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Comment fonctionne la mémoire ?
Vous avez l’impression que votre mémoire vous joue parfois des tours ? Rien de surprenant lorsque l’on connaît sa tendance à se fragiliser avec l’avancée en âge, mais surtout sa mécanique complexe. Pour la soutenir, familiarisez-vous avec le fonctionnement des différents types de mémoire, les besoins de votre cerveau et découvrez de nombreuses astuces pour mieux mémoriser. -Partie 2
" Je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi ", écrit Marcel Proust dans Du côté de chez Swan… sans avoir conscience que c’était son hippocampe qui était en train de s’activer. L’hippocampe (ou plutôt les hippocampes, car il y en a un dans chaque hémisphère) ? C’est une structure située au centre de notre cerveau, qui tire son nom de sa forme, évocatrice de l’animal marin.
Il aura fallu attendre 1953 et une grosse erreur médicale pour qu’on identifie son importance dans la formation des souvenirs. C’est en effet à cette date qu’à la suite de l’ablation d’une partie de son cerveau pour traiter ses crises d’épilepsie que Henry Molaison – connu de son vivant sous le pseudonyme de H. M. – se vit malencontreusement privé d’hippocampe. Il devint amnésique et, jusqu’à sa mort en 2008, était même incapable de former de nouveaux souvenirs.
Trois structures
L’imagerie cérébrale permet aujourd’hui d’avoir une idée plus précise des connexions en jeu dans le cerveau qui mémorise. L’hippocampe encode les informations pour permettre leur stockage et leur rappel. Tout près, le cortex entorhinal centralise nos perceptions sensorielles et spatiotemporelles. Enfin l’amygdale, située sous l’hippocampe, associe aux informations traitées des émotions. Ce sont d’ailleurs ces trois structures qui sont les plus atteintes par les plaques amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer…
Soigner le stress et la déprime
Le stress entraîne une surproduction d’adrénaline qui conduit à une suractivation de l’amygdale. Dans le syndrome de stress post-traumatique, la décharge d’adrénaline est même si forte que la mise en mémoire de l’événement est bloquée : la scène, qui n’en finit pas d’être traitée par l’amygdale, « hante » la personne au présent, revenant sans cesse sous forme d’images, de bruits, d’odeurs, avec les émotions et manifestations physiques qui l’accompagnent. Le cerveau se modifie : l’amygdale est hypertrophiée, l’hippocampe atrophié. Des recherches sont toujours en cours pour trouver comment aider ce dernier à « encoder » la scène afin de l’inscrire dans la mémoire. Les patients dépressifs ont aussi un hippocampe plus petit, ce qui explique leurs fréquents troubles de la mémoire.
Cinq mémoires
Notre mémoire, loin de se limiter à la simple acquisition de souvenirs, est composée de cinq mémoires :
- une mémoire sensorielle ou perceptive qui ne dure que le temps de nous permettre de suivre une conversation qui se déroule ou de nous situer dans l’environnement ;
- une mémoire " de travail " qui intervient dès que nous réfléchissons. Également à court terme, elle permet, par exemple, de retenir un numéro de téléphone le temps de trouver un stylo pour le noter. À ce moment, n’hésitez d'ailleurs pas à commenter ce que vous êtes en train de faire à voix haute. Cela permet de mobiliser toute votre attention, et donc vous donne toutes les chances de mieux vous souvenir.
- une mémoire épisodique, à long terme. Autobiographique, elle conserve les souvenirs de notre vie ;
- une mémoire sémantique, elle aussi à long terme, qui archive toutes les connaissances que nous avons acquises ;
- une mémoire procédurale, la plus tenace de toutes. C’est elle qui contient les " savoir-faire " que nous avons intégrés (vélo, marche, etc.) et qui ne s’oublient pas.
Attention + répétition = mémorisation
Pour pouvoir s’inscrire dans la mémoire à long terme, l’information perçue doit avoir été " encodée " par l’hippocampe. Et pour cela, il faut y avoir été attentif, autrement dit, conscient… et ce n’est pas si simple : " Nous pensons quasiment tous être en mode conscient la plupart du temps. Or, actuellement, on estime à seulement 5 % la part de l’activité de notre cerveau qui serait consciente ", rappelle Éric Gaspar, professeur de mathématiques et auteur d’Incroyable cerveau ! (Éd. Robert Laffont). " Nous ignorons 95 % de nos pensées parce que notre cerveau ne nous en informe tout simplement pas : la pensée consciente reste l’exception ", avance-t-il. Ce n’est pourtant que celle-là qui restera en mémoire. Et encore, il faudra pour cela – c’est la deuxième étape –, qu’elle ait été remémorée suffisamment de fois pour pouvoir être consolidée durablement. Au risque, sinon, de bien vite tomber dans les limbes de l’oubli.
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Associer, c’est gagné !
- Pour retenir le numéro d’une rue ou un digicode, vous pouvez l’associer au numéro d’un département (14 comme Calvados), à une date qui vous a marquée (1515, Marignan), à une image (7 comme les 7 nains).
- Pour un mot ou un nom propre, utilisez les jeux de mots : « Madame Durand peut en sortir », « Monsieur Martin n’est pas qu’un âne », etc.
- Pour les listes plus complexes, vous pouvez inventer des histoires : plus vous créerez de « ponts » surprenants et des associations étonnantes, en mobilisant votre imagination, mieux vous vous en rappellerez.
- Si vous avez du mal à vous souvenir de certains gestes automatiques (fermer la porte, par exemple), essayez quand vous les faites d’y associer un autre geste, de préférence incongru (vous gratter l’oreille, serrer un stylo, etc.). C’est ce dernier geste qui vous remontera en mémoire quand vous vous demanderez si vous avez fermé votre porte à clé.
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