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Les causes d’effet nocebo : le soignant
On peut diviser en deux groupes la liste (interminable) des causes de l’effet nocebo : les causes inhérentes à la fonction de soignant et celles induites dans le statut de soigné. Essayons de comprendre d'abord comment les traitements, mais aussi les messages du soignant, peuvent nuire aux patients.
Alors qu’Hippocrate mettait en garde contre toute pratique susceptible de générer le moindre effet nocebo, l’intérêt de la médecine moderne pour ce phénomène est récent. Ainsi, en date du 12 avril 2019, la plateforme PubMed du NCB n’offrait-elle que 642 références d’articles scientifiques pour l’effet nocebo contre 217 365 pour l’effet placebo. Malgré ces recherches trop peu nombreuses, celles existantes permettent de tirer d'importants enseignements sur nos manières de soigner.
On peut diviser en deux groupes la liste (interminable) des causes de l’effet nocebo : les causes inhérentes à la fonction de soignant et celles induites dans le statut de soigné. Allons regarder un peu du côté du soignant.
La part du soignant
Celle-ci inclut non seulement les effets indésirables des traitements prescrits, mais aussi tous les effets indésirables induits par les messages verbaux et non verbaux.
Les effets indésirables des traitements
Qu’ils soient d’origine naturelle ou synthétique, la grande majorité des traitements aujourd’hui disponibles expose à des effets indésirables plus ou moins variés, plus ou moins sévères. Il arrive même que les effets indésirables dépassent les bénéfices escomptés. Par exemple, l’immunothérapie orale pratiquée en cas d’allergie à l’arachide augmente la fréquence d’accidents anaphylactiques possiblement mortels alors qu’elle est censée en réduire le risque.
Conscientes de ce type de risques, les différentes autorités étatiques de santé ont mis en place des organismes de pharmacovigilance. Avec pour conséquence, la publication dans la notice qui accompagne tout médicament, de la liste de tous les effets secondaires enregistrés.
Dans cette catégorie, entrent également les traitements expérimentaux ne reposant sur aucune véritable base scientifique. Exemple : l’ablation à « titre préventif » des deux seins chez des femmes porteuses d’un certain gène.
Les effets indésirables des messages du soignant
Leur origine principale est l’absence de préparation du soignant lui-même à la gestion des émotions négatives générées par les situations qui lui échappent comme une maladie détectée à un stade irréversible, l’absence de traitements réellement ou suffisamment efficaces, ou la confrontation au spectre de sa propre fin.
Ne disposant pas d’outils pour évacuer son stress, le soignant n’a d’autre possibilité que de le refouler, refoulement dont les manifestations n’échappent pas à ses patients :
- une attitude distante, froide, susceptible d’induire chez le client le sentiment de ne pas être écouté, mais d’être considéré comme un dossier parmi tant d’autres ;
- une grande maladresse dans le langage. Combien de patients ne sont pas anéantis quand le médecin lui dit quelque chose comme : « C’est sérieux, il vous faudra vous battre ! » ;
- l’absence de précaution dans l’annonce du diagnostic, des traitements et de leurs éventuels effets indésirables ;
- la prescription d’examens complémentaires, pour « rassurer » le patient ! ;
- le manque de conviction du médecin dans les traitements qu’il prescrit : même s’il s’applique à les présenter de la meilleure façon, ses messages non verbaux (grimaces, gestes gênés) renseignent le patient sur son véritable sentiment.
Une seconde source d’effet nocebo est la mise en place de certains protocoles administratifs par les autorités de santé :
- l’obligation d’un « consentement éclairé » dès qu’il n’y a pas d’autre possibilité de traitement qu’une molécule ou une technique nouvelles, encore au stade expérimental : la présentation des bénéfices possibles comme des effets indésirables peut induire la croyance qu’il y a peu de chances de vaincre la maladie et qu’en cas de succès, le risque de séquelles est fort ;
- en cas de fin proche, il est demandé au patient d’exprimer sa volonté en cas d’arrêt cardiaque, réanimation ou arrêt des soins !
Une troisième cause est le comportement procédurier de l’entourage des patients. Ce qui peut conduire le médecin à :
- prescrire des examens voire des traitements qu’en d’autres temps il aurait considérés inutiles ;
- penser qu’il est préférable de dire toute la vérité, quelle que soit la personnalité du patient pour qui cette révélation brutale peut être responsable d’un état de choc psychologique.
De l’influence de l’information donnée
96 hommes, répartis en trois groupes, sont mis sous aténolol. Au 1er groupe, rien n’est dit. Au 2e groupe, le nom du médicament est indiqué, mais rien n’est dit des effets indésirables. Au 3e groupe, sont indiqués le nom du médicament et la possibilité de troubles de l’érection. Après trois mois de traitement, des troubles de l’érection sont signalés par 3,1 % des hommes du groupe 1, 15,6 % dans le groupe 2 et 31,2 % dans le groupe 3...à méditer !
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