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Alzheimer : se curer le nez, un geste à risque ?

  • "Se curer le nez peut endommager l'intérieur de notre nez"
Article paru dans le journal nº 106

Se curer le nez régulièrement, un geste considéré demain comme « à risque » ? Une récente étude animale met en avant la piste des infections bactériennes nasales dans la pathogenèse d’Alzheimer et s’interroge sur les risques associés à la fragilisation des muqueuses du nez par des gestes courants comme se mettre les doigts dans le nez ou s’épiler les narines.

Les fonctions olfactives sont, depuis quelques années, au cœur de la recherche pour accompagner la maladie d’Alzheimer. L’olfactothérapie, qui consiste à stimuler les souvenirs et les émotions grâce à différentes odeurs, est aujourd’hui proposée à de nombreux patients sujets au déclin cognitif. Cependant, il n'y a malheureusement pas que les particules odorantes qui peuvent se faufiler dans notre nez et potentiellement atteindre notre matière grise. Nous savions déjà que des virus, tels que le Covid-19, ou des bactéries comme Neisseria meningitidis, responsable de la méningite, trouvaient dans le nez une voie royale pour atteindre notre cerveau par l’inhalation de microgouttelettes de salive infectées. Aujourd'hui, des chercheurs australiens pointent du doigt, dans une nouvelle étude, l’infection du nerf olfactif par la bactérie Chlamydia pneumoniae comme un facteur possible de développement de la maladie d’Alzheimer.

De l’infection nasale à Alzheimer, il n’y a qu’un doigt

Si Chlamydia pneumoniae affecte traditionnellement les voies respiratoires, elle peut également s’en prendre à notre système nerveux central (SNC) et se frayer un chemin jusqu’au cerveau, comme la plupart des bactéries responsables de méningites. Or, récemment, certaines études se sont penchées sur le lien potentiel entre l'infection du SNC par cette bactérie et la démence. C’est en ce sens que l’équipe australienne a mené des analyses in vitro et in vivo sur des souris afin de comprendre le cheminement d’un tel processus. Leurs résultats ont ainsi montré que Chlamydia pneumoniae pouvait utiliser le nerf olfactif (s'étendant entre la cavité nasale et le cerveau) pour envahir le système nerveux central. Les cellules du cerveau réagissent alors en stockant de la bêta-amyloïde, une protéine caractéristique de la maladie d'Alzheimer.

Ainsi, cette découverte pourrait représenter une avancée dans la compréhension de la pathogenèse d’Alzheimer. « Nous sommes les premiers à montrer que Chlamydia pneumoniae peut passer directement par le nez et pénétrer dans le cerveau où elle peut déclencher des pathologies qui ressemblent à la maladie d'Alzheimer. Nous avons vu cela se produire dans un modèle de souris, et les preuves sont potentiellement effrayantes pour les humains également. Nous devons réaliser cette étude chez l'homme et confirmer si la même voie fonctionne de la même manière », met en garde le professeur St John, auteur principal de l’étude.

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De plus, les chercheurs précisent dans leur conclusion qu’une lésion de l'épithélium nasal (microégratignure ou déchirure) peut entraîner une augmentation des risques d’infection des nerfs nasaux. Le professeur St John rappelle ainsi : « Se curer le nez et s’arracher les poils peut endommager l'intérieur de notre nez. Si vous endommagez la muqueuse du nez, vous pouvez augmenter le nombre de bactéries qui peuvent monter dans votre cerveau. » Alors, dans le doute, gardez vos mains dans vos poches.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé