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Mémoire prospective : se tourner vers l'avenir
Vous avez l’impression que votre mémoire vous joue parfois des tours ? Rien de surprenant lorsque l’on connaît sa tendance à se fragiliser avec l’avancée en âge, mais surtout sa mécanique complexe. Pour la soutenir, familiarisez-vous avec le fonctionnement des différents types de mémoire, les besoins de votre cerveau et découvrez de nombreuses astuces pour mieux mémoriser. -Partie 5
Sans la mémoire, il n’y aurait pas de création ni d’idées neuves possibles. Les Grecs disaient d’ailleurs dans leur mythologie que Mnémosyne, la déesse de la mémoire, fille de la Terre (Gaïa) et du Ciel (Ouranos), était la mère des neuf Muses, qui règnent sur la danse, la comédie, la tragédie, la musique, le chant, l’histoire, la rhétorique, sans oublier la poésie et l’astronomie. Comme s’ils disaient déjà que tout ce qui fait la pensée humaine ne pouvait pas exister sans mémoire…
Mais sans elle, il n’y aurait pas non plus de futur possible. Car c’est aussi la mémoire qui intervient lorsque nous devons planifier des actions ou des situations. C’est ce que les spécialistes nomment « mémoire prospective » ou encore « pensée future épisodique ».
Un nœud au mouchoir ?
La vieille technique du nœud au mouchoir est sans grand intérêt : elle peut même être contre-productive. D’abord, il faut remarquer qu’il y a un nœud au mouchoir. Ensuite, il faut… se souvenir de pourquoi donc a-t-on fait un nœud à son mouchoir !
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La mémoire prospective
Dans les années 1980, Endel Tulving, un psychologue canadien, avait un patient devenu amnésique à la suite d’un traumatisme crânien : il ne se souvenait plus de son passé et disait ressentir un grand vide mental à son évocation. Il ressentait le même vide lorsqu’on lui demandait d’imaginer ce qu’il pourrait faire le lendemain. Endel Tulving a alors aussi attribué à la mémoire épisodique la fonction de nous projeter dans le futur : l’imagerie cérébrale a d’ailleurs montré que les mêmes zones du cerveau s’activaient lorsque l’on cherche à se souvenir d’événements passés ou que l’on s’applique à imaginer des situations futures.
Notre mémoire épisodique nous permet de nous rappeler d’une action à réaliser dans le futur, ce qui serait d’ailleurs un peu plus difficile que de récupérer des souvenirs du passé. Elle est donc également une mémoire prospective, qui fonctionne en effet sans instruction de rappel puisque l’événement est « à venir ». Et il s’agit donc moins de récupérer le contenu de l’action (ce qui est impossible, l’action n’étant pas accomplie) que de mettre en œuvre l’intention de la réaliser au bon moment. Autrement dit, il faut surtout se souvenir de se souvenir !
Avec l’âge, la mémoire prospective devient plus fragile que d’autres formes de mémoire. « À partir de 30 ans, l’agenda devient vraiment indispensable », rappelle le Pr Bernard Croisile, neurologue, dans son livre Tout sur la mémoire (Éd. Odile Jacob). Et ce d’autant plus que l’on doit gérer en même temps plusieurs emplois du temps (travail, famille, loisirs…)
Comment aider sa mémoire prospective ?
Pourquoi chercher à tout retenir à tout prix quand pense-bêtes et agendas sont là pour nous aider ? C’est même déjà en soi un moyen de mémoriser ce que nous avons à faire que de commencer par l’écrire : cela force notre attention et en même temps nous sécurise, puisque, sachant qu’on l’a noté, on ne risque pas de l’oublier – à moins d’oublier où on l’a noté ou de consulter son agenda.
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Notre mémoire : de plus en plus paresseuse ?
Aujourd’hui, nous déléguons une grande partie de notre mémoire. Smartphones, tablettes, ordinateurs… nous n’avons plus besoin de rien apprendre. Une question ? On recherche sur le Net (Google, Wikipédia…). Un itinéraire à trouver pour se rendre quelque part ? Pas de problème : le GPS de la voiture ou du téléphone a remplacé nos cartes routières, et même les panneaux de signalisation.
Mais de nombreuses études montrent que cette hyperconnexion altère aussi notre mémoire, la rendant de plus en plus paresseuse. En 2009, une étude à l’université de Stanford montrait déjà que les étudiants très connectés avaient des difficultés à se concentrer, à passer d’une tâche à une autre, et qu’ils avaient beaucoup de mal à se souvenir de ce qu’ils venaient de lire… Moralité, au risque d’être perçu comme un Amish, ressortez les dictionnaires, les cartes routières, les livres. Votre mémoire vous dira merci.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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