrement indiqués pour soulager les symptômes du SII.
Références bibliographiques
- « Psychosocial determinants of irritable bowel syndrome », World journal of gastroenterology, Février 2012
- « Psychological profiles of irritable bowel syndrome patients with différent phenotypes », Intestinal research, Octobre 2020
- « Personalised nutrition and health », The British Medical Journal, Juin 2018
- « Precision Nutrition », article de vulgarisation sur le site de la Harvard T.H. Chan School of Public Health, rubrique The Nutrition Source.
- « Program Adherence and Effectiveness of a Commercial Nutrition Program : The Metabolic Balance Study », Journal of Nutrition and Metabolism, 2010
- « Effect of personalized nutrition on health-related behaviour chang : evidence from the Food4Me European randomized controlled trial », International Journal of Epidemiology, 2017
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