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Sous la ceinture : difficile d'en parler...

  • La sexualité : sujet tabou à aborderLa sexualité : sujet tabou à aborder
Article paru dans le journal nº 105

Mycoses, gaz, hémorroïdes… La simple évocation de ces mots génère un malaise chez la plupart d’entre nous. Au point parfois de retarder la consultation d’un médecin et donc une possible guérison. Afin que plus jamais la honte ne nuise à votre santé, nous vous proposons de briser ces tabous et d’apprendre à détecter les signes qui doivent vraiment vous alerter.

Tabou numéro un du côté des patients comme des médecins, les pathologies liées à la sexualité sont compliquées à aborder en consultation. Des troubles érectiles, en passant par les jeux sexuels dangereux ou les odeurs gênantes, tour d’horizon des symptômes qui doivent vous pousser à consulter.

Une dysfonction érectile peut en cacher une autre

Dans une étude menée en 2019 par questionnaire sur 450 patients, 31 % ont répondu être " peu à l’aise " pour discuter de sexualité avec leur médecin, au point que 68 % d’entre eux n’ont pas osé exprimer une demande, une crainte ou un doute lors de leur dernière consultation. Pourtant, comme l’explique l’auteure de l’étude, la médecin généraliste Pénélope Hesschentier, " certaines affections sexuelles peuvent avoir des répercussions et/ou exposer le patient à des risques accrus pour sa santé ". C’est, par exemple, le cas pour les hommes de 45 à 55 ans dont une dysfonction érectile peut être le signe d’un problème sous-jacent plus important.

En effet, chez la moitié de ces patients, ce symptôme s’accompagne d’un risque élevé de faire un infarctus dans les quatre à douze années qui suivent1. Ne pas l’évoquer avec son médecin, c’est prendre le risque de passer à côté d’une maladie cardio-vasculaire latente. Pour la Dre Hesschentier, il est donc " primordial " d’oser aborder le sujet et de faire tomber les tabous. Malheureusement, les soignants eux-mêmes peinent parfois à le faire.

Un embarras des deux côtés

Par " peur d’être intrusifs ", les médecins eux-mêmes n’osent parfois pas aborder le sujet de la sexualité avec leurs patients. En effet, si 77 % d’entre eux se disent à l’aise pour aborder la sexualité, des études montrent que jusqu’à 56 % des généralistes considèrent que c’est au patient d’aborder le sujet.

Du côté des patients pourtant, une étude suisse montre que jusqu’à 76 % d’entre eux souhaitent plutôt que ce soit leur médecin qui aborde le sujet de la sexualité en leur posant des questions qui permettent ensuite d’engager un dialogue. En attendant que les médecins soient davantage formés à ce sujet, mieux vaut donc, en cas de doute, surmonter votre honte et vous lancer.

Jeux sexuels : ne jouez pas… avec votre santé

Récemment, un Américain de 30 ans a dû subir une intervention chirurgicale pour retirer six haricots rouges « auto-insérés » dans son urètre « pour le plaisir sexuel », qui étaient remontés dans sa vessie et y avaient gonflé. Plus courante qu’on ne le croit, ce type de pratique peut pourtant être expérimenté en toute sécurité grâce à des sex-toys appelés « tiges » ou « dilatateurs d’urètre ».

Chaque année, les urgences reçoivent aussi des patients ayant inséré puis « perdu » un corps étranger (légume, vibromasseur, etc.) dans leur anus et qui, par honte, ont tardé à consulter. Or, en remontant par le canal anal, ces objets peuvent entraîner une perforation du péritoine qui est une urgence chirurgicale. Ainsi, lorsque vous cherchez à vous donner du plaisir, n’oubliez pas de le faire avec des jouets adaptés.

Odeurs gênantes : quand s’inquiéter ?

Hommes comme femmes peuvent voir apparaître sur leurs organes génitaux des sortes de dépôts blancs de consistance pâteuse qui dégagent une forte odeur de fromage. Il s’agit du smegma, une accumulation de peaux mortes qui, mélangées aux sécrétions des glandes sébacées, dégagent cette odeur caractéristique si le nettoyage n’est pas quotidien. Sa présence est normale, et varie en quantité selon les individus (elle sera notamment moins présente suite à une circoncision), mais si elle s’accompagne soudainement de rougeurs et/ou de douleurs, alors il est temps d’aller consulter. Ce peut être, par exemple chez l’homme, le signe d’une balanite, une infection liée à la présence de smegma abondant souvent dû à un manque d’hygiène.

 

Le vagin, lui, peut parfois exhaler une forte odeur de poisson pourri. Cette émanation, caractéristique d’une vaginose, signale une flore déséquilibrée à la suite d'un bouleversement hormonal comme une grossesse ou la ménopause, la prise d’un antibiotique, une infection sexuellement transmissible ou encore une hygiène intime agressive ou insuffisante. Si cette odeur désagréable persiste au-delà de plusieurs jours et, surtout, s’accompagne de pertes vaginales et de démangeaisons, alors il vous faut consulter. Si vous êtes enceinte, consultez immédiatement car cette infection peut remonter jusqu’au fœtus et augmente les risques d’accouchement prématuré. La vaginose se traite assez simplement par la prise de probiotiques vaginaux sous forme d’ovules à insérer dans le vagin.

Des vers dans l’anus et le vagin

Si vous apercevez, horrifié, de petits vers blancs et ronds mesurant de 3 à 10 millimètres s’agitant à la surface de votre vulve ou de votre anus, ne paniquez pas. Il s’agit de parasites intestinaux appelés oxyures, qui ne causent pas de problèmes graves de santé. Touchant de préférence les enfants, mais aussi les adultes, ces vers franchissent l’anus pour pondre leurs œufs, ce qui génère des démangeaisons. Très fréquente, cette parasitose se soigne très bien grâce à des médicaments et quelques conseils d’hygiène.

Lire aussi Les parasites intestinaux : ennemis ou alliés ?

Lire aussi Hémorroïdes, quelle action globale ?

Références bibliographiques

1 - Steel at al., « The Risk of Coronary Heart Disease in Men with Erectile Dysfunction », European Urology, 2003.

Pénélope Hesschentier, « Les demandes non exprimées des patients en consultation de médecine générale: prévalence et facteurs prédictifs ». Sciences du Vivant, 2019.

Faragou Voisin C, Vidal M. Sexualité en médecine générale: enquête auprès de 191 médecins généralistes en Midi-Pyrénées : déterminants de l’anamnèse sexuelle. Université Paul Sabatier (Toulouse); 2008.

« Talking about sexuality with the physician: are patients receiving what they wish? », Swiss Med Wkly, 2011.

« Beans in the wrong stalk: A case of urethral foreign bodies », Urology Case Reports, novembre 2021.

Magnin, Vet al., « Traumatismes et consultations liés aux pratiques sexuelles », Revue Médicale Suisse, 2019.

Bunzel L, et al., « Non-Natural Death Associated with Sexual Activity: Results of a 25-Year Medicolegal Postmortem Study. », J Sex Med., 2019.

Lange L et al0., « Love Death-A Retrospective and Prospective Follow-Up Mortality Study Over 45 Years », J Sex Med., 2017.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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