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Les moteurs du nocebo
L’être humain, comme tout être vivant, est soumis en permanence à une multitude d’impressions qui stimulent ses systèmes de régulation interne en vue de déterminer la meilleure attitude à adopter face à la situation nouvelle qui vient d’émerger. Les effets placebo et nocebo sont des produits de cette régulation interne, deux êtres aussi proches qu’un frère et une sœur qui s’aiment, peuvent réagir, l’un de façon placebo, l’autre de façon nocebo. Voyons ici ce qui va déterminer, chez l'individu, la probabilité d'un effet nocebo.
Quatre types de sensations
Les impressions génèrent des sensations qui sont répertoriées en quatre catégories. Selon le type de situation, ces sensations s’expriment en termes différents. Ainsi, lorsqu’on est subitement face à :
- un autre être humain ou à un animal : on le considère comme ami, ennemi ou indifférent ;
- un événement : on le ressent comme agréable, désagréable ou neutre ;
- un aliment : on pense de lui qu’il est bon, mauvais ou insipide ;
- une information : on la jugera vraie, fausse ou hors sujet.
Cette classification s’impose malgré soi, car elle est un produit de l’instinct de survie, inhérent à chaque être vivant. Elle détermine le comportement à adopter au plus vite : rester au repos ou tenter de sauver sa peau. La raison n’intervient donc que dans un second temps.
À l’âge civilisé qu’est le nôtre, un tel comportement réflexe peut étonner. L’être humain n’a-t-il pas maîtrisé une grande part de son environnement de sorte que les dangers auxquels son lointain ancêtre, le chasseur/cueilleur, était exposé en permanence, ne font plus partie de son cadre de vie ? Certes oui ! Mais en a-t-il fait de même au sein de sa propre communauté ? Non, de toute évidence…
Ainsi, même si la plupart du temps, toute nouvelle rencontre ne se décline plus sous la forme d’une question de vie ou de mort, l’instinct de survie reste-t-il toujours activé.
Une insécurité latente
Autre sujet d’étonnement, le fait qu’une impression induit des sensations différentes d’une personne à l’autre. D’où des stéréotypes d’émotions, des types de pensées et des modes de comportements également différents.
Les raisons en sont aujourd’hui bien connues. Ce n’est pas tant la nature du stimulus qui importe que la capacité de son destinataire à le « métaboliser », à le digérer. Si ce destinataire a le sentiment de maîtriser l’information ou tout du moins de la contenir, les effets délétères seront nuls ou moins sévères que s’il a le sentiment qu’il n’a aucun moyen de contrôle sur elle car ceci le met en complète insécurité.
Lorsque l’être humain fait ses premières expériences (essentiellement avant l’âge de sept ans), c’est son instinct de survie qui leur attribue une coloration (positive, négative ou neutre). En même temps qu’il engramme tout nouveau type de situation, il engramme également cette coloration qui servira de référence à sa mémoire pour les prochaines situations qui ressembleront de près ou de loin à cette situation initiale. Exemple : une enfant se souvenant que sa mère a reçu un bouquet d’œillets la veille de son décès, se sent mal chaque fois qu’elle voit des œillets, ou qu’on en parle.
Aussi indispensable que soit sa présence en début de vie, aussi précieuse que soit sa persistance à l’âge adulte, rien ne justifie plus que l’instinct de survie continue d’occuper la position dominante dans la gestion du quotidien dès que la capacité de discernement est acquise.
Des carences de discernement
La question qui désormais se pose est : pourquoi la capacité de discernement n’est-elle pas effective ?
La réponse qui s’impose est que le processus de croissance de l’être humain ne comporte pas dans sa programmation, un logiciel qui prévoit la « passation de pouvoir » progressive de l’instinct de survie à l’intellect. L’instinct continue d’agir sur l’intellect comme un régent qui garderait les rênes alors que son roi a atteint l’âge de maturité. Ce n’est donc que par une certaine éducation que ce passage est possible… Une éducation qui ne fait pas encore partie des programmes officiels. Les conséquences de cette immaturité constitutionnelle sont multiples, la liste ci-dessous n’est donc pas exhaustive.
Au niveau individuel
L’être humain reste influençable, manipulé par la nature des émotions et des pensées qu’il a engrammées de façon réflexe dans son subconscient.
Qu’un souvenir soit réactivé et, aussitôt, il réagit de façon stéréotypée. Qu’une autre mémoire soit réveillée et il adopte un nouveau comportement, aussi sclérosé que le précédent. Conséquences :
- Une difficulté pour résister au pouvoir contagieux de la rumeur. Les nouvelles se propagent vite, les mauvaises plus encore que les bonnes. Plus le nombre de personnes alertées croît, plus elles créent des phénomènes psychogéniques de masse.
- Exemples placebo : les phénomènes de liesse populaire lors de la libération de Paris en août 1944 comme après la victoire de l’équipe de France de football lors de la Coupe du monde de 1998.
- Exemple nocebo : les épidémies épisodiques de malaises, de symptômes dermatologiques, ORL ou oculaires, dans des collectivités scolaires, sans qu’aucune cause physique ne soit trouvée.
- Un faux sentiment de liberté car l’expression du souvenir en pensées, en paroles ou dans les actes de cette personne n’est que le réflexe des programmations de son subconscient. Ainsi, juge-t-il tout à l’aulne de ses préjugés.
L’être humain est donc incapable d’appréhender chaque événement qu’il vit de façon réaliste. Sa saisie est toujours teintée des projections fabriquées par son subconscient.
Au cours de toute relation
Lorsqu’un proche, ou une personne de son contexte, laisse remonter en lui un souvenir douloureux, l’être humain est incapable de faire la différence entre passé et présent. Il se comporte dès lors comme un avion dont le pilote aurait quitté son poste, laissant les commandes à un système automatisé défectueux.
Dans la relation soignant / soigné
Toute différence d’opinions entre les deux parties peut rapidement devenir cause d’incompréhension et de méfiance mutuelles dès qu’un des protagonistes a le sentiment que la justesse de ses ressentis est remise en cause, voire niée, par l’autre.
Prenons l’exemple du soignant dont les compétences sont contestées. Il est alors rarement capable de rester à l’écoute du soigné.
Prenons l’exemple du soigné dont les doléances envers un médicament sont minimisées parce que le médecin considère que ce traitement est indispensable et donc irremplaçable. Il peut préférer arrêter de se soigner de cette façon afin de retrouver une certaine qualité de vie, même si cette décision risque de raccourcir son espérance de vie de façon significative.
Il en est ainsi de l’arrêt des statines à la suite de douleurs musculaires handicapantes, malgré le surrisque d’accidents cardiovasculaire.
La médiatisation des conflits d’intérêts entre santé publique et industrie pharmaceutique est à l’origine de nombreuses généralisations et de l’installation d’une frange importante de la population dans un climat de défiance envers les pouvoirs publics qui ont failli à leur tâche, et par effet rebond, envers le corps médical, obligé de respecter les recommandations de ces mêmes instances.
Du cynisme de la « dure » réalité
Si le Dr Knock n’avait pas été animé par l’appât du gain, mais le désir de servir au mieux ses patients, il n’aurait pas dit : « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ! » mais : « Tout être vivant est un condamné à mort ! »
À coup sûr, sa destinée aurait été autre, probablement celle d’un martyre, pour avoir simplement dit la vérité.
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