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L'olfactothérapie pour accompagner la maladie d’Alzheimer

  • L’HE de romarin aide à contrer les troubles de la mémoire. L’HE de romarin aide à contrer les troubles de la mémoire.
Article paru dans le journal nº 84

« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu ». Une madeleine et voilà que Marcel Proust déroule les souvenirs de ses dimanches à Combray. Si goût et odeur sont des déclencheurs de souvenirs à nul autre pareils, il n’en fallait pas plus pour que l’aromathérapie présente un intérêt dans le cas de la maladie d’Alzheimer.

Sur le site de l’Académie des sciences, on peut lire que le mécanisme de l’olfaction est activé par des molécules odorantes via « une cascade d’événements impliquant le plus fréquemment une adénylate cyclase, l’ouverture de canaux ioniques induisant la dépolarisation du neurone olfactif, puis un potentiel d’action qui aboutit à l’influx nerveux ». Pour le prix Nobel de littérature on repassera.

La ­singularité de l’olfaction se démarque par sa ­précocité. Non seulement, le système ­olfactif est « géographiquement » le plus proche du cerveau, mais il est aussi le ­premier à se former, lors de ­l’embryogenèse. Il se ­développe avant le thalamus et se loge dans les structures les plus archaïques du cerveau, à sa base même. Il est à l’endroit où se situent les centres de la mémoire, des émotions, avec le système limbique, qui comprend notamment l’amygdale et l’hippocampe. L’olfaction possède un accès privilégié au cerveau. En outre, ces quelques particularités éclairent sur le ­puissant caractère émotionnel des odeurs et du potentiel mémoriel. Sentir une odeur est avant tout affectif.

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« L’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer sur les ruines de tout le reste, à porter sans fléchir l’édifice ­immense du souvenir », écrivait Proust. Alors, pourquoi ne pas l’utiliser dans le cadre de la maladie d’Alzheimer ? L’intérêt d’un travail via l’olfaction tient donc au fait qu’elle n’échappe pas au filtre du ­néocortex. Les réactions provoquées par les actifs ­volatils et « odoriférants » provoquent des réactions indépendantes de la volonté.

Activer la mémoire

La maladie d’Alzheimer étant, à ce jour, incurable, on peut considérer les interventions non médicamenteuses comme essentielles. Sachant que le système central de l’olfaction mobilise des zones endommagées chez les patients ­atteints de la maladie, la stimulation olfactive peut constituer un réel support de résilience. L’olfactothérapie consisterait ici à agir au niveau de la stimulation sensorielle pour créer un état de bien-être, développer une mémoire olfactive acquise, créer ou recréer des repères temporaux spatiaux, des ancrages olfactifs ou encore favoriser une recherche identitaire en recourant à plusieurs odeurs de référence.

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pour se reconnecter

Les huiles essentielles étaient déjà utilisées en ­diffusions relaxantes ou assainissantes dans certains hôpitaux et Ehpad. Elles endossent dorénavant un rôle plus thérapeutique : pour traiter l’anxiété, ­l’angoisse, l’agitation fréquente chez les malades d’Alzheimer, les centres ­hospitaliers ont recours aux huiles essentielles (HE) de lavande, d’orange douce et de camomille noble.

Parmi les nombreuses anomalies des neuromédiateurs dans la maladie ­d’Alzheimer, des leviers d’action existent sur l’acetylcholine en carence et la glutamine en excès. Par diffusion atmosphérique, l’HE de romarin à 1,8-cinéole améliore sensiblement la qualité de vie des personnes souffrant de troubles de la mémoire, notamment en les aidant à se souvenir des tâches quotidiennes. Les HE de gingembre, de cyprès toujours vert et de citron présentent, quant à elles, des vertus stimulantes. Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, il est conseillé de stimuler les patients le matin et de les apaiser le soir.

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À titre d’exemple, pour maintenir la vigilance intellectuelle le matin et stimuler la mémoire, il peut être recommandé de diffuser, via un brumisateur, un mélange composé de 20 % d’HE de romarin à cinéole, 10 % d’HE de marjolaine des jardins, 20 % d’HE de lavande fine, 20 % d’HE d’épinette noire, et 20 % d’essence de citron (zeste). Pour le soir, il existe des synergies calmantes à base notamment d’HE de camomille noble et de verveine citronnée, ou de lavandin, de saro, d’ylang-ylang ou enfin de lavandin et de santal. Il ne s’agit ici que de quelques exemples de nombreux protocoles en plein essor permettant de prendre en charge insomnies sévères, agitation de fin de vie, hyperexcitabilité que l’olfactothérapie semble pouvoir apaiser.

Des huiles essentielles à éviter

Aux précautions d’usage pour les huiles essentielles, on peut ajouter celles qui concernent plus spécifiquement les maladies neurologiques de type Parkinson, Alzheimer ou encore l’épilepsie. Par prudence, on évitera les huiles essentielles trop riches en cétones (camphre, carvone, pipéritone). En effet, si elles sont stimulantes à faible dose, elles peuvent être neurotoxiques et stupéfiantes à forte dose. En olfaction comme en diffusion atmosphérique, on en évitera certaines comme hysope officinale, romarin à camphre, menthe pouliot, hélichryse, lavande aspic et cèdre de l’Atlas.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé