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La peau, interface sociale

  • La peau, interface avec les autresLa peau, interface avec les autres
Article paru dans le journal nº 105

Mycoses, gaz, hémorroïdes… La simple évocation de ces mots génère un malaise chez la plupart d’entre nous. Au point parfois de retarder la consultation d’un médecin et donc une possible guérison. Afin que plus jamais la honte ne nuise à votre santé, nous vous proposons de briser ces tabous et d’apprendre à détecter les signes qui doivent vraiment vous alerter.

Mycoses, psoriasis, eczéma… Les maladies de peau peuvent générer une forte gêne qui affecte parfois la vie sociale. La dermatologue Magali Bourrel Bouttaz, spécialiste de l’eczéma, nous explique à quel point la honte qu’engendrent les maladies de peau doit être mieux prise en compte.

Des maladies qui ne génèrent aucune empathie

Selon cette dermatologue qui cumule trente-six années d’expérience en cabinet, les trois pathologies qui génèrent le plus de honte en dermatologie chez les patients sont l’eczéma, le psoriasis et l’acné. Comme le détaille l’auteure d’Eczéma : honte et culpabilité (éd. Mélibée), « une peau abîmée renvoie à la pourriture, la vieillesse et la mort et ne déclenche jamais d’empathie. Elle génère des réactions instinctives de peur, comme si l’autre était contagieux et allait nous “envahir ». Les pathologies dermatologiques ont ceci de particulier qu’elles renvoient du patient l’image de « quelqu’un d’impuissant, qui se néglige », et donc elles ne sont pas considérées comme des maladies. Accablés par tant de gêne sociale, physique et psychologique, les patients ressentent de la honte et des sentiments « destructeurs » telle la culpabilité qui, par effet boule de neige, peuvent entraîner d’autres pathologies plus graves.

Notre peau nous parle de nos limites

Selon Joël Pacoret, psychologue spécialiste des problèmes de peau, les patients atteints de lésions cutanées se trouvent souvent dans des situations importantes d’« envahissement » et ont « besoin de travailler sur la question des limites ». À l’image des patients dont l’eczéma s’exacerbe et devient très rouge et visible dès qu’ils « s’effacent » ou se sentent « envahis ». Selon lui, ces pathologies, qui génèrent souvent de la honte, peuvent s’apaiser quand le patient travaille à se protéger d’une trop grande intrusion des stimuli externes.

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Un sentiment d’impuissance qui peut mener à la dépression

La Dre Bourrel Bouttaz conseille chez les plus jeunes une consultation rapide car les maladies de peau peuvent entraîner des « troubles du comportement » et générer, dès la puberté, une véritable honte. Celle-ci se transforme ensuite chez l’adulte en « plaie profonde » aggravée par « l’intime conviction d’être en faute ». Or, la dermatologue rappelle que la honte est « l’un des sentiments les plus destructeurs qui existe », qui peut mener, aux étapes suivantes, « à la dépression ou au suicide ». Profondément injuste, la maladie de peau est une « blessure profonde de l’être ».

Ainsi, d’après cette spécialiste, les patients qui retardent la consultation par honte ne perdent pas en chances de guérison mais surtout en qualité de vie et accumulent inutilement les souffrances. Nombre d’entre eux disent, concernant leur eczéma ou leur psoriasis : « Ça ne sert à rien de le traiter car ça revient tout le temps », ou encore « si je ne guéris pas, c’est parce que je n’ai pas trouvé la cause de la maladie », voire « ma maladie est psychologique, c’est donc moi qui la crée ».

Or, comme elle l’explique, il est « dommage » d’avoir de telles réflexions car, quand un patient qui subit son eczéma depuis trente ans comprend que « cela aurait pu se passer autrement », qu’un médecin aurait pu lui expliquer le fonctionnement de sa peau et lui apprendre à gérer, en autonomie, ses soins à la maison, « il est souvent très en colère ».

L’éducation thérapeutique au secours des patients

Des travaux indiquent que 80 % des patients qui achètent en pharmacie une crème pour leur eczéma n’attendent « plus rien » d’une consultation, alors qu’ils sont 91 % à continuer de souffrir de leur maladie. Pour la Dre Bourrel Bouttaz, le problème « vient donc des soignants » qui ne sont « pas capables de répondre à leurs questions et à leur attente ». Pour améliorer la situation, elle promeut l’éducation thérapeutique – « le meilleur remède à l’eczéma » – qui est l’art d’aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences pour gérer au mieux leur maladie chronique.

Halte au décapage maison

Souvent associés à tort à un manque d’hygiène, les troubles dermatologiques peuvent parfois engendrer une envie de se « décaper » la peau. Malheureusement, si cela permet parfois une amélioration temporaire dans le cadre de certaines pathologies comme l’acné, c’est en général une bien mauvaise idée pour d'autres pathologies tels l’eczéma ou le psoriasis. Concernant l’eczéma, dont elle est spécialiste, la Dre Bourrel Bouttaz recommande effectivement de fuir toute pratique de type gommage, qui décape la peau, de ne jamais utiliser de savon, même bio, surgras, d’Alep ou de Marseille, de bien s’hydrater la peau, et non : pas avec des huiles végétales qui nourrissent certes mais n’hydratent pas à proprement parler.

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Références bibliographiques

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


Tags sur la même thématique honte maladies honteuses tabou santé

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