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Plaque dentaire : panorama des risques
Le développement de la plaque dentaire expose le sujet à une longue liste de complications. Voici un point sur l'état de nos connaissances en la matière.
Selon leur emplacement sur la plaque dentaire, les bactéries tirent l’énergie dont elles ont besoin de différentes manières. Celles qui vivent en surface puisent directement dans les sucres alimentaires à leur portée, tandis que celles qui vivent dans l’espace gingivodentaire dégradent ces glucides en différents acides organiques (acétique, formique, lactique, etc.) qui ont le pouvoir de dissoudre des cristaux (d’hydroxyapatite plus exactement) contenus dans les dents et les structures osseuses, et ainsi d’y créer caries et autres poches parodontales.
Les implants exposent aussi à certains risques. Ces corps étrangers sont en effet reconnus comme tels par le système immunitaire. Au moindre défaut d’hygiène locale, ils sont susceptibles d’engendrer une réaction inflammatoire et deviennent alors des facteurs de l’évolution plus rapide encore vers la dégradation de l’état de santé local et général.
Migration délétère
Comme les bactéries responsables du développement de la plaque dentaire appartiennent à diverses familles, l’apparition des caries et des désordres gingivaux provient de la combinaison des différents effets délétères générés par ces bactéries. Malheureusement, les résultats d’études menées au cours des deux dernières décennies montrent que les dégâts occasionnés par ces bactéries débordent largement la sphère buccale, et que de très nombreuses pathologies courantes trouvent là une de leurs principales causes. Cette malignité est rendue possible par au moins trois mécanismes différents :
- Une partie du biofilm se détache, et les bactéries qui y sont contenues migrent en direction de territoires propices à leur développement.
- Certaines bactéries libèrent des toxines dans la circulation sanguine.
- Un certain pourcentage des bactéries mises en circulation échappent au système immunitaire. Normalement, les complexes immuns formés par la fixation d’anticorps aux bactéries sont détruits par les cellules immunitaires (phagocytes, puis lymphocytes). Lorsque ce n’est pas le cas, les complexes immuns peuvent alors se déposer dans un tissu ou un organe.
En outre, toute infection provoque une réaction du système immunitaire, non seulement localement, mais aussi dans tout l’organisme, car les substances sécrétées par les cellules spécialisées (interleukines 1 et 6) sont déversées à la fois in situ et dans la circulation sanguine.
Surrisque de maladie du cœur
Certaines bactéries mettent en place diverses parades pour résister à cette attaque des défenses naturelles. C’est notamment le cas lorsqu’une plaque dentaire s’est constituée. Le système immunitaire est alors réduit à l’impuissance. En effet, s’il « prend conscience » de l’inefficacité de son action, il ne peut rien faire d’autre que continuer à stimuler les cellules spécialisées pour qu’elles déversent localement les substances censées détruire les germes pathogènes. Or, la toxicité de ces substances se retourne contre les tissus sains environnants et crée, du fait de sa diffusion dans tout l’organisme via la circulation sanguine, un terrain inflammatoire pérenne. De plus, comme les bactéries présentes dans la plaque dentaire ont la possibilité de migrer et d’implanter de nouvelles colonies n’importe où dans l’organisme, c’est à une succession d’autant de réactions inflammatoires que le corps doit faire face.
D’après les études récemment menées, il n’est pas nécessaire que cette inflammation chronique soit intense pour entraîner des pathologies sévères. Ainsi, une mauvaise hygiène dentaire est étroitement liée à un surrisque de maladies cardiovasculaires malgré un terrain inflammatoire de faible intensité. On voit bien que le manque d’hygiène bucco-dentaire est susceptible d’exposer à des pathologies sévères et ainsi de réduire sérieusement la qualité et l’espérance de vie.
Une liste de pathologies qui s'allonge
À ce jour, un lien a été établi entre, d’un côté, la gravité d’une parodontopathie et, de l’autre, l’émergence, la sévérité et/ou l’aggravation de nombreuses autres pathologies. La liste donnée ci-dessous est bien évidemment non exhaustive.
- Certaines otites, sinusites, mastoïdites et pneumopathies (Streptococcus intermedius, Actinomyces spp.).
- L’endocardite infectieuse aiguë ou lente (cette dernière forme est plus connue sous la dénomination de maladie d’Osler), caractérisée par la destruction d’une valve cardiaque (aortique, mitrale essentiellement).
- Certains types de septicémie (S. mutans).
- L’athérosclérose, maladie que l’on risque davantage de contracter quand on est du genre masculin et de race noire. Avec pour conséquences l’insuffisance coronarienne, l’infarctus du myocarde (Porphyromonas gingivalis) et l’accident vasculaire cérébral. La taille d’un infarctus du myocarde est d’autant plus grande que la parodontopathie est sérieuse.
- La maladie rénale chronique.
- Certains cancers de la tête, du cou, du côlon (Fusobacterium nucleatum, P. gingivalis) et du sein chez la femme ménopausée.
- De plus, en cas de cancer colorectal, la présence de F. nucleatum dans le gros intestin faciliterait la résistance à la chimiothérapie anticancéreuse.
- La polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite idiopathique juvénile, en particulier lorsque Porphyromonas gingivalis est présent dans le parodonte.
- La maladie d’Alzheimer : des lipopolysaccharides (LPS) provenant de P. gingivalis sont capables de pénétrer dans le cerveau, et donc de générer une réaction inflammatoire in situ. Les LPS participent à la membrane externe de certaines bactéries ; lorsqu’elles sont détachées de la bactérie puis livrées à la circulation sanguine, elles sont de véritables toxines pour les tissus avec lesquels elles entrent en contact.
- Le risque élevé de perte dentaire accélérée, de rétinopathie et de neuropathie au cours du diabète de type 2.
- Le décès prématuré.
- Chez la femme : difficulté à tomber enceinte, fausses couches, accouchement prématuré, petit poids du bébé à la naissance.
- Chez l’homme : dysfonction érectile.
- Alors que la présence du Candida albicans a été plusieurs fois signalée chez les jeunes enfants porteurs de caries multiples, elle est encore souvent ignorée dans un autre contexte alors que ce champignon entretient une relation symbiotique et synergique avec S. mutans dans la formation du biofilm à l’origine de la plaque dentaire.
De l’ignorance à la force de volonté
Que les bactéries opportunistes qui envahissent le parodonte soient susceptibles d’engendrer des maladies sévères à plus ou moins long terme est une notion encore trop peu connue. Cela s’explique surtout par la découverte récente du phénomène.
Il est certain qu’au cours des prochaines années de nouveaux liens seront établis entre la plaque dentaire et d’autres pathologies.
Néanmoins, cette combinaison de faits ne doit pas effrayer, car il est déjà clair qu’adopter une hygiène de vie saine – non seulement au niveau bucco-dentaire, mais aussi dans nos habitudes de vie – est la manière la plus sûre d’éviter les pires éventualités.
Changer est loin d’être chose facile à réaliser. Sans travail psychologique préalable, la force des habitudes est plus forte que celle des bonnes résolutions parce que la volonté n’est pas ancrée dans une décision ferme et irrévocable. Aussi, afin de mener à bien les transformations nécessaires dans le minimum de temps, il est bon de chercher le soutien d’un médecin nutrithérapeute ou naturopathe (qui pavera le chemin de la guérison des meilleures recommandations au plan physique) comme d’un psychothérapeute (qui enseignera au patient les outils indispensables au développement de la force de volonté).
PSA élevé ? Et si cela venait de vos dents ?
Au cours des dernières décennies, le dosage sérique de cette protéine a été considéré comme l’un des meilleurs biomarqueurs du cancer de la prostate. Même si aujourd’hui il est couramment admis que son élévation peut également relever d’une prostatite, d’une infection urinaire et même d’une simple hypertrophie de la prostate, c’est un fait encore trop peu connu que la parodontite peut également en être responsable. Quand c’est le cas, l’éradication de la plaque dentaire s’accompagne d’une normalisation du taux de PSA.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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