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Alzheimer : victoire à l’horizon (I)

  • Alzheimer : victoire à l’horizon (I)
Article paru dans le journal nº 61

Le statu quo dans le traitement de la maladie d’Alzheimer pourrait bien être enfin brisé. Grâce au protocole ReCode, élaboré il y a dix ans par le neurologue américain Dale Bredesen – qui a fait ses classes auprès du prix Nobel Stanley Prusiner –, des centaines de patients ont pu retrouver une vie normale, sans plus aucun symptôme de la maladie. Une révolution ?

Alzheimer, c’est le mal de nos sociétés vieillissantes, au même titre que le cancer ou les maladies cardio-vasculaires. C’est le diagnostic redouté, autant pour ceux que nous aimons que pour nous-mêmes. Il existerait déjà plus de 25 millions de personnes atteintes dans le monde, dont près de 1 million en France. Après 85 ans, 22 % environ des sujets seraient touchés par la maladie. Cette proportion varie suivant les pays ; elle ne serait que de 11 % en Belgique, mais atteindrait 40 % en Finlande. L’âge est le facteur de risque principal. Quant au nombre de nouveaux cas, il double chaque année par tranche d’âge de cinq ans à partir de 65 ans.

L’estimation du nombre de personnes âgées au cours des prochaines années étant connue dans les pays occidentaux, il est aisé d’en déduire le nombre potentiel de malades d’Alzheimer – tant que manque, en tout cas, une thérapeutique efficace. Des études américaines prévoient ainsi près de 14 millions de cas aux États-Unis en 2050, quand le chiffre avancé pour la France s’approche des 2 millions.

De cause inconnue

La cause de la maladie reste encore inconnue, et l’on ne dispose à ce jour d’aucun traitement. Les résultats des essais thérapeutiques sont tous décevants. Personne n’a d’idée précise du bénéfice éventuel des molécules en réserve, qui pourront constituer des médicaments dans quinze ou vingt ans. Si l’on ajoute qu’à la lumière de certaines études, il existerait une continuité entre le vieillissement cérébral normal et la maladie d’Alzheimer, il ne nous reste plus qu’à nous montrer fatalistes : nous sommes tous condamnés, tôt ou tard, à la dégénérescence cérébrale. Est-ce la contrepartie impitoyable de l’allongement de l’espérance de vie ?

Pas si sûr. Le protocole américain mis au point par le Dr Dale Bredesen et nommé ReCode (pour réversion du déclin cognitif, en français) semble des plus prometteurs. Au vu des différents types d’Alzheimer et les 36 facteurs identifiés (il peut y en avoir plus), ce protocole ne peut être standardisé – pour être efficace, il doit être individualisé en fonction des résultats d’analyses de chaque patient. Quelques grandes lignes se distinguent tout de même, que le Dr Bredesen a publiées à trois reprises, en 2014, 2015 et 2016, dans la revue médicale Aging.

ReCode : concrètement, que faut-il faire ?

Le Dr Bredesen cite en exemple cette patiente ayant commencé par éliminer tous les glucides simples, le gluten et les aliments transformés de son alimentation (ce qui a entraîné une perte de poids de 10 kg), tout en augmentant ses apports en légumes, fruits et poissons sauvages (type saumons, harengs, sardines). Elle a aussi pris pour habitude de jeûner au moins douze heures entre le dîner et le petit-déjeuner, et au moins trois heures entre le dîner et l’heure du coucher.

Afin de réduire le stress et certains facteurs pro-inflammatoires, elle s’est mise faire du yoga et, pour réduire son stress professionnel, à méditer vingt minutes deux fois par jour. En parallèle, elle a pris de la mélatonine (0,5 mg) et augmenté son temps de sommeil, passant de quatre-cinq heures à sept-huit heures par nuit. Chaque jour, elle a ingéré de la vitamine D3 2 000 IU, 2 000 mg d’huile de poisson (oméga-3) et 200 mg de CoQ10.

Elle a également optimisé son hygiène bucco-dentaire en utilisant une brosse à dents électrique. Après une discussion avec son médecin, elle a rétabli son traitement hormonal substitutif qui avait été interrompu. Enfin, elle s’est mise à l’exercice physique dynamique pendant au moins trente minutes, quatre à six jours par semaine.

Un exemple à personnaliser

Cet exemple est assez symptomatique de l’application du protocole dans les différents cas, avec des spécificités en plus pour chacun. Le Dr Aranda, qui applique le protocole ReCode depuis quelques années à des dizaines de patients, affirme que cela améliore les symptômes d’Alzheimer et leur fait retrouver un état bien meilleur.

« J’ai l’exemple d’un confrère médecin psychiatre atteint d’une maladie d’Alzheimer. Ce patient est traité par un régime de type cétogène et des compléments alimentaires. Trois mois après sa première visite, les tests ont montré qu’il avait rattrapé de deux niveaux ses scores de mémoire. Il est transformé et travaille encore. Le protocole redonne au cerveau les fonctionnements optimaux. Je ne sais pas si ce protocole “guérit” de la maladie d’Alzheimer, car qu’est-ce que guérir quand on a 85-90 ans ? En tout cas, si l’on ne retrouve pas le cerveau de ses 20 ans, on va mieux, c’est sûr. En revanche, les gens présentant des plaintes mnésiques ou les premiers symptômes de la maladie à 40-50 ans sont rattrapés très vite. »

Des médecins se forment… aux États-Unis

Le Dr Bredesen, dans les conclusions de ses publications, n’y va pas par quatre chemins. Les résultats des patients rapportés suggèrent tous que la perte de mémoire, une déficience cognitive subjective, une déficience cognitive légère et au moins la phase précoce de la maladie d’Alzheimer peuvent être inversées grâce au protocole.

Si sa méthode est nouvelle et que des publications de plus grande ampleur manquent pour convaincre définitivement ses confrères neurologues ou gériatres du monde entier, le Dr Bredesen et ses collègues forment des confrères médecins volontaires aux États-Unis. Il a déjà formé 450 médecins et continue de diffuser ses résultats. En France, reste à espérer pour les patients que des neurologues se pencheront sérieusement sur les travaux de ce précurseur. Pour le moment, à notre connaissance, il n’y a qu’un neurologue qui utilise le protocole, le Dr Aranda, et il est en passe de prendre sa retraite.

 

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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