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Faut-il avoir peur de l’hormonothérapie ?
La publication, il y a quelques années, d’une étude américaine portant sur le traitement hormonal substitutif, alors fréquemment utilisé au cours de la période qui entoure la ménopause, a suscité une profonde inquiétude. Ainsi, prendre des hormones pouvait être dangereux. Faisons le point sur les principaux traitements utilisés actuellement.
Les traitements substitutifs de la ménopause
La publication de cette étude portant sur le traitement hormonal substitutif (THM, ou THS selon l’ancienne appellation), n’a pas suffi pour que l’on adopte une position claire en France par rapport à ce type de traitement. Les débats continuent alors que de nouvelles études montrent les dangers de ce traitement. L’année dernière, une publication du Bulletin du cancer permettait de faire le lien entre la baisse de l’incidence du cancer du sein et la baisse de la prescription du THS.
Quelques mois plus tard, une nouvelle étude montrait que le risque accru de cancer du sein continuait même après l’arrêt du traitement et ce pour une période de cinq ans. Pour autant, d’après les recommandations officielles, le THM reste indiqué chez la femme ménopausée présentant des troubles fonctionnels liés à la ménopause tout en conseillant qu’une pause thérapeutique soit si possible proposée aux patientes.
Les défenseurs du traitement arguent du fait que la nature des œstroprogestatifs prescrits est différente de ceux proposés outre-Atlantique.
Ils ne sont pourtant pas dénués de dangers potentiels dont voici les principaux.
Les oestrogènes équins conjugués (OEC) sont composés entre 75 et 80 % d’œstrone, entre 5 et 19 % d’œstradiol et de trois autres œstrogènes typiquement équins dont l’équiline (entre 6 et 15 %). Cette composition est très différente de l’équilibre féminin qui comprend 90 % d’oestriol, 7 % d’oestradiol et 7 % d’oestrone.
Ces OEC entraînent des effets œstrogéniques bien plus puissants et plus prolongés que ceux générés par les oestrogènes humains. Ils font donc courir de toute évidence un risque iatrogène immédiat et, à plus ou moins long terme : maux de tête, nausées, crampes, lithiases, métrorragies, thrombose, cancers du sein et de l’endomètre.
Les oestrogènes de synthèse (éthinyloestradiol) ont des effets secondaires nombreux dont certains redoutables (cancers de l’endomètre).
Les progestatifs de synthèse ne sont pas plus recommandables : mastodynies, prise pondérale parfois importante, dépression, baisse de la libido… et peu d’efficacité contre l’ostéoporose par rapport à la progestérone naturelle.
Aujourd’hui, il est convenu de ne plus utiliser que de l’oestradiol par voie transcutanée et de la progestérone micronisée (traitement dit « THM à la française » ou « THM aux hormones bio-identiques »), et jamais au-delà de 65 ans.
De toute façon, la prise d’œstrogène peut non seulement accentuer l’impact de certains facteurs de risque cardiovasculaires préexistants (accidents vasculaires cérébraux, notamment), mais aussi initier un fond inflammatoire chronique.
Enfin, selon une récente étude, le THM chez les femmes de plus de 65 ans accélérerait la perte du tissu cérébral chez celles d’entre elles qui présentent un déficit des performances cognitives avant même l’installation du traitement. Il en résulte une aggravation des difficultés de réflexion, de planification et de mémorisation.
En tout cas, afin de réduire le risque de survenue d’un diabète ou de complications cardiovasculaires, il serait bon que tout THM, même aux hormones bio-identiques soit complété par la prise régulière de vitamine B6 (sous forme de pyridoxamine) et d’oméga 3 à longue chaîne (DHA, EPA).
L’hormonothérapie anticancéreuse
Ici, plutôt que de se substituer à une glande défaillante, l’hormonothérapie est utilisée au cours des cancers dont la prolifération est facilitée par les hormones, comme la majorité des cancers du sein, de la prostate, de l’endomètre et de la thyroïde. Et, à un bien moindre degré, ceux de l’ovaire et du rein.
Au début, on a utilisé les oestrogènes pour combattre les effets de la testostérone au cours du cancer de la prostate et les androgènes pour s’opposer aux effets des œstrogènes au cours du cancer du sein. Aujourd’hui, ces processus sont abandonnés, d’une part en raison de leurs effets indésirables souvent sévères (phlébites des membres inférieurs, voire embolies pulmonaires avec les œstrogènes à forte dose, hypertension artérielle et ses complications avec les androgènes), d’autre part du fait de la mise sur le marché de molécules de synthèse ayant des propriétés anti-œstrogéniques et anti-androgéniques.
Aujourd’hui, on a recours à d’autres molécules :
- Les anti-androgènes au cours du cancer de la prostate, soit progestatifs (acétate de cyprotérone : Androcur), soit non stéroïdiens (Anandron, Casodex, Eulexine).
- Les anti-oestrogènes (tamoxifène ou Nolvadex) et les anti-aromatases (anastrozole, ou Arimidex ; exemestane, ou Aromasine ; létrozole, ou Fémara) au cours du cancer du sein.
- Les agonistes de la LH-RH chargés de libérer l’hormone de la lutéine (goséréline, ou Zoladex ; buséréline et leuprolide, non commercialisés en France). Ils rendent rapidement les récepteurs de l’hypophyse insensibles à toute stimulation. Il s’ensuit une réduction significative des récepteurs à la FSH et à la LH (deux hormones produites par l’hypophyse) au niveau des organes sexuels, la sécrétion des hormones stéroïdiennes s’en trouve considérablement réduite.
Tous ces médicaments exposent à des effets indésirables qui, vu l’enjeu, sont le plus souvent acceptés. Par exemple, pour le tamoxifène : phlébite, embolie pulmonaire, cataracte, bouffées de chaleur, prurit vulvaire, alopécie…
Par ailleurs, au cours du cancer de la thyroïde, l’hormone thyroïdienne est également utilisée à la fois comme traitement substitutif afin d’éviter une hypothyroïdie suite à l’ablation d’une partie ou de la totalité de la glande et comme traitement freinateur pour prévenir la récidive du cancer de la thyroïde et le développement de métastases. Du fait de ces conséquences possibles, principalement cardiovasculaires et tout particulièrement chez les personnes âgées, les posologies ont dû être révisées à la baisse.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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